Geopolintel

Du livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale.

Pierre-Henri Bunel

dimanche 11 janvier 2009

Mon propos n’est pas de faire ici une synthèse de tout le livre blanc sur la défense et la sécurité, encore moins de le recopier. Le livre se trouve disponible sur l’Internet et pour ceux qui, plus sages, souhaitent en avoir une trace pérenne, il est disponible aux Éditions Odile Jacob.

Ce nouveau livre blanc sur la défense a suscité de nombreux commentaires, certains favorables, avec de bonnes raisons de soutenir les positions qu’il expose, d’autres défavorables avec également des raisons qui se défendent.

Mon opinion, fondée sur l’expérience et sur l’étude de son contenu et de celui d’autres documents analogues dans d’autres pays, est qu’il annonce clairement le renoncement de la France à toute indépendance nationale, sacrifiée à une « européanisation » qui n’est en fait, en matière militaire qu’un alignement sur le Pentagone

L’influence du PNAC

Je souhaite aborder ce texte majeur sous un autre angle que celui où se placent les commentateurs habituels : je voudrais le rapprocher d’un autre texte moins volumineux mais encore plus important à mes yeux pour les relations internationales : le document du Projet pour un Nouveau Siècle Américain relatif à la Défense nationale des États-Unis qui s’intitule « Reconstruire les Défenses de l’Amérique ».

Le PNAC était un groupe de travail chargé de proposer une nouvelle stratégie générale aux néo-conservateurs pour relancer l’hégémonie des États-Unis sur le monde. Il a été dissout en 2005 et remplacé, avec pour la plupart d’entre eux les mêmes membres, par une organisation du même type visant à un renforcement de l’Union européenne. Un renforcement dans certains domaines et dans le but de faire de l’Union européenne un satellite des États-Unis. Il vaut mieux, en effet réunir sous une seule bannière plusieurs pays tenus par des règles limitant leur indépendance. C’est plus facile que devoir multiplier les ponts bilatéraux pour modeler des pays différents, chacun présentant ses particularités et conservant son indépendance politique.

Paru en septembre 2000, le rapport du PNAC n’a commencé à attirer sérieusement l’attention de certains analystes qu’après les attentats du 11 Septembre contre les tours du World Trade Center et le Pentagone. Pourtant, ce document est à la politique états-unienne au XXIe siècle ce qu’a été le Mythe du XXe Siècle pour la politique de l’Allemagne Nazie.

Le PNAC expose de façon méthodique les mesures stratégiques à prendre pour conserver aux États-Unis leur hégémonie mondiale, hégémonie qui ne peut passer que par la suprématie militaire, dans tous les domaines conventionnels du rôle des armées, mais aussi et surtout par l’instauration d’un suprématie des États-Unis sur les nouveaux domaines communs : l’espace et le cyberespace.

Les rédacteurs du PNAC s’appuient, pour proposer la relance de la « Guerre des Étoiles », sur la nécessité de défendre les États-Unis mais aussi leurs troupes en opérations extérieures, contre la menace des missiles. Ce souci revient en leitmotiv tout au long du document, comme si les concepteurs de la nouvelle stratégie mondiale états-unienne voulaient enfoncer un clou dans du bois dur.

Les missiles en question ne sont plus les missiles intercontinentaux du Pacte de Varsovie qui avaient en leur temps justifié le déploiement des missiles américains en Allemagne, mais bien de tous les types de missiles. En particulier les missiles de théâtre à courte ou moyenne portée – de l’ordre de quelques centaines de kilomètres – qui pourraient être mis en œuvre non seulement par des armées de pays osant s’opposer à la domination états-unienne sur le monde, mais aussi par des groupements « non gouvernementaux ».

Au titre de cette protection contre les missiles divers et variés, les rédacteurs du document du PNAC proposaient de dénoncer le traiter ABM signé par l’administration Clinton, de lancer dans l’espace des satellites de surveillance, mais aussi de mettre sur orbite des satellites armés, capables dans un premier temps de détruire au-dessus de nos têtes tout satellite adverse et, à terme, de détruire en vol des missiles au cours de la phase ascensionnelle de leur vol.

La prise de contrôle du cyberespace visait, dans leur rapport, à empêcher toute entité hostile de se servir des moyens qu’offre l’Internet pour préparer des opérations militaires voire pour empêcher tout ennemi potentiel de s’attaquer aux systèmes informatiques d’importance stratégique qu’utilisent les États-Unis et leurs alliés.

Un autre leitmotiv qui sous-tend tout le rapport des concepteurs de la politique de Défense des néo-conservateurs états-uniens, c’est la notion d’un espace de sécurité des États-Unis qui déborderait largement l’ancien espace vital de la guerre froide pour s’étendre pratiquement au monde entier.

Ein Volk, ein Reich, ein Führer !

Tout le document du PNAC repose sur une idée de base et un triptyque : la sécurité mondiale est le but fondamental de toute politique internationale ; elle repose sur le peuple le plus évolué de la terre, le peuple états-unien ; elle ne peut être assurée que par l’empire états-unien ; et ceci ne peut se faire que sous l’autorité du Pentagone dont le chef politique bien est le Président des États-Unis, chef des armées. Ein Volk, ein Reich, ein Führer, qui ont besoin d’un « espace de sécurité », leur nouveau Lebensraum…

Pour conserver leur suprématie militaire aux États-Unis au cours du siècle qui commence, il convient, aux yeux des rédacteurs du rapport du PNAC, de s’assurer de la maîtrise de l’univers du renseignement. Il faudra aussi s’assurer du concours des alliés traditionnels des États-Unis, et donc de renforcer l’Otan tout en la poussant à s’engager sur des théâtres d’opérations qui sortent de sa zone de responsabilité en Europe orientale.

Tenant compte du changement de positionnement de la menace, les rédacteurs du Rapport sur les défenses de l’Amérique prônent un transfert des bases prépositionnées en direction de l’Asie du Sud-Est. Mais comme il ne saurait être question de laisser la Méditerranée libre d’une forte autorité états-unienne, ils ajoutent qu’il convient de faire perdurer la stratégie d’encagement de la Russie par les alliés européens.

Pour entrer dans le cadre de cette politique de la canonnière, les États-Unis devront revoir en profondeur l’organisation de leurs armées et inciter leurs alliés à prendre leur part des dépenses en mettant sur pied des forces armées capables de prendre une part, en tant que de besoin et sous un contrôle opérationnel étroit exercé par le Pentagone, de la défense de l’Amérique. Certes, lesdits alliés ne se rendront peut-être par forcément compte de ce qu’ils tireront du feu des marrons que mangeront les maîtres de la Maison Blanche, mais cette politique aura deux avantages : le partage des coûts d’un effort militaire qui seront nécessairement élevés, mais aussi la spécialisation de chaque pays allié dans un domaine de la défense de l’ensemble, spécialisation qui l’empêchera par conséquent de conduire à lui seul des opérations complètes sans l’aval du Pentagone.

Malgré ce partage des coûts, le budget de la Défense des États-Unis sera nécessairement élevé et il sera difficile de le faire accepter par le peuple américain et ses représentants, à moins d’un événement catastrophique qui jouerait le rôle d’un nouveau Pearl Harbor.

Pour ceux qui souhaitent disposer du texte du rapport du PNAC, en français, ils peuvent aller sur l’Internet et le télécharger sur le site http://reopen911.info

Ceux qui souhaitent disposer du texte commenté point par point peuvent se rendre sur mon site Internet au dossier que j’ai consacré à ce document.
Quel rapport avec la réorganisation de la défense française ? Quel rapport avec le Livre Blanc préfacé par le Président Sarkozy ?

Je me propose ici d’établir certains liens et il me semble que ces liens sont plus que marqués.

Dans sa préface, le président expose que le monde a bien changé depuis la parution du dernier Livre Blanc en 1994. Enfoncer les portes ouvertes ne fait pas mal aux épaules…

Un rapport de style très « américain » qui noie les vérités désagréables

Première remarque de ma part, le format du livre lui-même a changé. Ce nouveau document est bien plus volumineux que l’ancien. Il comporte de larges développements qui soulèvent certains éléments essentiels mais délaient et détaillent à l’envi des évidences dont tout le monde est conscient. On se trouve là devant un rapport à l’américaine qui consomme plus de papier qu’il n’apporte d’informations de fond.

Ce délayage permet de noyer le poisson, c’est-à-dire de perdre dans la masse du texte quelques idées fortes qui indiquent une révolution radicale dans la politique internationale et militaro-policière française.

Vers un grand service de la sécurité intérieure,
et le mélange des genres.

Car ce Livre Blanc réunit pour la première fois depuis que paraissent des livres blancs ou des documents d’orientation de la défense nationale, les fonctions militaire et policière.

On pourra m’objecter que cette réunion est cohérente avec les postulats de base que présente le président Sarkozy dans la lettre de présentation qui sert de préface au rapport, à savoir que la menace a changé et qu’il est naturel de réunir les ministères de la Défense et de l’Intérieur dans un même document.

En fait, il s’agit d’une aberration technique. Les militaires et les policiers, même si ces deux corps de l’État contribuent à la Défense de nos concitoyens, ont à résoudre des problèmes complètement différents.

Cette situation n’a rien de nouveau. J’ai toujours connu, avant d’être militaire par les conversations que j’entendais à la maison entre mon père et ses alter ego des autres corps d’État qui venaient dîner à la maison, pendant que j’étais en service dans le renseignement militaire, des relations étroites entre les militaires ou nos services de renseignement extérieur (SDECE d’abord, puis DGSE ensuite) et nos services de renseignement intérieur (RG, DST).

Moi-même, comme militaire, combien de fois ai-je traduit de l’arabe au français des interceptions de Fax ou d’écoutes téléphoniques pour le compte de la DST ou des RG. En général, c’était un inspecteur de la DPSD qui me portait la bande ou le fax. Ces documents n’étaient accompagnés d’aucune commission rogatoire de justice et étaient sans doute de ce fait illégalement interceptés…

Donc, la question de la mise en commun de renseignement n’est pas nouvelle et cette coopération était naturelle. Elle reposait sur les hommes et plus les directeurs de la DGSE et de la DST ou des RG s’entendaient bien, meilleure était cette coopération.

Une refonte du rôle des armées.

Seulement, le chef de l’État est le chef des armées, ce à quoi l’actuel président de la République n’était sans doute pas préparé au départ. Ancien « premier policier de France » par ses fonctions de ministre de l’Intérieur, il n’avait au départ pas tellement d’affinités avec les Armées.

L’exercice du pouvoir, en une période où les forces armées françaises sont déployées en Afrique – en Côte d’Ivoire et au Tchad, pour ne parler que des déploiements opérationnels – en Afghanistan, dans le cadre du dévoiement des buts et missions de l’Otan, et dans diverses missions de l’ONU, au Liban mais aussi en Palestine et en Égypte – l’a sans doute conduit à finir par prendre en compte cette fonction comme il fait tout. C’est-à-dire à bras le corps, mais de façon apparemment brouillonne et impulsive.

Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour nous offrir un défilé du 14 Juillet entièrement revu en profondeur. Qui traduit une révolution profonde dans le rôle et les missions qui seront dévolus à l’Armée française.

Se calquer sur la politique de Défense des États-Unis

Mais ce qui est le plus remarquable dans le Livre Blanc, entièrement rédigé depuis l’entrée en fonction de notre président au « style nouveau », c’est que les dispositions envisagées par les rédacteurs de ce rapport sont très calquées sur celles du rapport du PNAC diffusé huit ans plus tôt. À cela près qu’elles ne prétendent pas engager la France dans une politique internationale indépendante, mais bien dans une politique de Défense étroitement imbriquée dans une politique de Défense européenne encore à construire. Encore à construire mais qui sera de toute façon, traité de Lisbonne oblige, directement inspirée par l’Otan, donc par les forces mal définies qui façonnent la politique intérieure et extérieure des États-Unis.

La constitution Giscard que les Français et les Néerlandais ont rejetée par référendum comportait déjà cet abandon total et définitif de l’indépendance nationale de la France. Le traité de Lisbonne, ratifié par le parlement français au plus total mépris de la volonté du peuple français ancre la France dans cet esclavage vis-à-vis de l’Otan, et donc des États-Unis. Certains parlementaires comme Nicolas Dupont-Aignan ou Jacques Myard ont dénoncé en vain ces abandons de souveraineté.

C’est d’ailleurs l’une des raisons du rejet par le peuple irlandais de ce traité qui relève de la forfaiture.

Mais notre objet n’est pas le traité de Lisbonne. C’est le Livre Blanc Sarkozy. C’est au sujet de ce rapport qu’ont réagi un certain nombre d’officiers, dont le Général Jean-Claude Thomann. Et le fait que ce soit cet officier général qui ait pris cette position n’a rien d’anodin : Le Général Thomann est l’un des esprits les plus brillants, l’un des officiers les plus patriotes dans le bon sens du terme que j’aie jamais eu la chance de côtoyer. Et pourtant Dieu sait que mes fonctions entre 1990 et 1998 m’ont conduit à côtoyer des généraux admirables, français ou étrangers…

J’ai rencontré la première fois le Jean-Claude Thomann à Saint-Cyr où il était lieutenant instructeur, chef d’une section d’élèves-officiers d’active de la compagnie binôme de la mienne. J’ai eu l’occasion de le retrouver colonel dans un état-major où j’étais moi-même capitaine.

Les réformes militaires sont une nécessité

Entendons-nous bien, j’ai connu de nombreuses réformes militaires au cours des vingt-sept années que j’ai passées sous les drapeaux. À chaque fois, ces réformes ont eu pour conséquence une réduction du format des armées. Mais jamais elles n’avaient engagé la capacité des forces armées françaises à conduire des opérations de grande envergure sous autorité nationale française.

La Première Armée :
Un chancre nuisible qu’il a fallu faire disparaître

J’ai toujours vitupéré contre les dogmes et poncifs émanant de la Première Armée, cet état-major qui commandait toute l’Armée française du temps de la guerre froide.

Installé à la fois à Strasbourg et dans ses certitudes, il entérinait de fait les vues états-uniennes en matière de « connaissance » de « l’Ennemi conventionnel ». Je mets des guillemets à connaissance, parce que j’ai eu l’occasion, dans mes missions aux Nations Unies, de largement discuter de doctrine militaire avec mes alter ego soviétiques. Oui, soviétiques, pas seulement russes. J’ai pu mesurer ainsi la masse de désinformation dont on nous abreuvait dans les cours de renseignement tactique. Mes alter ego soviétiques avaient évidemment pour tâche de m’intoxiquer en matière de stratégie. C’est normal et j’avais à charge, non de les intoxiquer moi-même, je n’avais pas été formé à cela à l’époque, mais de prendre l’ambiance de certains niveaux de l’Armée rouge, en pleine guerre en Afghanistan et au moment où l’URSS vivait ses dernières années sous la présidence Gorbatchev. En revanche, ce qui m’intéressait c’était de mesure l’ampleur de l’intoxication à laquelle se livraient les États-uniens de l’Otan en matière de connaissance du Pacte de Varsovie.

Le tableau qu’on nous brossait de l’Armée Rouge et de ses motivations me poussait à me demander en permanence pourquoi les Cosaques ou les Tatars n’étaient pas déjà en train d’égorger nos femmes et nos enfants dans les sillons de nos champs des campagnes du Sud-ouest.

Dans son roman « La 6e Colonne », un certain « François » a décrit avec talent une invasion de l’Armée rouge en Europe. Tout y était : les autoroutes à péages engorgées par les flots de réfugiés, ce qui empêchait les colonnes de chars de se ruer à la rencontre des hordes sauvages déferlant par la trouée de Fulda, le jeune Allemand qui, au téléphone, informe un correspondant en France de la percée des T72 au bas de son immeuble, et même la mort de sa sœur – qui précède de peu la sienne – se vidant de son urine et de ses fèces sous l’effet de neurotoxique Sarin ou Tabun.

Ce livre, qui n’était qu’un scénario à l’hollywoodienne, avait le goût d’un documentaire vécu, l’odeur d’un documentaire vécu. Seulement, pas plus que les autres officiers d’état-major de l’époque, ce type n’avait jamais eu d’autre contact avec la guerre que les séances d’instruction « Cadres » ou les films documentaires sur les effets des armes chimiques.

Et comme il croyait ce que disaient les « spécialistes » du renseignement de la Première Armée, il avait fait fi de tout esprit d’examen.

Une connaissance « téléguidée »

J’ai toujours douté des certitudes. Des miennes, par conception philosophique, mais aussi de celles des autres parce que j’ai toujours pu vérifier, en grattant un peu, que ces certitudes ne relèvent que rarement de recherches personnelles. Bien avant l’ordinateur, les esprits qui auraient dû être éclairés procédaient déjà par « copier coller ».

Un cas concret : « La voie ferrée, c’est stratégique »
ou quand L’EIREL inventé les légendes de ses photos…

Je suis passionné de chemins de fer depuis mon enfance. J’ai longuement pratiqué le modélisme ferroviaire. Je me suis donc documenté pendant des années sur les trains sous toutes leurs formes, et j’ai réuni de la documentation parfois fort ancienne sur les chemins de fer du monde entier. Dont sur les chemins de fer russes, devenus soviétiques, avant de se transformer à nouveau maintenant.

Selon la doctrine officielle de la Première Armée, les « renforts venus du fin fond de l’Ukraine et de la Sibérie » destinés à relever les forces de premier et deuxième échelons du PAVA (Pacte de Varsovie) » devaient être acheminés par voir ferrée. À mes yeux de spécialiste autodidacte, cela voulait dire qu’elles s’arrêteraient au niveau de Brest-Litovsk. Puisque l’écartement des rails est plus important en Russie qu’en Europe de l’Ouest, 1,52 à 1,54 m au lieu de 1,44 m chez nous…

J’objectai ceci un jour à un « spécialiste » de la Première Armée. Icelui a eu l’air interloqué, a hésité un peu et, sans doute devant mon air assuré, a eu un sursaut d’honnêteté. Il m’a dit, néanmoins, avec un aplomb considérable, « Mais, mon cher, leurs wagons ont des essieux à écartement variable ». C’était, à l’époque, entièrement faux et je le savais. En outre, pour l’Espagne où le problème était le même, le Talgo qui allait de Paris à Barcelone et retour, s’arrêtait à la frontière pour changer l’écartement des roues, soit en changeant les bogies, soit en changeant l’écartement des roues sur les essieux selon les modèles de voitures. Compte tenu du temps que cela prenait, on imagine mal d’immenses trains de fret fort lourds et fort longs, donc lents, acheminer vers l’Europe de volumineuses troupes dans le cadre d’une offensive éclair.

Lors d’un stage à l’École Interarmées du Renseignement et des Études Linguistiques, à Strasbourg, on nous montre une photo prise en URSS – « au péril de la vie du preneur de vue » – d’une automotrice sur une de ces voies larges de la Russie et on ose nous prétendre qu’il s’agit d’un train navette de personnel de la Défense soviétique rejoignant ses postes de travail par une voie stratégique.

Nous étions côte à côte avec un camarade, également en stage de renseignement du 2e degré et lui aussi passionné de trains. Officier de cavalerie, il était d’ailleurs plus fort que moi en documentation historique. Mais nous avons tous les deux eu le même sursaut d’indignation. L’automotrice en question était une sorte de TER de ceinture soviétique qui fait le tour de Moscou pour transporter d’une zone à l’autre du personnel tout à fait normal, souvent du personnel enseignant d’une école à l’autre dans ces villes de ceinture qui entouraient Moscou à l’époque. Mais surtout, la ligne électrique qui alimentait la voie n’était rien d’autre que ce qu’on appelle un « trolley », c’est-à-dire une ligne légère qui ne peut en aucune façon acheminer le courant de forte puissance nécessaire à tirer les trains lourds. Rien à voir avec une ligne caténaire normale qui permet de transporter du courant puissant. En clair, jamais aucun train électrique lourd n’aurait pu passer sur cette voie qu’on nous présentait comme stratégique ! Seulement, manque de chance, lors de ce stage ils étaient tombés sur deux connaisseurs des trains et leur « pipeau » n’avait pas pris.

Les instructeurs de l’EIREL étaient gênés, mais la photo et son interprétation venaient de la « Première Armée ». Autant dire, une parole d’Évangile illustrée par une icône. Nous n’avons pas insisté, mon camarade et moi, ni n’avons mentionné l’incident sur la fiche d’évaluation du stage. Nos remarques sur ce fait n’auraient servi à rien chez des gens qui croyaient tout savoir sur les « Sov. » et dont l’argument de base pour éluder toute critique était : « De tout façon, c’est validé par les Américains ». La Première Armée vivait la guerre froide sous perfusion états-unienne.

Nous nous sommes contentés de souligner qu’il faudrait peut-être mettre à jour certaines illustrations et documents…

Avec la réforme des armées intervenue après l’opération Daguet de 1990-91 – en Arabie, Koweït et Iraq – la Première Armée a fini par disparaître. Puis les derniers corps d’armée remplacés par un « état-major des forces terrestres » implanté à Lille. Lille, tout près de Mons en Belgique où règne en maître le SACEUR, ce général états-unien qui commande les Forces alliées en Europe (la partie de l’Otan en installée en Europe).

Malheureusement, cette réforme s’est accompagnée d’une réduction du format de l’armée de Terre. Une de plus. Mais aussi, hélas, d’une autre encore plus dangereuse qui est celle que j’évoque maintenant.

Une réforme néfaste : la fin de la conscription

La conscription assurait un volume de troupes suffisant et la durée d’une année de service militaire permettait d’instruire suffisamment les soldats pour qu’ils fussent en mesure de participer, le cas échéant à la défense de notre pays et de ses intérêts fondamentaux.

La réduction de la durée du service militaire a sonné le glas de cette efficacité. Et la professionnalisation a laissé les armées dans un cocon de feutre étanche qui a fait que plus aucun citoyen, sauf ceux qui ont de la famille « dans l’armée », ne s’est préoccupé de ce à quoi servent nos soldats. Nos enfants et notre argent servent à on ne sait plus quoi : Secret Défense !

Autant dire que si certaines réformes ont du bon, d’autres ont des effets pervers.

Que contient le livre blanc ?

D’abord, une réduction du volume de nos armées, au motif que les raisons qui justifiaient le maintien sous les drapeaux de volumes de troupes importants n’existent plus : nous n’avons plus d’ennemis identifiés en Europe.

Eh oui ! Avec la fin de la guerre froide, même la Russie n’est plus une menace.

En revanche, de nouvelles menaces sont apparues qui justifient que nos armées changent d’objectif : les deux « nouvelles menaces » essentielles sont le terrorisme armé et les intrusions dans les réseaux informatiques stratégiques…

Tiens donc, deux des menaces qui sont les principales préoccupations des rédacteurs du rapport du PNAC !

De même que les États-uniens du PNAC condamnaient en 2000 le char lourd, le porte-avions et les avions de combat pour leur préférer des moyens plus informatisés comme les drones armés, les frégates rapides et furtives armées de missiles ainsi que les véhicules de combat légers, de même qu’ils privilégiaient la guerre préventive qui consiste à frapper une menace potentielle avant qu’elle ne devienne réelle, de même les rédacteurs du Livre Blanc de Sarkozy privilégient une armée très technique et informatisée, qui sera en mesure d’assister les stratèges de l’Otan en leur fournissant du renseignement et en les aidant dans la guerre des étoiles et la cyberguerre.

Car, malgré les détracteurs de nos savoir-faire, les Français sont largement au niveau des États-uniens en matière de renseignement ainsi que de haute technicité aéronautique et aérospatiale. Et même si les Britanniques jouissent d’une bonne réputation justifiée en matière de renseignement, plus justifiée que celle que l’on accorde en général aux Israéliens, les Français sont loin d’être en retard dans ce domaine.

Mais les savoir-faire en renseignement ne servent à rien si on ne dispose pas des moyens militaires pour exploiter ce que l’on sait de l’adversaire : il y a toujours un moment où il faut « venir au contact ». Et se « foutre sur la gueule ». Une armée n’est pas tenue par les mêmes règles de procédure qu’une police et tout ce qu’on lui demande c’est de régler par la force les problème de politique étrangère. Les droits de l’adversaire ne commencent que lorsqu’il est prisonnier. Avant, on joue « La Horde Sauvage ».

Et les gros bataillons ?

On a vu au Liban que la présence de chars lourds dissuade les excités de se montrer trop agressifs. Pourtant, une telle attitude qui évite le recours à la force, si elle satisfait tout à fait le citoyen qui a encore un peu de respect pour la vie humaine, ne satisfait pas du tout les démiurges de Washington. Ceux-ci, depuis le tournant de décembre 1942, considèrent qu’une « bonne » guerre ravage autant les biens civils que militaires. Ensuite, il faut tout reconstruire, au frais des gens sur qui on a tiré. En outre, la consommation, souvent abusive d’armes et de munitions fort coûteuses, enrichit les industriels de l’armement et les actionnaires des sociétés de guerre. Ainsi, pendant l’offensive criminelle de l’Otan contre la Serbie en 1999, les avions de l’Otan, dont les avions français, ont largement fait usage de bombes à sous munitions fabriquées aux États-Unis et qu’il a bien fallu leur acheter. L’offensive criminelle d’Israël contre le Liban en 2007 a vu à nouveau une forte consommation de ces munitions. Encore des dividendes qui sont entrés dans les poches d’actionnaires plus connus pour leurs positions gouvernementales que comme riches investisseurs dans l’industrie de guerre : Richard Cheney, Donald Rumsfeld, pour ne citer qu’eux.

Aussi a-t-on envisagé dans le cadre de la préparation du Livre Blanc de discontinuer la production de chars lourds. Pourtant, on a décidé de ne pas dissoudre tous les régiments de chars. Serait-ce parce qu’il faut commercialiser ce fleuron de la technique de guerre. Auquel cas, il semble judicieux d’en faire fonctionner quelques-uns, même peints en blanc pour les opérations de l’ONU. Quelle meilleure vitrine qu’on beau diorama du côté de Tyr ou sur les berges du Litani pour donner envie à des émirats ou royaumes gavés de pétrole de s’offrir quelques « 4x4 de luxe » que ne produisent pas les Japonais ou les Chinois ?

Il n’y a pas que le commerce, pourtant…

Et s’il y avait autre chose ?
Si, par exemple, les démiurges de la politique néo-coloniale états-unienne ayant décidé d’abandonner la production de chars (voir le document du PNAC), ils se disaient qu’il serait néanmoins bons que certains de leurs supplétifs disposassent de quelques chars lourds relativement efficaces qu’ils produiraient à leurs frais mais qu’ils mettraient en cas de besoin au service de l’Otan ; donc du Pentagone ?

C’est ainsi que les Français, les Britanniques et les Allemands entretiennent encore des unités de chars lourds. Chers à déployer, cher à entretenir, mais parfois efficaces dans certaines configuration du combat. Le SACEUR qui commande l’Otan pourra alors disposer en cas de besoin de forces de chars qui n’auront rien coûté au budget des États-Unis, et de soldats compétents pour mourir à la place de « boys » qu’ils n’arrivent même plus à recruter.

Comme le Livre Blanc fait la part belle, sans trop le dire tout en le disant, à l’intégration de nos armées dans le cadre européen en passant par l’Otan, il convient de se pencher sur ce que signifie cette véritable révolution qui remet en cause la politique indépendante héritée du Général de Gaulle et du retrait en 1966 des dernières forces françaises du commandement militaire intégré de l’Otan.

Union Européenne, Otan et asservissement des nations européennes.

Car l’Otan est au centre de la politique néo-coloniale des États-Unis.
Et cela ne changera pas en cas de majorité aux États-Unis en 2008. Ne croyez pas qu’il y ait de différence de conception entre les démocrates et les républicains : pour eux, les intérêts des États-Unis priment avant tout. Seule la méthode mise en œuvre pour conserver l’hégémonie mondiale change. Les uns sont plus soucieux de donner une bonne image des États-Unis, les autres sont davantage prêts à tout et n’importe quoi pour trouver des prétextes à une politique militaire forte.

Mais si les néo-conservateurs de l’administration Bush & C° se sont lancés dans la guerre en Afghanistan et en Iraq, n’oublions pas que les démocrates de Clinton et Madeleine Albright – que je surnomme volontiers « la vache folle » – se sont lancés dans une opération plus que criminelle en Yougoslavie en 1999.

Dans « Crimes de Guerre à l’Otan », paru en 2000 et réédité mis à jour en 2001, je décris les dessous de cette opération commencée longtemps en amont ; puisque les premiers soubresauts de la guerre d’éclatement de la Yougoslavie commencent en Slavonie orientale en 1991, alors que le premier président Bush est en train de finir la deuxième guerre du Golfe nommé pour nous « Opération Daguet » et pour les États-uniens opérations « Bouclier du Désert » et « Tempête du Désert ».

Je rappelle que le premier conflit que les journalistes ont appelé « la Guerre du Golfe » est l’affrontement Iran Iraq qui a duré de 1980 à 1988.

Les Allemands, « collabo » de Washington

En ce qui concerne la Yougoslavie, les Allemands ont largement contribué à l’éclatement du pays. Ils se vengeaient ainsi du Traité de Versailles de 1920 et de la défaite des divisions mécanisées allemandes contre les partisans de Tito pendant la deuxième guerre mondiale. En reconnaissant – contre l’avis de la communauté européenne – les républiques autoproclamées de Slovénie et de Croatie, ils donnaient l’indépendance, par rapport à Belgrade, au chemin qui conduit à la côte Dalmate (la Slovénie) et à leur quasi colonie en Yougoslavie : la Croatie. Il faut avoir connu la Croatie avant l’éclatement du pays pour se rendre compte de ce que l’allemand était la langue étrangère courante et le Deutschemark la monnaie étrangère en circulation. Je me souviens qu’à Dubrovnik, on pouvait obtenir des dinars yougoslaves contre des deutschemark ou payer directement en mark dans n’importe quel commerce. Pour les francs ou les dollars, il fallait aller à la banque ou dans les bureaux de change.

L’Union européenne n’existait pas. Mais elle aurait existé, cela n’aurait rien changé : tout en servant leurs propres intérêts, les Allemands faisaient le jeu des États-Unis. Car, et j’ai pu le mesurer par l’expérience des milieux internationaux lorsque j’étais à l’Otan à Bruxelles, les Allemands étaient alors les seuls vrais « collabo » des états-uniens en Europe. Bien plus que les Britanniques, mais j’expose tout ceci dans « Crimes de Guerre à l’Otan ».

Autant dire que le « couple franco-allemand » ne peut conduire, en matière de construction européenne qu’à un échec politique. Le PNAC a disparu en 2005, remplacé par un nouveau « Groupe de réflexion pour une Europe forte ». Ainsi, ce groupe de réflexion qui a mis au point la doctrine de la nouvelle politique internationale états-unienne se trouve maintenant tout attaché à la construction d’un Europe « forte ». On croit rêver.

Élargissement de l’Otan, élargissement de l’Union

On constate une chose : tous les pays qui rejoignent l’Union Européenne commencent par entrer dans l’Otan. Je ne vais pas faire le détail pour éviter d’alourdir mon propos, mais je vous engage à le vérifier par vous-même en allant sur le site de l’Otan et sur celui de l’Union. Regardez à quel moment les nouveaux pays membres de chaque organisation les ont rejointes. C’est édifiant.

Dans le même temps, vérifiez les positions des pays membres du comité militaire de l’Otan et du Comité militaire de l’Union européenne sur les divers conflits en cours, c’est aussi édifiant.

On pourra m’objecter qu’en ce qui concerne l’Iraq, si tous les pays de l’Otan ont fourni des troupes à la coalition mise sur pied par les néo conservateurs de Dick Cheney, seuls l’Allemagne et la France se sont abstenues. Donc, que mon affirmation sur le collaborationnisme des Allemands vis-à-vis des États-Unis se trouve infirmée. Or, il faut se souvenir que c’est Schröder qui est chancelier à ce moment-là. Il a besoin d’une coalition avec les verts, il n’est pas de la même obédience politique que Kohl. En outre, et cela on ne l’a pas trop dit, l’Allemagne, comme la France, a continué une certaine coopération industrielle avec le régime du Président Saddam Hussein pendant la période de l’embargo de 1991 à 2003. L’opération états-unienne, sans aval des Nations unies, qui a conduit à l’invasion de l’Iraq a pris tout le monde un peu de cours…

Mais Shröder a payé cher cette incartade et s’est vu remplacer par la beaucoup plus orthodoxe – quoique ancienne est-allemande – Angela Merkel.

Pour revenir au Livre Blanc, examinons cet aspect d’« Otanisation » et d’européanisation.

Une Europe « conditionnelle »

Si les États-Unis sont demandeurs d’une Europe avec une certaine existence politique, ils ne veulent pas pour autant d’une Europe indépendante. Ils veulent une Europe unifiée sous une seule autorité politique, suffisante pour éviter toute velléité d’indépendance de ses États membres, mais trop faible pour permettre l’affirmation d’une indépendance politique européenne. S’ils y parviennent, ils auront réussi non seulement à museler définitivement toute objection de la part des pays membres de l’Otan en matière de politique internationale, mais encore à s’assurer de la coopération militaire de pays dont le niveau technique leur permet d’appuyer efficacement les actions de forces de Washington au moyen de forces armées compatibles en doctrine de guerre et en moyens de communication avec ce qui a cours aux États-Unis.

Pour parvenir à cette colonisation de l’Europe, les stratèges états-uniens ont entamé un long processus de « normalisation » dès la création de l’Otan.

Provoquée par le blocus de Berlin à la fin de l’année 1948, mais aussi, on le dit moins par la nécessité de contrer tentatives de Moscou de soutenir la révolution communiste en Grèce au cours de la même année 1948, l’Otan est d’abord apparue comme une alliance de défense contre une menace encore bien ténue à l’époque, celle de l’armée soviétique. De fil en aiguille, la course aux armements de plus en plus chers de part et d’autre du rideau de fer a fini par avoir raison d’un système économique soviétique incapable de lutter contre la prolifération aux États-Unis et en Europe occidentale de systèmes d’armes de plus en plus efficaces et que les Soviétiques considéraient comme menaçants pour la sécurité du bloc de l’Est.

Les armées européennes, exsangues après la seconde guerre mondiale, se sont trouvées bien aises de pouvoir s’armer avec les surplus de l’industrie de guerre des États-Unis. La France et la Grande Bretagne, empêtrées dans leurs conflits de décolonisation, ont eu trop à faire en matière de reconstruction et d’opérations militaires en Inde, en Indochine et en Afrique.

Mais il suffit de considérer le type de matériel qui équipait l’armée française jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie pour mesurer la quantité d’argent qu’ont engrangé les manufacturiers d’armement américains, argent destiné à équiper nos armées en avions, hélicoptères, armement lourd ou léger. Je me souviens avoir tiré en exercice, dans les années 70 alors que j’étais officier d’artillerie, des quantités d’obus de guerre de fabrication états-unienne dont il fallait bien écluser les stocks.

Otan, arme nucléaire et indépendance nationale.

La France, comme tous les pays européens alliés des États-Unis au cours de la seconde guerre mondiale, a donc signé le traité de l’Atlantique nord et mis des troupes sous le commandement intégré du Commandant Suprême des forces alliées en Europe, le général états-unien qui commande les forces de l’Otan. Le SHAPE, (Supreme Headquartes Allied Powers Europe = commandement suprême des puissances alliées en Europe) s’est installé en France, à Saint Germain en Laye. Une telle implantation a justifié l’agrandissement de l’ambassade des États-Unis en France, installée à Paris à deux pas du Palais de l’Élysée. Il était intéressant pour Washington de surveiller de près cet allié ombrageux, assagi depuis le départ du Général de Gaulle du pouvoir à la fin du gouvernement provisoire et lors de l’instauration de la IVe République. Mais la « Prima Donna », comme l’avait surnommé Roosevelt, était encore vivante et bougeait encore malgré sa traversée du désert à Colombey les Deux Églises.

Malheureusement pour les ambitions états-uniennes contre la France, ce pays était membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. Autant dire que lorsque dès son retour aux affaires l’adversaire résolu des ambitions expansionnistes états-uniennes en Europe s’est lancé dans la course à l’acquisition d’une arme nucléaire nationale, Washington n’a pu faire passer aucune résolution à l’ONU pour empêcher le France de se doter, comme les États-Unis et l’URSS avant elle, de « l’arme absolue ».

Ne pensez pas que l’arme nucléaire a été une découverte pour nos artilleurs lorsque se sont mis en place les missiles terrestres Pluton. Car l’arme nucléaire était présente dans les trois armées Terre Air et Marine, même si on ne la trouve plus aujourd’hui – en principe – que dans la Marine.

Avant 1966 et le retrait des dernières forces françaises cu commandement intégré de l’Otan, des régiments français stationnés en Allemagne mettaient en œuvre les roquettes – états-uniennes, bien sûr – Honest John. Les Français entretenaient les lanceurs, les roquettes, prenaient la garde autour des dépôts mais, à de rares exceptions près, n’avaient pas le droit d’entrer dans les dépôts. Soumis à de minutieux contrôles opérationnels de la part des états-majors de l’Otan, ils participaient, aux frais de la France, à des manœuvres qui se finissaient en général dans des camps de tir le long de la frontière tchèque, comme le camp de Graffenwöhr, par exemple.

En cas de guerre, les artilleurs français auraient donc été les premières cibles d’un éventuel agresseur venu du fin fond des steppes de l’Asie centrale, et leur écrasement sous les déluges de bombes chimiques tirées par les cosaques sauvages au couteau entre les dents aurait eu lieu sur le sol d’une Allemagne coupée en deux par les arrangements soviéto - états-uniens.

Pour éviter que les soviétiques n’allégeassent leur effort de Défense en raison de l’essoufflement de leur industrie, les États-uniens faisaient procéder tous les deux ans aux exercices de mobilisation nommés manœuvre « Reforger ». Entre trois et quatre cent mille rappelés venus du Canada et des États-Unis arrivaient en Allemagne par des ponts aériens où la base aérienne de Ramstein jouait un rôle central. Les rappelés sortaient le matériel de guerre stocké dans les centres mobilisateurs et participaient à de gigantesques manœuvres en terrain civil. Les premières fois, me racontait un camarade soviétique lors d’une soirée que nous passions dans un poste du Sinaï, cela a déclenché la panique à l’État-Major de Moscou qui croyait à une offensive surprise de la toute nouvelle Otan.

Voilà ce qu’était l’Otan des débuts : un lucrative affaire pour les investisseurs dans l’industrie de guerre, justifiée par la peur. La peur de la menace Soviétique à l’ouest du Rideau de Fer, et la peur des vampires capitalistes en URSS et dans les pays satellites.

L’arme nucléaire française, dans l’Union Européenne

L’arrivée sur la scène otanienne de l’arme nucléaire française a radicalement changé la donne.
Souvent raillé pour sa décision de faire entrer l’arme nucléaire dans l’arsenal militaire national français – tous les chansonniers se moquaient de la « bombinette » – le Général de Gaulle a lancé la France dans un programme nucléaire complet, civil pour assurer l’indépendance énergétique du pays, et militaire pour assurer l’indépendance diplomatique de notre pays.

Le résultat a été que la France a rapidement disposé d’armes nucléaires tactiques, préstratégiques et stratégiques mettant à contribution l’Armée de terre et ses missiles Pluton, l’Armée de l’air avec ses Mirages IV équipés d’armes stratégiques, son Plateau d’Albion tirant des missiles intercontinentaux, et la Marine avec ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins eux aussi intercontinentaux.

Que l’évolution de la menace ait conduit à adapter cette défense est tout à fait logique. Le démantèlement de l’armement nucléaire tactique et préstratégique n’est pas une aberration en soi, tant il est vrai qu’il ne semble pas que perdure un risque de guerre partant du sol européen, domaine de tir de ces armes.

C’est pourquoi, le Livre Blanc conserve la dissuasion nucléaire assurée par les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.
Le président de la République a affirmé avec force que la force de frappe française resterait nationale et indépendante de l’Otan. C’est du moins ce que laissent conclure ses propos. De la même façon, il avait affirmé qu’on ne privatiserait ni EDF ni GDF. On peut donc douter de son engagement sur le fait que l’arme nucléaire restera vraiment française. Qu’elle reste payée par les Français et entretenue à leurs frais, c’est sûr. Que la France conserve l’indépendance nécessaire pour s’en servir à son gré, cela me semble bien fini.

Car, dans le même temps où nous débattons, l’Union Européenne étudie les modalités d’abandon par la Grande Bretagne et la France de leur siège de membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Et la presse se fait peu l’écho de cette information, ou du moins n’y fait-elle allusion qu’avec de petites touches sans commentaires.

Or, ceci va avoir une influence radicale sur la détention par la France de l’arme nucléaire. En effet, si nous sommes remplacés au Conseil de sécurité de l’ONU par un seul siège occupé par l’Union Européenne, cela voudra dire que nous ne pourrons plus mettre de veto à une résolution qui nous desservirait. En l’occurrence, si notre arme nucléaire gêne des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, rien n’empêchera l’un d’entre eux de proposer une résolution condamnant notre pays pour la détention d’armes de destruction massive ou comme État « proliférant » ; au cas où nous vendrions du nucléaire civil à des États que les États-Unis, par exemple, présenteraient comme « voyous ».

Compte tenu de l’inexistence politique de l’Union Européenne, gageons que celle-ci s’alignera sur le vote états-unien et ne mettra pas de veto à la condamnation de la France.

Ainsi, si la France veut conserver une défense nucléaire, à moins de conserver un droit de veto à l’ONU, elle ne pourra pas faire autrement que de rejoindre le groupe des plans nucléaires de l’Otan, et donc mettre sous la coupe de l’Otan, donc des États-Unis un système de dissuasion que nous payons depuis longtemps avec nos impôts, que nous continuerons à financer et qui ne sera plus à nous.

Le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan fera que nous rejoindrons aussi le Comité des plans de Défense de l’Otan. Ce qui fait que nous alignerons nos plans de Défense et donc notre politique militaire sur les décisions de l’Otan. Nous nous inscrirons ainsi dans un schéma de Défense global qui, soyons-en certains, servira d’abord les intérêts des États-Unis. L’Armée française ne sera plus qu’une composante de l’Armée otanienne, comme l’inexistante armée européenne qu’aucun pays membre de l’Otan ne tient à voir réellement fonctionner. Ainsi, les États-uniens disposeront-ils d’un réservoir de troupes à leurs ordres et financées par des alliés enfin mis au pli. Ils feront la guerre par supplétifs interposés qui défendrons les intérêts états-uniens avec leur sang et nos deniers.

C’est ce qu’on appelle en politique internationale l’Indirect Rule. Cela permet d’éviter un écueil que souligne le PNAC dans son rapport : celui dans lequel une présence états-unienne trop pesante risque de susciter des réactions nationalistes locales anti-états-uniennes.

Cela permet aussi de répondre à une autre préoccupation du même PNAC, celle de s’assurer que toutes les forces alliées soient entraînées à faire la guerre suivant les mêmes méthodes que le Pentagone et aient les mêmes buts de guerre que les États-Unis.

Le Livre Blanc, le PNAC et le nouveau format des armées françaises.

On constate tout d’abord une réduction du format des armées françaises. Elle s’accompagne pour la première fois d’une réduction de la demande aux armées françaises. Je me souviens d’un chef d’état-major des armées, le général Lagarde, qui nous avait demandé d’« en faire moins, mais le faire mieux ». Cela s’était malheureusement traduit dans les faits par « en faire autant avec moins ». Une réduction de 54.000 hommes du volume de nos armées va encore réduire le temps disponible pour que ceux qui restent puissent faire face à toutes les tâches indispensables, qui sont l’instruction, l’entraînement, les missions, la remise en condition du matériel et surtout, celle du personnel.

Réduire le coût du soutien en évitant les « doublons »

Certes on « rationalise » les fonctions de soutien. Pour ce faire, on va créer des pôles de synergie en regroupant les unités et en mettant en commun les services de soutien non spécifiques comme l’alimentation, l’habillement, la santé, le carburant ou l’entretien du matériel de gamme civile.

Or, cela n’a rien de nouveau. Pendant les opérations auxquels j’ai participé, les fonctions assurées par le Service des essences des armées, par le commissariat ou par l’arme du matériel étaient assurées par spécialités d’armées pour certaines fonctions, et en interarmées pour d’autres. Le transport de carburant, pendant l’opération Daguet, par exemple, était assuré indifféremment au profit de l’Armée de terre ou de l’Armée de l’air. Il est vrai que les avions, les hélicoptères et les véhicules terrestres, ces derniers tous Diesel à part une vieille Jeep qui servait à un poste radar de l’Armée de l’air, fonctionnaient tous au même carburant de type TRO3. Mais le commissariat de l’Armée de terre soutenait toutes les armées dans la zone de responsabilité Armée de terre et celui de l’Armée de l’air soutenait le personnel de toutes les armées dans la zone de plus forte présence de l’Armée de l’air.

Une logique « de surface »

En temps de paix et en France, il semble logique qu’un seul corps de mécaniciens pour automobiles soutienne tous les véhicules légers de gamme civile. Mais la tentation est forte, alors, d’externaliser le soutien de ces véhicules à des entreprises civiles. La solution semblerait logique.

Or, en temps de conflit, ces véhicules de gamme civile partent aussi en opérations, pour certains d’entre eux. Par exemple, j’ai observé des Saxo ou des AX de gamme civile sur les Bases aériennes d’Afrique ou d’Arabie. Ces voitures servaient au déplacement des équipes de mécaniciens ou d’armuriers entre les ateliers et les avions de combat ou de transport. Il faut couvrir une grande longueur de pistes pour se rendre des ateliers principaux aux parkings en étoiles – surnommés « marguerites » – où sont garés les avions que l’on disperse pour éviter que trop soit détruits d’un coup en cas d’attaque surprise, aérienne ou terrestre. Il n’y a donc rien de « luxueux » dans le fait de fournir aux mécaniciens des véhicules du type de ceux évoqués plus haut pour se rendre des ateliers aux avions, ou pour faire la liaison entre les avions de transport, garés loin, et les ateliers afin de transporter les colis de petites dimensions contenant des pièces de rechange de petite taille et qui arrivent de France.

Cet aspect de la vie d’une base aérienne est totalement étranger aux gens qui n’ont jamais vécu d’opérations de guerre aux côtés des aviateurs. Or, si l’opération perdure, il faut bien entretenir ce matériel. Il faut bien alors déployer en opération du personnel destiné à le faire et entraîné à le faire même dans des conditions sortant du cadre d’un garage confortablement installé en France avec des mécaniciens qui « font leur 35 heures ».

On mesure alors l’inanité de l’externalisation qui consiste à faire procéder à cet entretien « dans le civil ». Il en va de même pour de nombreuses autres activités mais s’étendre alourdirait encore notre propos.

En revanche, si on envisage la fonction militaire comme un moyen de « prêter » à la puissance dominante otanienne des soldats et leur matériel pendant une durée limitée, si on cherche à réduire les coûts à tout prix, au nom du rendement qui sous-tend toute activité commerçante dans un monde où les budgets d’États échappent aux États pour entrer sous la haute autorité de banques centrales, alors tout entre dans une certaine logique. Qui n’a plus rien à voir avec quelque notion d’indépendance nationale que ce soit.

Et même dans le cas d’opérations de coalition, j’ai pu constater les difficultés que nous avions, dans l’armée britannique au sein de laquelle j’ai servi pendant quelques mois, pour faire entretenir les Land Rover. Les ateliers militaires étaient restés en Allemagne et en Grande Bretagne. Ils avaient détaché en opération en Bosnie-Herzégovine quelques mécaniciens qualifiés mais peu nombreux avec de l’outillage de campagne, en quantité suffisante, lui, puisqu’il venait des dépôts de mobilisation où il avait été stocké lors de la dissolution d’unités de combat. Mais, faute d’avoir servi, il était à remettre en état pour nombres de pièces d’usure : joints des circuits d’hydraulique des chèvres de soulèvement des moteurs, tuyaux d’air comprimé des stations de gonflage, pneus des diables de garages qui avaient perdu leur élasticité faute de servir. Du détail, tout cela, mais qui fait nettement baisser le rendement de l’entretien en opération, là où il devrait être à son maximum. Et encore ne s’agissait-il pas d’une opération de guerre classique où personnel et matériel sont soumis à un rythme de combat plus intense.

Le matériel de combat et un paradigme de la guerre entièrement dépassé.

D’après le Livre Blanc, on conserve semble-t-il des avions et des chars de combat, à la différence de ce que préconise le PNAC pour les États-Unis. Il restera à la France à peu près autant de chars lourds qu’à la Grande Bretagne, moins qu’à l’Allemagne.

Au moment où les États-uniens et les Britanniques étudient de nouveaux véhicules de combat adaptés aux nouveaux théâtres d’opération urbain, il semble que le France ne se lance pas dans ce créneau. Un char comme le Leclerc coûte au budget des armées environ 800 millions d’euros l’unité. Pour ne pas servir à grand’ chose dans une ville aux rues étroites où son canon ne peut pas tourner sur 360 degrés. Certes son blindage rassure, mais n’importe quel fantassin courageux armé d’un missile antichar moderne le détruit avant que son équipage ait vu venir quoi que ce soit.

Alors pourquoi conserver de ces chars en Allemagne, en Grande Bretagne et en France ? Simplement pour que l’Otan, c’est-à-dire le Pentagone, puisse encore disposer de ce type de matériel en cas de nécessité. Pendant ce temps, les industriels états-uniens continuent à mettre au point du nouveau matériel qu’ils vendront ensuite aux « alliés » afin que ceux-ci aillent risquer la vie de leurs soldats pour des profits privés de grosses sociétés financières. La vie de leurs soldats mais aussi celle de matériel américain ; mais rassurons-nous il aura été payé par les budgets des « alliés » ; qui ne seront donc plus que des pays satellites.

La haute technique au service de l’occupant

Et justement, puisque l’on évoque le cas des satellites… L’agence spatiale européenne, plus couramment dénommée European Space Agency, ESA, sans doute pour mieux se caler sur la NASA, fait que l’Aérospatiale a concrètement disparu. La fusée Ariane, fleuron de la haute technique française, a disparu de la concurrence envers le monde spatial d’outre Atlantique. Elle lance des satellites commerciaux, ce qui rentabilise les investissements mais a détruit tout pouvoir stratégique français dans l’espace : Ariane appartient à un « consortium européen ».

Or, l’espace est stratégique. Nous avons vu que le PNAC définit les nouveaux espaces communs, espace et cyberespace, comme des objectifs de conquête d’une Amérique qui entend bien rester maître du monde.

Le Livre Blanc prend bien en compte cet aspect de la stratégie militaire, mais en page 185, le schéma qu’il expose montre bien comment les efforts nationaux s’intègrent dans un cadre otanien d’utilisation guerrière de l’espace. Une utilisation qui procède du principe de guerre préventive cher aux stratèges de Washington.

Dans le cadre de la réorganisation des armées, et sous prétexte de rentabiliser les installations de bureaux d’états-majors, le ministère de la défense a décidé de regrouper toutes ses composantes en un seul endroit, place Balard, dans l’actuel état-major de l’Armée de l’air. En regroupant ainsi tous les éléments de décision politiques et militaires en matière de Défense, on constitue une sorte de « Pentagone à la française » comme l’ont annoncé des journalistes sur divers médias. Avec la docte assurance de spécialistes autoproclamé de la Défense, ceux qui se sont exprimés sur les médias audiovisuels ont articulé avec componction, en faisant bien saliver leur langue sur cette comparaison qui flattait leur esprit collaborationniste, cette expression dont le ridicule n’apparaît qu’aux gens qui font encore preuve d’esprit d’examen.

Un tel concept est d’une stupidité crasse. D’abord, parce que travaillent tous les jours au Pentagone une foule de gens dont le nombre avoisine le nombre de personnes que la nouvelle réforme de nos armées va renvoyer dans leurs foyers. Ensuite parce que regrouper en seul endroit toutes les forces vives des armées françaises et du ministère de la Défense fait de cet endroit une cible de choix pour les aventuriers du XXIe siècle.

Les installations de la Place Balard s’étalent sur une superficie bien moindre que celle du Pentagone, véritable petite ville de cinq étages de haut qui forme une île au milieu d’un espace suffisamment dégagé pour que la surveillance ses abords soit relativement aisée. Quitte à faire déménager les états-majors et les bureaux du ministère, il aurait été plus judicieux de les installer dans de nouveaux locaux, quitte à créer une véritable ville militaire intelligemment conçue.

Non, la réforme de l’échelon central ne crée pas un véritable Pentagone à la française mais bien un bricolage à l’utilisation mal commode dont on cherche à masquer l’insuffisance par une comparaison empreinte de suffisance.

En revanche, pour les Américains que l’on cherche à flatter, il leur sera plus facile de rencontrer rapidement les décideurs politiques et militaires français auxquels on aura des Ukases à imposer. Et si d’aventure un missile croisière venait à son tour à frapper le « Pentagone à la française », à l’instar de ce qui s’est produit le 11 Septembre sur celui des États-Unis, gageons que les dégâts seront d’une autre ampleur…

Le livre blanc et la police

C’est à dessein que j’emploie ce titre plutôt réducteur en apparence. Dans son livre blanc sur la sécurité nationale et la défense, le président a tout fait mélanger par les rédacteurs. Le ministère de l’intérieur tient une place importante, non seulement dans ses aspects de police, mais encore dans ses aspects de protection civile et de sécurité civile.

Or, pour avoir été pompier – peu de temps – en unité de Sécurité civile, je suis bien placé pour savoir qu’il y a fort longtemps que des unités militaires servent au profit du ministère de l’intérieur. Et je ne parle pas seulement de la Brigade de sapeurs pompiers de Paris ou des Marins pompiers de Marseille. J’évoque surtout les unités de Sécurité Civile comme l’UISC 7 de Brignolles ou encore l’UISC 1 de la région parisienne. Ces unités entièrement formées – à l’époque – de militaires mettaient en œuvre du matériel de lutte contre l’incendie ou de secours routiers de gamme civile appartenant au ministère de l’Intérieur. Des unités de combat militaires, dites UMS – unités militaires spécialisées – venaient en renfort des pompiers et des unités de Sécurité civile lors des grands feux de forêt ou de garrigues des étés méditerranéens.

On n’a donc pas attendu ce Livre Blanc pour disposer d’unités organiques placées pour emploi sous l’autorité du ministre de l’intérieur.

Conclusion attristée : Les États-Unis se comportent comme l’URSS, les moyens financiers en plus

Autant dire que tous les développements de ce nouveau livre blanc, sous une apparence de cohérence et de logique, enfoncent des portes ouvertes. Tous ces truismes savamment étalés peuvent avoir deux buts : donner un semblant d’instruction militaire à un président qui a fait un service militaire simple soldat, sans avoir même suivi de peloton d’élève officier de réserve et n’a de ce fait pas grande légitimité en matière militaire, ou, pire, de camoufler, sous le volume d’informations inutiles, des évolutions dangereuses de la politique de défense de notre pays.

L’alignement sur l’Otan va inévitablement avoir pour conséquence la disparition de la France du groupe des grandes puissances. Ceci pour deux raisons :

1 - son arme nucléaire, garante de son indépendance, va passer sous contrôle de l’étranger, et d’un étranger qui ne cache pas ses ambitions hégémoniques mondiales,

2 – la réduction du format de ses armées à une simple réserve destinée à l’Otan dans le cadre de la mise en coupe réglée des l’Europe par les États-Unis rendra impossible toute actions militaire nationale sans aval du SHAPE.

Rajoutons-y le fait que l’Union Européenne entend bien ravir les sièges de membres permanents au Conseil de Sécurité à la France et à la Grande Bretagne, et nous aurons fait le tour de la braderie de la souveraineté nationale à laquelle se livrent les européistes – notre président en tête – qui se comportent comme les collaborateurs dont on besoin tous les régimes impérialistes.

Je rappelle au lecteur que l’adjectif « impérialiste » faisait partie du vocabulaire du Département d’État entre les deux guerres, avant que les communistes ne s’en emparent pour en faire un épouvantail qu’ils agitaien
Si nous laissons se faire les choses, nous n’aurons bientôt plus d’autre solution, pour rester ce que nous sommes, des hommes libres, que d’entrer dans une résistance qui ne pourra être qu’armée.

Car sur le sol d’un pays, il y a toujours une armée, la sienne ou celle de l’occupant. C’est triste, mais c’est ainsi.

La politique internationale des États-Unis ne repose que sur la force, au nom du réalisme.

Soit nous cédons à cette force et entérinons donc tous les malheurs qu’elle a entraînés, non seulement dans le passé ancien mais aussi depuis la fin de la guerre froide, soit nous réagissons.
Un telle situation de nos armes a conduit à deux incidents sur lesquels je vais revenir dans quelques temps : celui de Carcassonne et celui de l’embuscade en Afghanistan… Mais il me faut un peu de temps pour synthétiser mes données et il me reste quelques informations à recouper pour réduire les risques d’erreur à pratiquement néant…

Pierre Henri BUNEL

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