Chaque 21 septembre les familles des victimes de la catastrophe toulousaine vont se recueillir pour pleurer leur douleur. Douleur de ne pas savoir ce qui s’est passé ce fameux vendredi. Douleur de n’avoir pas eu de réponse de la part de la justice, ni de leur pays. On ne peut que constater que l’Etat les a laissé tomber. Les cérémonies de commémorations permettent de graver dans la conscience nationale un évènement de l’histoire.
Mais que fut la véritable histoire de cette tragédie du 21 Septembre ?
Tout au long du procès AZF qui s’est déroulé de février à juin 2009, nous avons tenté de défendre l’honnêteté des salariés de Grande Paroisse et des intérimaires de TMG. L’échec de la justice, incapable de donner une raison de faire le deuil aux familles des victimes, démontre que ce procès fut une illusion et que la raison d’Etat domine l’indépendance des magistrats.
L’autre vision de cette catastrophe est que l’économie toulousaine est en berne. Qui porte les couronnes de fleurs sur les emplois sacrifiés.
Depuis 2001 l’industrie toulousaine se meurt. L’impact économique du site AZF était important et stratégique. AZF travaillait pour la SNPE société d’Etat des poudres et explosifs, ce site est maintenant réduit à sa plus simple expression. La production de phosgène fut stoppée en 2002. Les promesses de redémarrage et de perspective de reprise n’ont pas été tenues. Le jour de la catastrophe un salarié du site Grande Paroisse interpella son PDG Thierry Desmarest au nom de ses camarades pour dire que l’usine pouvait redémarrer.
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« J’espère que pour ceux qui sont tombés chez nous vous allez faire redémarrer l’usine. Ca je compte sur vous. Tout le sud de l’usine est prêt à redémarrer. On peut redémarrer, le nord je n’en parle pas, mais le sud de l’usine, l’atelier d’ammoniac la CNRF l’urée ils peuvent redémarrer. On peut redémarrer pour la mémoire de nos collègues faites le redémarrer »
Malheureusement ni Total ni l’Etat n’ont fait redémarrer cette usine qui pourtant était capable de reprendre le travail le jour même de la catastrophe.
Pour finir, une commémoration engage tout l’Etat : les hauts fonctionnaires doivent y assister et doivent rassembler les citoyens afin de conforter la mémoire collective.
Le message de la justice et de l’Etat est que la catastrophe du 21 septembre 2001 est un accident qu’il faudra oublier. Les experts « commis d’office » et les commissions rogatoires qui partent au pluriel et reviennent au singulier pour évaluer le nombre de véhicules arrêtés à Valence d’Agen, montrent que la mémoire collective est influencée par la raison d’Etat.
Que restera-t-il sur les livres d’histoire ?
Uniquement ce qu’il a été décidé en haut lieu sans que les hauts fonctionnaires ne viennent témoigner comme l’avait demandé madame Monique Mauzac veuve d’André Mauzac ingénieur AZF décédé le jour de la catastrophe. Parmi les témoins qui devaient venir au procès madame Mauzac avait demandé de faire citer le président Jacques Chirac et son Premier ministre de l’époque Lionel Jospin.
Le premier n’a pas voulu témoigner sur les faits pendant son mandat, le second expliquait qu’il n’avait « rien à dire » mais viendrait si les magistrats estimaient que c’était nécessaire.
La commémoration selon sa définition est faite pour un évènement heureux ou la fin d’un mauvais. Pour la catastrophe AZF on parlera de devoir de mémoire puisque ce dossier ne se refermera jamais sur la vérité. Depuis 8 ans les Toulousains réfléchissent encore chaque 21 septembre sur ce qui a causé cette catastrophe, mais ils n’ignorent pas que l’Etat les a laissés tomber, non pas sur le champ d’honneur mais sur celui du déshonneur.
La rédaction Geopolintel