L’effondrement rapide du régime de Bachar el-Assad porte un coup sévère à l’« axe de résistance » de l’Iran et à sa capacité à projeter sa puissance dans la région, et fait craindre que l’Iran ne se concentre davantage sur le développement de son programme nucléaire.
Il s’agit de l’un des revers les plus importants pour la République islamique depuis la guerre Iran-Irak (1980-1988). La Syrie offrait à l’Iran un moyen d’influencer le Levant. Elle était son point de connexion le plus fiable avec le Liban et son mandataire le plus prisé, le Hezbollah. La Syrie était l’un des rares États arabes à entretenir des relations cordiales avec l’Iran depuis la révolution de 1979. Les Assad, tant Hafez al-Assad, qui a gouverné pendant près de 30 ans, que son fils Bachar, au pouvoir depuis 2000, ont mis l’accent sur les liens avec l’Iran dirigé par les chiites, malgré les plaintes des autres États arabes, pour la plupart dirigés par les sunnites.
Comment cela affecte-t-il l’axe de résistance de l’Iran ?
Accord sur le nucléaire iranien
L’axe de la résistance est en lambeaux mais n’est pas entièrement détruit. Le Hamas ne peut plus se reconstituer en tant que milice menaçant Israël depuis Gaza. La direction du Hezbollah, basé au Liban, a été décapitée et sa capacité opérationnelle fortement réduite. Les milices chiites irakiennes sont toujours actives et profondément ancrées dans les institutions politiques et sécuritaires de l’Irak. Les militants houthis au Yémen sont également actifs, mais ils sont de plus en plus ciblés par les forces dirigées par les États-Unis. L’influence de l’Iran se limite donc pour l’instant à la région du Golfe.
Dans quelle mesure la guerre entre Israël et le Hezbollah a-t-elle affaibli les forces iraniennes en Syrie ?
L’Iran avait déjà retiré une grande partie de ses forces de Syrie, estimant que la situation était gérable. Depuis l’assassinat ciblé par les États-Unis, en janvier 2020, du général Qassim Soleimani, haut commandant du corps des gardiens de la révolution iranienne, ce sont divers commandants du Hezbollah qui ont joué le rôle de supplétifs de l’Iran en Syrie. Les attaques israéliennes contre le Hezbollah cet automne et l’assassinat de nombre de ses commandants ont privé l’Iran d’un cadre capable de stabiliser la situation en Syrie à un moment où elle s’effilochait rapidement.
La chute du gouvernement syrien rend-elle l’Iran plus dangereux ou plus ouvert à la diplomatie ?
Les deux. La valeur de la dissuasion nucléaire a augmenté en Iran. Le pays ne possède pas d’armes nucléaires, selon les rapports d’analyse les plus récents, mais il a amélioré sa capacité à enrichir l’uranium à des niveaux qui peuvent être utilisés à des fins militaires en peu de temps. Les autres piliers de la dissuasion s’étant effondrés, l’arme ultime gagne en importance. Mais la région est trop dangereuse et trop instable pour que des actions provocatrices soient entreprises.
Le guide suprême Ali Khamenei a tendance à être prudent en temps de crise. Il attend généralement que la tempête passe avant d’aller de l’avant. Il est probable que l’Iran accepte les offres de diplomatie américaines et européennes, peut-être même celles de la nouvelle administration Trump. Mais cela pourrait n’être qu’une couverture pour protéger son infrastructure nucléaire en expansion contre les attaques, plutôt que de rechercher un accord.
