Ces anciens du Raid et de la DCRI qui se reconvertissent dans le privé
Patron de la DCRI, officier-négociateur au Raid, agent de la DGSE : de nombreux policiers et militaires possèdent des compétences qui intéressent vivement les entreprises privées, au-delà de leur seul carnet d’adresses. De quoi envisager pour certains une deuxième carrière professionnelle fructueuse.
Les anciens de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), du Raid, de la Direction générale du Service extérieur (DGSE) et autres ne rencontrent en général pas vraiment de difficultés à se recaser dans le privé une fois cet épisode de leur carrière derrière eux.
C’est une ligne qui semble compter sur un CV. Les anciens de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), du Raid, de la Direction générale du Service extérieur (DGSE) et autres ne rencontrent en général pas vraiment de difficultés à se recaser une fois cet épisode de leur carrière derrière eux. Et cette réorientation professionnelle en voit certains troquer le treillis pour le costume et se diriger vers le privé.
L’ancien patron du Raid, Amaury de Hautelocque, en est une nouvelle illustration. Celui qui avait mené l’assaut de l’appartement de Mohamed Merah à Toulouse en 2012 a en effet officiellement rejoint les rangs, ce mardi 17 septembre, du mutualiste Covéa en tant que « directeur des stratégies coopératives ».
Bernard Squarcini, ancien chef de la DCRI, consultant pour LVMH
Avant lui, d’autres avaient pris la même direction. Parmi eux, l’un des plus connus est Bernard Squarcini, dit le « squale », L’ancien patron de la DCRI, désormais préfet hors cadre, a monté il y a quelques mois une structure de conseil en intelligence économique.
Son premier client ? LVMH qui ne manque pourtant pas de talents dans le domaine. Mais à l’époque, un proche expliquait que « Bernard Arnault aime s’entourer des meilleurs dans le domaine. N’oubliez pas que le dossier Hermès n’est pas totalement bouclé » , rapportait Challenges.fr.
Autre exemple avec Dominique Gevrey. Impliqué dans l’affaire de vrai-faux espionnage de Renault au début de l’année 2011, cet ancien de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD), occupait initialement la fonction de responsable de la sécurité de la marque au losange .
« Capacité de se mettre en mode »commando« »
Pour Laurent Combalbert, qui a passé six ans au Raid avant de basculer dans le privé, l’appétit des entreprises pour les profils comme le sien s’explique essentiellement pour les raisons suivantes :
- Les anciens du Raid et autres ont des compétences qui sont extrêmement recherchées : rigueur, capacité de se mettre en mode « commando », de fonctionner par projet, de travailler en équipe, et surtout la capacité de prendre des décisions importantes de manière très rapide. Certains ont également un savoir-faire très spécifique, ce qui est un également un atout majeur.
Et Laurent Combalbert illustre bien cela. Cet ancien officier-négociateur est aujourd’hui consultant et expert en négociation. En 2009, il a fondé sa propre société de conseil : Ulysceo. Celle-ci propose formations, conférences et autres sur le thème de la négociation. Parmi ses clients, on compte la Société Générale, la SNCF, la ville de Paris, les laboratoires Servier, etc.
Des anciens du Raid parmi ses consultants associés
Autre preuve de la compétence et de l’attrait des anciens du Raid et autres : il confie que sur son réseau de 70 consultants, associés aux interventions de son cabinet de conseil, une dizaine sont des anciens du Raid. Certains ont d’ailleurs été dans la même unité que la sienne. Mais selon lui, la route vers le privée n’est pas sans embûches :
- C’est compliqué de quitter le monde de l’administration pour celui de l’entreprise, c’est un gros changement culturel qu’il faut rapidement intégrer. D’ailleurs, nous sommes peu nombreux à avoir crée notre propre entreprise.
« Un sas de décompression »
Sans compter qu’entre une négociation avec un preneur d’otage, et le quotidien d’un consultant, il y a également un gouffre. Comment se fait la transition ?
Les enjeux sont évidemment très différents. Néanmoins, l’adrénaline est toujours présente. Il y a des objectifs à atteindre et si ce n’est pas le cas, on peut perdre des marchés, des emplois. A titre personnel, j’ai pu bénéficier d’une sorte de « sas de compression ». Lorsque j’ai quitté le Raid, j’ai ensuite intégré, pendant un an, un cabinet de conseil privé qui travaillait pour le ministère de l’Intérieur et j’enseignais également à HEC. Puis, j’ai rejoint un grand groupe, où j’ai fait mes gammes pendant cinq ans, avant de lancer ma propre entreprise.
Le carnet d’adresses, un plus pour quelques-uns seulement
L’idée qui veut que lorsqu’une entreprise privée fait travailler un ancien militaire, c’est surtout pour son carnet d’adresses ? Laurent Combalbert ne nie pas mais relativise :
- Pour les quelques-uns qui ont exercé à des hauts niveaux de responsabilité, ce n’est pas anodin. Mais cela ne joue pas pour tous, loin de là. Pour ma part, j’ai un réseau bien plus développé aujourd’hui en tant qu’entrepreneur, que lorsque j’étais au Raid.
Raconter son expérience dans un livre
Autre activité qui peut se révéler rentable lorsque l’on a trainé ses bottes dans les rangs de la DCRI : relater dans un livre ce qu’a été cette première carrière. Beaucoup s’y sont essayés, qui Christophe Caupenne avec « Négociateur au Raid », qui le Colonel Thierry Jouan avec « Une vie dans l’ombre », qui Pierre Martinet avec « Un agent sort de l’ombre ».
Ancien de la DGSE, ce dernier a même écrit en tout quatre livres sur le sujet. Depuis un an et demi, il est d’ailleurs directeur de collection « service actions » des éditions du Rocher, et recherche des « anciens des forces spéciales, du service action de la DGSE, du GIGN, du RAID » afin de « les faire participer à des ouvrages ».
Attention à ce qu’on révèle
Mais dévoiler les us et coutumes et surtout les petits secrets et noms de ses anciens patrons et camarades, a quand même de grandes chances de leur déplaire. En 2010, Maurice Dugresse a sorti un livre intitulé « 25 ans dans les services secrets ». Ce qui lui a valu d’être placé en garde à vue l’an dernier.