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Bâtiment : anatomie d’une descente aux enfers

vendredi 5 avril 2024

Le bâtiment est un marqueur économique important pour déterminer le niveau économique et social d’un pays. Depuis plus de deux ans, ce secteur est en récession et frôle les niveaux les plus inquiétant que nous ayons connu comme en 1992, puisque un quart de l’activité s’est évaporé avec le Covid.
La Fédération Française du Bâtiment confirme qu’à l’horizon 2025, l’activité bâtiment reculera d’environ 9 %, soit 14 milliards d’euros en moins. S’en suivra une cascade de faillites et une chute de l’emploi, avec 150 000 destructions d’emplois.

Concernant la demande, être propriétaire est un rêve qui devient un cauchemar, tant il est difficile d’accéder au crédit que de conserver son emploi pour pouvoir prétendre construire sa maison. C’est un pan complet de l’économie et du logement qui s’effondre devant le système économique qui s’auto-détruit devant les choix des gouvernements successifs depuis la crise bancaire de 2008.

La construction de maison individuelle a chuté en 2023 de 39,1%, après une baisse de 30,9% en 2022. Cela représente 40.000 maisons en moins entre 2022 et 2023.

« Il faut que l’on puisse relancer non pas l’offre mais la demande. Les déclarations d’amour du Premier Ministre à la maison individuelle, on les salue mais il faut qu’il y ait des actes en face. C’est la première fois depuis 2017 qu’un premier ministre a un discours offensif sur le logement » Grégory Monod, Président du Pôle Habitat FFB.
« L’État est à la recherche d’économies mais les 42.000 maisons qu’on a perdus auraient représenté un gain de près de 2 milliards d’euros de TVA pour l’État ».
Le Président du Medef déclarait en 2023 « ce que je vois, c’est des entreprises qui fonctionnent, une économie qui tient plutôt bien. À l’exception d’un problème de logement. La construction neuve est en train de ralentir à toute vitesse. L’année 2023 ne va pas être bonne et l’année 2024 va être catastrophique », évoquant même « une bombe à retardement ».
Le BTP emploie 1,592 million de salariés en France.

Pour Grégory Monod, Président du Pôle Habitat FFB : « Le marché de la maison neuve en secteur diffus chute violemment de 31,3% en 2022 et même de 38,2% au dernier trimestre. Avec 96 000 ventes brutes, il s’agit du pire exercice des seize dernières années. L’habitat individuel groupé s’écroule également de 22,2%, à 6 100 ventes, pire millésime des vingt-deux dernières années. Quant au logement collectif, les ventes aux particuliers se contractent de 14,1% sur 2022 et même de 30,4% au dernier trimestre. Avec 96 000 ventes, elles reculent au niveau de 2020, marquées par les confinements dus au Covid-19. Les ventes en bloc en collectif enregistrent pour leur part un nouveau recul de 21% sur 2022. Ainsi, tous segments confondus, 71 000 logements neufs ont été perdus en l’espace d’une année ».

Logement : le nombre de permis de construire délivrés en 2023 chute de 23,7 %

En tout, 115 900 permis de construire de moins ont été délivrés en 2023 par rapport à 2022, année où des niveaux records avaient été atteints.
C’est une baisse importante par rapport à l’an dernier. Le nombre de permis de construire a chuté de 23,7 % en 2023 comparé à 2022 avec 373 100 autorisations délivrées, selon les données provisoires communiquées ce mardi par le ministère de la Transition écologique. En décembre 2023, la construction de 33 700 logements a été autorisée, en hausse de 12 % par rapport à novembre, mais 115 900 permis de moins ont été délivrés sur l’ensemble de l’année.

Le nombre des mises en chantier a reculé, lui, de 22 % sur un an, a précisé le ministère, à 287 100 logements. Les délivrances de permis avaient atteint des niveaux records au cours de l’année 2022 du fait de dates butoirs réglementaires. Les autorisations pour 2023 sont en deçà des niveaux d’avant Covid (-19 %), entre mars 2019 et février 2020.

« Le marché retombe à proximité de ses plus bas historiques »
Comme les permis, les mises en chantier se redressent aussi en décembre (+ 22 %) par rapport à novembre, avec 26 900 logements. Mais les ouvertures de chantiers sur l’ensemble de l’année 2023 restent très inférieures à celles de 2022, avec 287 100 logements, et très inférieures aussi à la période d’avant Covid (-24,6 %). « Le marché retombe à proximité de ses plus bas historiques de 1992-1993 (275 000 unités) », avait averti en décembre la Fédération française du bâtiment (FFB), prévoyant une récession de 5 % en 2024.

Ces mauvais chiffres sont à rapporter au record de délivrances atteint en 2022 suite à un afflux de demandes de permis fin 2021, avant l’entrée en vigueur d’une réglementation environnementale (RE2020) plus ambitieuse pour la construction neuve. Mais ils sont surtout le reflet d’une profonde crise de la construction neuve, comme de l’ensemble de la filière du logement, en raison d’une chute de la demande liée au resserrement des conditions d’emprunt, du désintérêt des investisseurs institutionnels pour l’investissement locatif, mais aussi de la hausse des coûts de construction et des prix du foncier.

Le Parisien

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