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Procès AZF : jamais deux sans trois

mardi 24 janvier 2017

En ce janvier 2017, mois des bonnes résolutions, cela ne sera certainement pas celui de la justice française. Les victimes toulousaines de la catastrophe du 21 septembre 2001 vont devoir encore revivre le souvenir choquant de l’explosion de l’usine AZF.
Malgré la relaxe de Total et l’impossibilité de démontrer la thèse de l’accident, le procès reprend à Paris à la Cour d’Appel de Paris.
Pourquoi Paris ?
En raison de la loi qui impose de juger les catastrophes comme les actes « terroristes » par des cours « spéciales ».
Pourquoi maintenant ?
En raison de l’appartenance d’une magistrate à une association d’aide aux victimes, ce qui a permis de casser et annuler l’arrêt de la cour d’appel de Toulouse en 2009.
Qui va payer ?
Total a déjà déboursé 2 milliards et conclu un accord avec la caisse primaire d’assurance maladie pour payer les prothèses auditives à hauteur de 4000 euros par personne. Mais selon le verdict du jugement, soit c’est un accident et c’est Total qui paye, soit c’est un attentat et c’est l’Etat qui paye. Peut-être que le noeud de ces péripéties judiciaires se trouve là.
Etant donné l’état des caisses de la république, ce procès verra probablement la condamnation de l’industriel au profit d’un mensonge d’Etat.

Revivez les différents articles que nous vous proposons ici

Le 3e procès AZF s’ouvre mardi
Explosion de l’usine AZF

Le procès en appel de la catastrophe d’AZF va s’ouvrir mardi à Paris, seize ans après. Loin de Toulouse, et des victimes qui s’indignent de cet éloignement.

C’est donc à Paris, bien loin du cratère, et des quartiers sinistrés que va se dérouler le procès en appel de la catastrophe d’AZF. Au grand dam de la plupart des associations de victimes, qui s’indignent de cet éloignement.

L’explication ? Un décret du 26 décembre 2014, fixant la liste et le ressort des pôles judiciaires spécialisés en matière d’accident collectifs. Globalement, la France est regroupée sur deux pôles, l’un à Paris, l’autre à Marseille. Toulouse dépend désormais de Paris. Le but de cette loi est de confier ces enquêtes monstrueusement complexes, avec un nombre de victimes énormes à des juridictions spécialisées, tant en matière d’enquête que de traitement des victimes.

Et lorsque la cour de Cassation a annulé le procès en appel qui s’était déroulé à Toulouse, c’est en toute logique que la Cour d’Appel de Paris a hérité du dossier.

Les victimes toulousaines avaient pu croire à un moment donné que le procès pourrait malgré tout se dérouler dans la Ville rose. En visite dans l’Ouest toulousain en septembre 2015, la garde des Sceaux, Christiane Taubira avait estimé que « le nouveau procès pouvait se tenir à Toulouse ». Mais quelques jours plus tard, elle rectifiait le tir : « Un ministre ne peut aller contre une décision de la Cour de Cassation. »

C’est donc bien sur l’Île de la Cité, dans ce Palais de Justice séculaire, et dans la première chambre de la Cour d’Appel de Paris (dans les lieux où s’est déroulé le procès de Pétain en 1945 !) que se dérouleront les débats.

La Chancellerie, consciente de la rancœur des victimes, s’est appliquée à trouver des aménagements. D’abord, le procès sera retransmis au centre de Congrès Pierre Baudis de Toulouse (puis à l’espace Vanel de la Médiathèque) avec possibilité d’indemnisation des victimes parties civiles, avec un système de badges pour un émargement électronique, à Toulouse et à Paris.

Par ailleurs, une indemnisation des frais de transport, de repas et d’hébergement à Paris est prévue aussi pour les parties civiles : il y a même des avances sur frais qui seront consenties.

Et on repartira ensuite sur un long, très long marathon judiciaire, qui, sur le fond, ne devrait pas réserver de grandes surprises. Tout a déjà été exploré, épluché, disséqué. Mais chacun reste encore avec sa vérité.
Dominique Delpiroux

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