La Chine a annoncé l’arrestation d’un ressortissant étranger à la tête d’une société de conseil étrangère dont le nom n’a pas été révélé. Les autorités l’accusent d’espionner pour le compte du service de renseignement britannique MI6.
Le ministère de la sécurité d’État (MSS), la principale agence de renseignement chinoise, a affirmé dans un communiqué que la personne, identifiée uniquement sous le nom de Huang, collaborait avec le MI6 britannique alors qu’elle était à la tête d’une société de conseil. Le MSS n’a pas révélé le nom complet, le sexe ou la nationalité de Huang, ni son employeur.
Selon le MSS, Huang a commencé à coopérer avec le MI6 en 2015, participant à des activités de collecte de renseignements. Le MI6 aurait demandé à Huang de se rendre en Chine à plusieurs reprises pour recueillir des renseignements et identifier des actifs potentiels.
Le MSS a affirmé que le MI6 a fourni à Huang une formation et du matériel d’espionnage professionnel pour l’échange de renseignements et de communications.
Au cours de l’enquête du MSS, Huang a bénéficié de visites consulaires conformément à la législation chinoise. L’ambassade britannique à Pékin a transmis les demandes de renseignements au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni (FCDO), qui n’a pas encore répondu, selon les médias.
Cette évolution fait suite aux récentes mesures de répression prises par la Chine à l’encontre de sociétés de conseil internationales, notamment la perquisition de bureaux appartenant à la société de conseil Capvision, dont le siège est à New York, et la fermeture du bureau de Mintz Group à Pékin. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts plus larges déployés par Pékin pour renforcer la surveillance des informations jugées sensibles pour la sécurité nationale.
En réponse à ces nouvelles, Capvision, dont les sièges sont situés à Shanghai et à New York, a déclaré en octobre qu’elle avait passé avec succès une « inspection de sécurité nationale » supervisée par le gouvernement chinois et qu’elle avait mis en œuvre de nouvelles mesures de conformité.
Lors d’un autre incident survenu l’année dernière, les autorités chinoises se sont rendues au bureau de Shanghai du géant du conseil Bain & Company. Des membres du personnel auraient été interrogés sur les transactions de l’entreprise, sans qu’aucune arrestation n’ait eu lieu, mais la société de conseil n’a pas révélé d’autres détails.
L’espionnage en Chine, comme dans de nombreux autres pays du monde, n’est certainement pas pris à la légère par les autorités. En mai dernier, un citoyen américain et résident permanent de Hong Kong a été condamné à la prison à vie pour espionnage. Une peine aussi lourde est rare pour les citoyens étrangers vivant en Chine, bien que les cas d’espionnage ne soient pas si rares, en particulier depuis que le pays a adopté une nouvelle loi sur le contre-espionnage, beaucoup plus stricte, en avril de l’année dernière.
L’arrestation de Huang est le dernier incident en date d’un va-et-vient de plus en plus houleux entre les autorités chinoises et les entreprises étrangères, notamment américaines et européennes. Cette situation s’inscrit dans le contexte de l’escalade des tensions politiques entre Pékin et l’Occident. Si les États-Unis sont considérés comme le principal rival de la Chine, celle-ci considère également la plupart des pays européens comme antagonistes, indignes de confiance et hostiles à ses grandes ambitions économiques et politiques.
En ce qui concerne l’industrie du conseil, la Chine est de plus en plus méfiante à l’égard de la procédure de « due diligence ». En effet, les processus impliqués dans la due diligence nécessitent une grande recherche d’informations sur les entreprises, ce que la Chine ne considère pas comme une recherche inoffensive, mais plutôt comme de l’espionnage illégal. La plupart des entreprises chinoises appartiennent à l’État et les autorités peuvent donc considérer leurs informations comme secrètes.