Faillite des artisans chocolatiers

Macron qui n’avait rien d’autre à vanter que le sublissime croissant français dans son dernier voyage officiel à Rio pour le G20, ne dit pas qu’il accorde une place importante à déconstruire notre patrimoine historique, économique et culturel. Même s’il vante le talent de nos artisans boulangers, il omet qu’ils sont obligés d’abandonner la fabrication maison contre les produits surgelés industriels pour économiser l’augmentation des matières premières et de l’électricité.

Le célèbre pâtissier-chocolatier lyonnais Sébastien Bouillet a commencé l’année 2025 avec de grosses difficultés financières. Le 13 janvier 2025 il a sollicité une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Lyon. Ce spécialiste de la pâtisserie et du chocolat a lourdement investit pour pouvoir rester à flot, mais les factures sont toujours trop élevées et les prix tout autant.
Cette mésaventure est la conjonction d’un système qui freine les entrepreneurs qui sont soumis aux fluctuations des charges et des matières premières.

Un autre artisan chocolatier du sud ouest, s’évertuait à peser un paquet de bonbons devant ses clients pour leur demander leur avis sur le prix. La commerçante constatait avec stuppeur que le prix à la vente de ses bonbons étaient de 50 euros le kilos. « qui peut se payer ça ? » « On ne peut plus travailler, tout est trop cher » clamait la commerçante. « et pendant ce temps les enfants continuerons à manger des cochonneries des grandes surfaces ». « plus personne ne peut se faire plaisir ».

A quelque kilomètres de là, un autre artisan boulanger a décidé de suspendre sa fabrication d’œufs au chocolat pour Pâques. Il n’y arrive plus avec sa facture d’électricité, il a même choisi de vendre de la pâtisserie industrielle qui revient moins cher que de la produire lui même. Cela fait un an qu’il a mis en vente son affaire pour 150 000 euros sans avoir eu une seule demande de rachat. Son associé est en dépression et la mairie du village, propriétaire du local commercial, persiste à percevoir le loyer du commerçant, sans prendre la décision de l’aider en suspendant son loyer. Quand cet artisan aura fermé boutique, la mairie ne percevra plus de loyer et il est fort probable que personne ne prendra la suite de la boulangerie devant le massacre des charges et du loyer à payer.

Inflation du prix du cacao

En 2010, Anthony Ward, surnommé « Chocolate Finger », a réalisé le hold up du monde du cacao. Il tenait en ses mains tous les producteurs de cacao ivoiriens, et tous les chocolatiers du monde.
Le PDG de la société anglaise Armajaro, a crée une raréfaction artificielle de l’offre pour faire monter les prix. Ward a acheté 240 100 tonnes de fèves, soit 6,3 % de la production annuelle mondiale et 15 % des stocks mondiaux. Les cours se sont envolés pour atteindre leur plus haut niveau depuis 1977, soit 3264 euros la tonne. Cette hausse de 1000 euros la tonne en six mois a provoqué la colère de la Côte d’Ivoire et du Ghana qui représentaient 60 % de la production mondiale. Ce racket est une sale habitude de la spéculations des matières premières, qui nuisent au développement des producteurs locaux qui ne disposent pas d’aide de la part de leur dirigeants qui croquent aussi dans la corruption de l’or marron.
L’année suivante la chute de Gbagbo a été salué comme une bénédiction pour les chocolatiers ivoiriens. Il n’est pas étranger à l’opération d’Anthony Ward, en freinant la croissance de la production de cacao du pays. 400 milliards de francs CFA (615 millions d’€) auraient été détournés entre 2002 et 2008 par les nombreuses structures de gestion de la filière du cacao.

En 2020, la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux acteurs majeurs du marché mondial du cacao, ont lancé une bataille contre des multinationales du chocolat. Ces géants de l’industrie alimentaire sont accusés de ne pas vouloir payer une prime spéciale pour mieux rémunérer les planteurs qui vivent dans la misère.
Les présidents Ouattara et Nana Akufo-Addo ont dénoncé ensemble un « complot » des multinationales du chocolat pour appauvrir trois millions de paysans ouest-africains.
L’enjeu portait sur la certification de la provenance du cacao, une garantie de qualité pour le consommateur. Les planteurs ne perçoivent que 6% des 100 milliards de dollars par an que représente le marché mondial du cacao et du chocolat.

En décembre 2024, les prix du cacao ont augmenté de 50 % par rapport au mois de novembre
L’industrie de la transformation du cacao est dominée par l’Europe (Allemagne et Pays-Bas). Quatre entreprises contrôlent deux tiers de la capacité mondiale de broyage et si ces entrepises ne paient pas la prime pour mieux rémunérer les producteurs de cacao, nous rencontrerons une crise qui se compensera par une inflation record.

Encore un coup des russes
La Russie a interdit l’achat du cacao brut africain. Inspirée par l’Ivoirien Ahoua Don Mello, vice-président de l’alliance internationale des Brics, il existe un projet de couloir économique pour l’achat du cacao en Russie. Ahoua Don Mello avait fait de cette action son principal cheval de bataille. La Douma russe vient de voter cette loi interdisant la vente directe des fèves de cacao sur son marché. La Russie souhaite désormais que les pays producteurs transforment localement leur produit sous forme de poudre ou de beurre, pour le vendre ensuite sur le marché russe.

Si les multinationales ne veulent pas payer plus cher le broyage des fèves, elles induiront une pénurie et une nouvelle inflation.

L’Afrique n’est plus un acteur esclave, l’alliance des BRICS représente un nouvel espoir économique que ne veulent pas les pays occidentaux. Le cacao transformé est plus rentable pour les producteurs.
La Cote d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, peut être utilisée pour contrer l’influence russe dans la « France Afrique ». Les autorités ivoiriennes veulent garder de bonnes relations avec la France, tout en comprenant le nouvel attrait économique de la Russie. La classe politique ivoirienne a toujours évité de contrarier la France pour éviter des représailles.

Alassane Ouattara a déclaré en juillet 2024, lors d’une rencontre avec la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock :
« Je peux vous rassurer que la Côte d’Ivoire est stable et qu’elle restera stable parce que nous avons un pays qui est bien gouverné. Je le dis en toute modestie : nous avons investi sur l’ensemble du territoire, nous n’avons aucune crainte, et nous considérons que nous avons une armée républicaine, donc nous n’avons aucun souci dans ce domaine. Et je peux vous rassurer que les prochaines élections seront démocratiques. Elles seront observées par qui voudra ».

Le 20 janvier 2025 Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont eu une longue conversation téléphonique à propos de la rétrocession de la base de l’armée française…
Selon les informations qui ont fuité, les deux chefs d’État ont négocié autour de la rétrocession à la Côte d’Ivoire de la base abidjanaise de l’armée française.
Emmanuel Macron a vu rouge et a fini par révéler ce que, Jean-Marie Bockel, son envoyé spécial en Afrique, a discuté avec des chefs d’Etat que la France a décidé elle-même de réduire ses effectifs militaires en Afrique.
Macron a caché la vérité, ce ne sont pas vraiment les russes qui ont expulsé l’armé française mais les américains. Chassés du Niger, les Etats-Unis ont redéployé leur dispositif militaire en Côte d’Ivoire. Abidjan a donné son feu vert à la création d’une base américaine à Odienné.

Macron se consolera peut être en mangeant du chocolat, mais il va être chassé d’Afrique par ses maîtres américains et allemands et ses ennemis russes et chinois.

Geopolintel 19 mars 2025