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Les industriels européens craignent un déclin économique de l’UE

lundi 12 février 2024

En 1983, à l’initiative de Pehr Gyllenhammar, directeur général de Volvo, les dirigeants de dix-sept grandes sociétés transnationales européennes (Volvo, Philips, Fiat, Nestlé, Shell, Siemens, Thyssens, Lafarge, Saint Gobin et Renault) se réunissent à Paris pour fonder la Table ronde des industriels européens (ERT).

Actuellement le lobby ERT (les industriels européens), ne parvient pas à suivre la croissance des blocs Chine Russie et Etats Unis. La raison est la « soviètisation » de la commission européenne qui obéit, certes aux désirs de l’ERT, mais détruit toute possibilité de croissance par le capitalisme inclusif, qui enferme les entreprises dans le crédit social économique. Libérer une croissance avec des normes inclusives est impossible. L’ERT est responsable de la création de l’euro, l"ancien patron de Volvo a souhaité l’abolition des barrières non tarifaires, et définir ce qui ressemblerait au marché unique de 1992.

Maintenant l’ERT est piégé par sa propre créature, le marché commun européen doit supprimer ce qui a causé leur fortune, il faut aller plus loin en créant un nouvel Etat fédéraliste : La république fédérale européenne, où chaque pays va abandonner sa souveraineté, dernier monopole des Etats.

L’Union européenne a été distancée par les États-Unis et la Chine en termes de croissance économique et d’innovation, avertit la Table ronde de l’industrie européenne (ERT), appelant à une intégration plus poussée du marché unique de l’UE, à une union des marchés de capitaux et à de meilleures incitations à l’investissement en Europe.

L’ERT, anciennement connue sous le nom de Table ronde des industriels européens, est un groupe de soixante grandes entreprises industrielles qui a été l’un des moteurs du développement de l’idée de marché unique européen dans les années 1980.

« Notre objectif est de présenter une analyse de l’état de la compétitivité de l’industrie européenne », a expliqué à Euractiv Jean-François van Boxmeer, président de l’ERT et de Vodafone.

L’Europe se laisse dépasser

Et cette analyse est désastreuse. Le « document d’orientation » publié par l’ERT montre par exemple que l’UE dépense beaucoup moins que ses homologues mondiaux dans la recherche et le développement : seulement 2,27 % du PIB, contre 2,40 % en Chine, 3,45 % aux États-Unis et 4,81 % en Corée du Sud.

En outre, ces 15 dernières années ont été marquées par une différence significative de croissance économique entre l’UE et les États-Unis, Bruxelles s’en tenant à des politiques d’austérité macroéconomiquement contre-productives qui ont freiné l’investissement, alors que ses concurrents investissaient de manière plus active.

« Si l’on considère la différence de taux de croissance entre les États-Unis et l’Europe et que l’on projette cela sur dix ans, l’Europe pourrait perdre toute pertinence en termes économiques et devenir une sorte de musée très agréable à visiter, certes, mais plus le lieu prospère qu’elle a été », a déclaré M. van Boxmeer.

Jacob Wallenberg, membre du comité directeur de l’ERT et président d’Investor AB, une société détenant des participations considérables dans de nombreuses entreprises nordiques, est tout aussi alarmé.

« Nous avons un réel problème », a-t-il confié à Euractiv, ajoutant que l’Europe manquait du « sens de l’urgence qui nous semble si important ».

À titre d’exemple, il a cité le traqueur de technologie de l’Institut australien de stratégie politique, un groupe de réflexion sur la défense et la politique stratégique, qui permet de surveiller quel acteur est en tête pour quelles technologies. Sur 44 technologies, la Chine en domine 37, les États-Unis arrivant en deuxième position.

« L’UE est cruellement absente », a souligné M. Wallenberg.

Éliminer les barrières internes

Pour remédier à cette situation, les deux industriels préconisent un recentrage sur la croissance économique. Et pour cela, un marché unique européen plus intégré sera nécessaire, selon eux.

La Commission européenne doit être le moteur d’un « programme global » pour façonner un marché commun dans tous les domaines politiques, y compris « l’énergie, le numérique, les capitaux, l’environnement et la défense », peut-on lire dans le document de l’ERT, qui souhaite influencer le programme de la prochaine Commission, qui commencera son travail en automne.

L’ERT souhaite que la Commission soit plus proactive et « contraigne les États membres de l’UE à supprimer rapidement les barrières illégales ou déraisonnables » au sein du marché unique. En outre, la Commission devrait se concentrer davantage sur l’harmonisation et la simplification des règles plutôt que sur la création de nouvelles.

L’une des principales raisons pour lesquelles l’UE repose autant sur les règlementations est qu’elle dispose de très peu de moyens budgétaires pour résoudre les problèmes en accordant des subventions ou des allègements fiscaux, comme le font les États-Unis.

Inciter à innover sans créer de fragmentation

Dans le même temps, l’industrie demande plus d’incitations à l’investissement en Europe.

« L’équilibre entre les bâtons et les carottes dans l’élaboration des politiques est important », a expliqué M. van Boxmeer à Euractiv. Il a cité la loi américaine sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, IRA), qui est selon lui un exemple d’une mesure plus efficace que ce qui se fait dans l’UE.

« Au même titre que l’IRA, vous devez investir votre argent dans ces investissements infrastructurels qui seront nécessaires en Europe, principalement dans l’électrification », a-t-il affirmé. L’approche européenne, au contraire, est semblable à un déversement d’argent sur « de petites initiatives locales » au niveau des États membres.

L’UE laisse actuellement les États membres subventionner leurs industries et a assoupli ses règles en matière d’aide d’État. Toutefois, cet assouplissement donne un avantage aux pays comme l’Allemagne, qui disposent d’une puissance de feu fiscale bien plus importante que les pays plus petits ou plus pauvres.

« Mais si nous pensons au niveau européen, je pense qu’il y a beaucoup de choses que l’on peut faire et dont tous les membres de l’UE peuvent bénéficier. Sinon, il y aura une trop grande disparité entre les économies dotées de budgets robustes et celles dont les moyens sont plus limités », a précisé M. van Boxmeer.
La course aux aides d’État est lancée… et l’Allemagne gagne haut la main

Des nouvelles données de la Commission européenne obtenues par Euractiv indiquent que l’Allemagne est de loin le premier bénéficiaire de l’assouplissement des règles européennes en matière d’aides d’État. Les craintes d’une fragmentation du marché unique sont plus fortes que jamais.

Le document d’orientation de l’ERT souligne également les problèmes structurels de l’Europe et pose la question de savoir si l’UE devrait augmenter son budget pour financer les investissements européens ou si le processus de prise de décision devrait être facilité, par exemple sur les questions fiscales, où l’UE ne peut prendre une décision qu’à l’unanimité des États membres.

Toutefois, les industriels sont réticents à apporter des réponses à ces questions politiquement délicates.

« Nous ne sommes pas des responsables, nous ne pouvons que donner des idées sur la manière d’améliorer les stratégies », a rappelé M. van Boxmeer, estimant qu’une discussion devrait avoir lieu, non seulement au sein de la Commission, mais aussi et surtout au sein du Conseil.

« Il faut que les gouvernements de tous les pays européens en discutent », a-t-il ajouté, et ce n’est que dans ce cas-là que l’exécutif aura le soutien politique nécessaire pour présenter des propositions spécifiques.
L’Union des marchés de capitaux

Selon l’ERT, un autre moyen d’accroître les investissements serait de renforcer et d’intégrer les marchés européens des capitaux. M. Wallenberg défend l’idée d’un « marché plus approfondi des taux d’intérêt », qui ne pourrait être mis en place qu’en abolissant les barrières internes aux marchés des capitaux.

Un marché européen des capitaux moins fragmenté et plus liquide entraînerait une augmentation du capital-risque, ce qui permettrait de résoudre une partie du problème de l’innovation et de la croissance dans l’UE, estime M. Wallenberg.

Dans la perspective des élections européennes de l’année prochaine, l’ERT prévoit de présenter d’autres pistes de solutions plus détaillés sur la manière de renforcer la compétitivité européenne.

Parallèlement, l’ancien Premier ministre italien Enrico Letta a été chargé de préparer un rapport sur l’avenir du marché unique pour mars 2024, tandis que Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), prépare un rapport sur la compétitivité de l’UE pour juin 2024, afin de poser les bases du programme de la prochaine Commission européenne.

Euractiv

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