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Chronique de la thèse officielle II

vendredi 1er mai 2009

Le procès continue, toujours plus décevant, toujours moins relayé par les ’’Grands médias’’. Il faut dire à leur décharge qu’ils ont de sérieuses excuses : l’assistance aux séances tourne à la corvée ; la bonne volonté, la curiosité et la patience bienveillante des spectateurs ne les tiennent plus en haleine depuis longtemps ! Maintenant, l’assiduité complète nécessite carrément de l’héroïsme, et le prétoire commence à évoquer le Désert des Tartares... .

C’est donc le moment de faire le point, de prendre un peu de recul, d’analyser la genèse de cette thèse officielle. Car nos lecteurs vont le vérifier, elle ne s’est pas construite fortuitement et au jour le jour : il a été mis en œuvre un véritable plan de désinformation, soigneusement défini dans ses moindres détails dès les toutes premières semaines suivant la catastrophe, et même, pour l’essentiel, dès les tout premiers jours. Il ne s’agit pas là d’hypothèses ni d’élucubrations, mais de faits incontournables que des enquêteurs bénévoles ont découvert peu à peu, souvent à leur stupéfaction, et qui se confirmaient les uns les autres au fur et à mesure de ces découvertes. Il suffisait de disposer de temps et d’un minimum de bon sens, privilèges rares en notre époque où le temps est dévoré par une fébrilité administrative croissante et où le bon sens est plus ou moins confisqué par des médias de plus en plus orwelliens.

Le coup d’envoi public de ce plan peut être fixé le 21 septembre 2001 à 11 heures, quand une dépêche de l’AFP est tombée, ainsi titrée :

’’Toulouse : une seule explosion dans une usine pétrochimique’’

Or que se passait-il à Toulouse ce 21 septembre 2001 à 11 heures ? Panique routière, avec encombrements monstres plusieurs km à la ronde autour du pôle chimique ; pôle chimique encore si fumant qu’on n’y distinguait pas nettement les structures de base ni le détail des dégâts ; flashes continuels et désordonnés dans les radios locales, faisant état de deux explosions majeures, parfois plus, mal localisées (mais certaines radios localisaient clairement la première à la SNPE) ; affolement quasi-général, certaines autorités ordonnant par radio aux toulousains de se calfeutrer fenêtres fermées chez eux pour éviter toute intoxication par des gaz, ce qui était de l’humour noir, quand on sait que des milliers d’appartements, et surtout les plus exposés à ces fameux gaz, n’avaient plus de fenêtres ! On était loin d’avoir retrouvé toutes les victimes de la catastrophe, et d’ailleurs nombre d’entre elles n’étaient pas encore décédées, certaines sont restées vivantes jusqu’à 14 heures, attendant des secours qui ne pouvaient pas arriver tant il y avait de décombres à dégager.

Pendant ce temps, peu avant 11 heures, un des directeurs de l’usine SNPE venait de reconnaître, devant le journaliste Nicolas Fichot, qu’une deuxième explosion s’était produite dans son usine, mais selon lui ’’sans gravité’’, et dans un texte où le lecteur attentif avait du mal à comprendre laquelle des deux explosions avait précédé l’autre....

Réfléchissez, cher lecteurs, à ce qu’aurait été une information honnête, neutre et impartiale dans un tel contexte : jamais un journaliste n’aurait écrit ’’une seule explosion’’ ! Il s’agissait de la première dépêche publiée par l’AFP sur la catastrophe ; comment les auteurs de la dépêche pouvaient-ils connaître le nombre précis d’explosions survenues on ne savait même pas où ? Notez aussi : ’’ dans une usine pétrochimique’’ ; ce ’’une’’ est lui aussi révélateur, quand on sait qu’il y a, en ce 21 septembre 2001, dans ce pôle chimique toulousain, deux usines principales de ce type qui se cotoient (AZF et la SNPE), et une troisième à moins de 1500 m de là (Tolochimie) d’ailleurs filiale de la SNPE.

Pour dire le faux, il faut savoir le vrai (sous-entendu : sinon, on s’exposerait à dire le vrai par erreur). Cette profonde remarque n’est pas nouvelle, elle est déjà dans Platon (in Le petit Hippias). A la rigueur, un témoin direct de ce tourbillon d’événements aurait pu écrire :


’’Toulouse : une explosion dans une usine pétrochimique’’

ou bien :

’’Toulouse : explosion dans le complexe pétrochimique de la ville’’

ou encore :


’’Toulouse : explosions dans le complexe pétrochimique de la ville’’

Chacune de ces trois phrases, même la première, aurait difficilement pu être taxée de mauvaise foi. Elle aurait fidèlement reflété le désordre et le désarroi général qui prévalaient à ce moment-là dans Toulouse.

Mais ’’une seule’’, c’est bien différent ! Celui qui écrit cela sait forcément combien il y a eu d’explosions. (Par ’’celui qui écrit’’, j’entends celui ou celle qui a dicté la phrase, donc pas nécessairement le journaliste qui l’a écrite pour publication).

Il écrit qu’il n’y en a eu qu’une, mais il l’écrit comme quelqu’un qui sait, il ne laisse aucune place au doute. Il sait même déjà combien d’usines ont été concernées, donc il sait laquelle, bien qu’il ne l’écrive pas encore explicitement : ’’une usine pétrochimique’’... .

Ce n’est que le 26 septembre 2001, cinq jours après la catastrophe, qu’a été publiée l’explication officielle de ce fait têtu et dérangeant, à savoir que des dizaines de milliers de toulousains avaient entendu deux explosions principales parfaitement distinctes bien que les médias, dans une unisson remarquable, à partir du 21 septembre 2001 à midi, n’aient plus fait état que d’ ’’une seule et unique explosion’’. Vous savez, cette explication officielle sur laquelle nous reviendrons longuement plus loin : les ondes sismiques. Dieu sait si ça n’a pas été tout seul, s’il en a fallu des doctes explications de ’’spécialistes’’, des petits cours de sismologie improvisés dans presque tous les journaux papier, des fleuves d’éloquence déversés sur les chers téléspectateurs, à grands coups de massue émotionnelle, avec photos terribles, sur le ’’gigantesque cratère d’AZF’’, entrecoupés de témoignages émouvants de victimes, repassés en boucle jusqu’à plus soif... .

Ainsi donc, le Deus ex machina qui a dicté la dépêche de l’AFP en question savait le nombre d’explosions, disait qu’il n’y en avait eu qu’une sans qu’ait encore été divulguée l’explication officielle censée ’’prouver’’ cette unicité. Donc, ce Deus savait forcément ce qui s’était passé, et a décidé de dire au public qu’il n’y avait eu qu’une explosion, et dans une seule usine, c’est-à-dire, forcément, dans l’usine AZF.

Tout est déjà ficelé dès le 21 septembre 2001 à 11 heures !

La rédaction Geopolintel

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