Pour l’économiste Henri Sterdyniak, « la charge de la dette doit être évaluée, non par le taux d’intérêt nominal, mais par ce taux corrigé de la croissance économique en valeur. En 2023, la charge nominale de la dette française n’a été que de 1,7 % du PIB, soit un taux d’intérêt moyen de 1,55 % pour une croissance nominale du PIB de 6,3 %. La France s’endette aujourd’hui à 2,95 %, ce qui reste inférieur au taux de croissance potentielle du PIB français (de l’ordre de 3,25 % en valeur). Chaque année, l’État fait rouler sa dette : il finance les remboursements par de nouveaux emprunts. Ainsi, en 2023, il a pu faire financer 2,7 % du PIB de dépenses publiques par les marchés (en net, c’est-à-dire emprunts moins remboursements moins charge d’intérêt). La dette publique française est considérée comme sans risque. L’État n’a aucune difficulté à lever des fonds ». Henri Sterdyniak est économiste à Sciences Po Ancien élève de l’École polytechnique et de l’ENSAE, ancien administrateur de l’INSEE, Henri Sterdyniak a été économiste à l’OFCE et à Science Po. Il a enseigné à l’université Paris-Dauphine. Il a fondé les Économistes Atterrés.
Si la dette est un actif de croissance par l’emprunt, le fait de rouler la dette c’est à dire de la refinancer continuellement, est une solution pour maintenir la croissance.
« La dette ne pèsera pas sur nos enfants. Les administrations françaises sont certes endettées, mais elles possèdent des actifs physiques et financiers de sorte que leur richesse nette représente 20 % du PIB. En 2024, le solde extérieur de la France devrait être nul. Cela signifie que le déficit public correspondra à l’épargne des Français. »
Pour cet économiste la garantie de notre dette n’est pas un problème puisqu’il considère que l’épargne des français autorise cette course en avant de l’endettement perpétuel.
Le déficit public, et donc la dette, est nécessaire pour soutenir l’activité. Cette vision est tout à fait compatible avec ce que nous impose la Banque Centrale Européenne et l’OTAN. Il faut comprendre que le lien entre l’OTAN et la BCE ne font qu’un puisque la guerre est considérée comme un activité de croissance et le financement de la future défense européenne est bon pour notre croissance puisqu’elle est censé sauver l’Europe et donc la France.
Mais si la pensée des économistes de gauche trouve comme alternative pour financer le déficit public de taxer les riches, ils vont se heurter au mur de la fiscalité française. La charge administrative des entreprises en France coute 100 milliards d’euros aux chefs d’entreprises. Les prélèvements sociaux des patrons français représentent 42% de la totalité des charges en Europe.
Les tarifs douaniers de Trump vont redistribuer les délocalisations dans le monde, et ces fameux riches partiront ailleurs laissant la pensée de ces économistes sur le carreau en se demandant comment taxer les pauvres.
L’Etat est une entité obèse par le niveau record de rentrées fiscales qui fait la part belle aux riches. Tout est fait pour leur éviter d’être taxé à condition que le pouvoir oligarchique reste en place. Il n’y a pas de droite ni de gauche, il y a une élite qui a braqué le pouvoir et qui finance son économie par le parasitisme de nos impôts.
Et quid de la dette que nous laissons à nos enfants
« Nous ne laissons pas une dette à nos enfants, mais un patrimoine public important, sans parler du patrimoine privé (6,5 fois le PIB) » Henri Sterdyniak
Si la France s’interdisait de recourir à la dette, elle devrait donc réduire les dépenses publiques (ou augmenter les impôts). Nous l’avons bien vu avec l’éviction du budget de Barnier qui coupait dans les finances publiques tout en augmentant les impôts. Le budget Bayrou est similaire mais sans trop de coupes budgétaires mais avec une augmentation du déficit.
Le déficit public de la France est considéré comme de l’argent liquide et la transformation de la dette française en obligation du trésor est un stock qui se vend par des banques appelées Spécialistes des Valeurs du Trésor. Quiconque possède notre dette, décide de nos orientations budgétaires. Nous sommes tenus par la dette et Macron n’est qu’en exécutant de ces détenteurs.
Henri Sterdyniak trouve normal cette situation pour aider le financement de l’éducation ou la transition écologique. « L’équilibre budgétaire n’est donc pas une norme. Il est légitime de financer les investissements publics, qui seront utilisés pendant de nombreuses années, par du déficit public. »
Pour comprendre, si nous voulons continuer à investir dans notre économie il faut accepter le déficit et donc la dette. Pour Henri Sterdyniak, l’Etat fixe le niveau de ces recettes par l’impôt tandis que les français ont l’obligation de rembourser leurs dettes et pas l’Etat puisque nous sommes la garantie de la dette.
En 1973, la dette publique française était pratiquement nulle. Les ouvriers étaient payés en argent liquide chaque vendredi soir. Et pour capter cette masse financière les banques ont lancé les ouvertures de compte. Avec le choc pétrolier, ce sont tous les déposants des banques qui ont financé la dette de l’Etat. Depuis cela ne s’est jamais arrêté.












