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Procès AZF : illusion de justice pour une raison d’État

jeudi 2 juillet 2009

Le procès de la catastrophe AZF qui a duré quatre mois s’achève dans l’incompréhension générale. Ce devait être le procès du siècle et ce ne sera que celui des désillusions flagrantes de la machine judiciaire et la victoire de la raison d’État.

Au cours des semaines qui se sont succédées, nous avons abordé plusieurs points dont deux majeurs : la piste de l’accident chimique et la piste terroriste ou de l’acte de malveillance

La piste chimique involontaire et imaginaire.

Toute l’accusation du procès AZF repose sur le sac de DCCNA retrouvé par miracle près du hangar 335 et le coupable désigné en la personne de Gilles Fauré qui déversa la dernière benne dans le hangar 221. L’ usine poubelle que l’on a tenté de nous décrire ne ressemble pas à celle que les ouvriers de Grande Paroisse connaissaient. Tel un scénario de film catastrophe, on a tenté d’associer incompétence et manquement des règles de sécurité. Or Monique Mauzac, directeur de recherche au CNRS spécialiste en chimie, veuve d’André Mauzac ingénieur à Grande Paroisse, ne cesse de répéter que le mélange chimique ne tient pas, et la communauté scientifique ne suit pas les conclusions de l’instruction ni celles du tribunal.

Ce procès était d’abord technique, pourtant de graves lacunes scientifiques sont apparues tout au long de l’instruction judiciaire et le procès n’a pas été d’un meilleur niveau.

Passons sur les soi-disant phénomènes de « cage de Faraday » découverts par le président Le Monnier, et sur les erreurs de Claudie Viaud du ministère public lorsqu’elle se risqua à faire des comparaisons de détonique. Personne dans ce tribunal n’osa dénoncer des énormités comme l’expertise de Van Schendel supposée démontrer que l’explosion est un accident simplement à partir de la forme du cratère dite en ’ tétine ’, mais il est vrai qu’il fallait un coupable désigné pour que le scénario initial soit celui des réquisitions.

Ce manque de rigueur fut symptomatique aussi lorsque la piste terroriste fut écartée. Si l’actualité de l’attentat de Karachi en 2002 nous rappelle que les contentieux financiers entre Etats peuvent susciter des représailles sanglantes, cet aspect ne sera pas creusé pour le procès AZF. Pourquoi, parce que cette piste chimique bien qu’invalidée par les reconstitutions doit tenir coûte que coûte sur la durée du procès ? C’est en cela que l’on peut parler d’acharnement judiciaire pour justifier un scénario qui aurait du mal à figurer dans les manuels scolaires de chimie. Pourquoi le tir 24 n’a-t-il pas été reproduit ? Si ce scénario est le bon pourquoi ne pas reproduire l’expérience avec des tirs 25, 26, 27...comme l’exige une démonstration de nature scientifique.

Dans ces circonstances, condamner Grande Paroisse ainsi que Serge Biechlin n’avait aucun sens sinon au seul nom de la Raison d’Etat.

La piste terroriste non investiguée.

Un exemple, durant le procès le Président Le Moynnier a lancé une commission rogatoire, à propos de l’arrestation de Valence d’Agen. Cette commission rogatoire est revenue en disant qu’un seul véhicule avait été arrêté (et non deux) par les gendarmes du peloton autoroutier. Pourtant le commandant de gendarmerie était venu témoigner auparavant à la barre pour dire que deux véhicules avaient été arrêtés. Pourquoi a-t-il parlé de deux véhicules ? La raison en est sans doute qu’il a bien eu connaissance que deux véhicules ont été arrêtés mais que le deuxième véhicule ne l’a pas été par les gendarmes mais par un autre service de police, quatre heures après la première interception réalisée par les gendarmes. Etrangement, le tribunal ne s’est pas risqué à demander des précisions sur cette deuxième arrestation, ce qui l’aurait inévitablement amené à la question qu’il ne fallait pas poser : Que sont devenus les passagers de ce véhicule ? .

L’autre découverte durant ce procès, c’est que l’ordre d’intercepter le premier véhicule venait de la gendarmerie de Toulouse. Comment la gendarmerie de Toulouse a-t-elle pu surveiller le départ de ce véhicule, s’il n’était pas suspect ou bien repéré et identifié bien avant l’explosion d’AZF ?

L’actualité de ces derniers jours avec l’attentat de Karachi illustre ce que les services secrets peuvent faire en matière de désinformation. L’Etat invalide la piste Al Qaida puisqu’il s’agit d’un contentieux financier entre Etats comme pour l’affaire Eurodif. Qu’en est il pour Toulouse ? Est-ce qu’une dette pouvait intervenir le 21 septembre 2001 ? Le contrat des sous-marins avec la DCN fut signé le 21 septembre 1994, cette date est elle un indice ?

Nous ne le saurons jamais, à moins que certains se mettent à parler.

Les questions aux témoins

Enfin pour terminer, nous pouvons inclure dans la tripartite du procès AZF le Tribunal, les avocats des parties civiles et ceux de la défense. Jamais il n’a été convenu de mettre ce procès dans un ordre chronologique. Les témoins de la catastrophe ont tous en mémoire ce qui s’est réellement passé et ils sont une source d’information essentielle pour comprendre cette affaire. Pourtant, le tribunal n’a cessé de les placer en contradiction les uns avec les autres, voire de les intimider, en brouillant la chronologie des dépositions.

En préalable, le Président du Tribunal, Thomas Le Monnyer, s’était livré à une réflexion sur la relativité des témoignages dont voici un extrait : « Avant d’entendre les témoins, je voudrais vous faire un peu de lecture pour vous montrer la difficulté à laquelle sont confrontés les témoins. Cette question des témoignages, il est difficile de lui accorder une valeur probante. Plusieurs facteurs peuvent influer le témoin, le vécu, l’intensité du stress, la difficulté de décrire avec des mots communs un événement extraordinaire. Après l’événement, alors qu’il mobilise tous les médias, l’impact que ces médias ont pu avoir, son environnement, se dire que l’on peut avoir été influencé... Dernière évidence : le temps qui peut être plus ou moins long entre le témoignage et l’événement. »

Les témoignages qui allaient donc se succéder à la barre après cette déclaration ne revêtiraient donc pas, aux yeux du Tribunal, de valeur probante. Aurait-on voulu enlever tout crédit aux témoins de la défense que l’on ne s’y serait pas pris autrement.

Même aveuglement pour certaines parties civiles qui n’ont jamais souhaité que la piste terroriste soit prise en compte malgré une multitude de témoignages. Les témoins décrivent à la barre un arc lumineux qui se déplace en direction du hangar 221 juste avant l’explosion de l’usine, pourtant aucun avocat de la défense n’ose parler de tir de missile, comme si le sujet relevait du tabou. C’est l’histoire qui se répète comme pour le drame de la maison des têtes de Toulon avec des témoignages qui démontrent que c’est bien un missile « fou » qui a percuté un immeuble en tuant 13 personnes. Cette hypothèse du missile est celle de Geopolintel et nous sommes les seuls à démontrer la cohérence des témoignages avec la piste de l’attentat.

Moins de deux mois avant l’explosion, le 28 juillet 2001, un journaliste Alexandre Martin, avait publié un article dans NH, dans lequel il révélait qu’un attentat était imminent à Toulouse après l’attentat raté de Strasbourg à la Noël 2000 (Certaines des informations de Martin seront confirmées et complétées par le Juge espagnol Garzon après les attentats de Madrid en 2004).
D’après le journal suisse, le Matin de Genève, la CIA aurait elle-aussi averti la France d’un attentat. M. Biechlin, le seul inculpé de l’affaire, déclare devant le juge Perriquet responsable de l’instruction, que la CIA avait prévenu un de ses amis de l’attentat. Le juge Perriquet ne procèdera à aucune enquête ni vérification sur ce point.

La rédaction Geopolintel

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