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Brexit : les Français débarquent à la City

lundi 6 février 2017

Valérie Pécresse, Jean-Louis Missika, Patrick Ollier, côté élus, et Gérard Mestrallet, côté entreprises, sont allés vanter les charmes de Paris aux acteurs de la City qui devront se relocaliser sur le continent pour garder l’accès au marché de l’EU.
On arrête un peu les clichés, les accordéons, les petits bistrots et les beaux musées. On le répète, haut et fort : Paris et sa métropole sont aussi « business friendly », en anglais dans le texte. A l’heure où le Brexit se concrétise, Paris a débarqué en force à Londres pour séduire et convaincre la City de venir goûter aux plaisirs du business dans la capitale française, futur « premier centre des affaires » en Europe.

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Pour quelques heures, dans les hauteurs de la tour Shard, avec vue exceptionnelle sur la capitale britannique, les rivalités politiques et les incertitudes de la campagne présidentielle française se sont effacées pour les beaux yeux de quelque 80 entrepreneurs, essentiellement des représentants d’institutions financières, installés à Londres mais qui pourraient être séduits par une traversée de la Manche.

Dans une chorale d’une unité parfaite et dans un anglais fluide, Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, Jean-Louis Missika, premier adjoint de Paris, apparenté PS et Patrick Ollier, député LR des Hauts de Seine et président de la Métropole du Grand Paris, ont chanté en chœur les avantages parisiens.

Mais pas question de jouer les gros bras et de lancer des menaces. L’heure est à l’apaisement, on ne parle plus de rivalité mais de coopération. Les faits sont là, le Brexit est en marche et « il n’est pas question de manquer l’opportunité d’accélérer la croissance de l’UE et de Paris », a rappelé Gérard Mestrallet. D’autant que Francfort et Dublin sont en embuscade pour grignoter un maximum de business de la City. Le Brexit et la forte probabilité que la City de Londres perde le passeport financier européen - qui permet à une entreprise de vendre des produits financiers dans toute l’UE -, a aiguisé les appétits. Valérie Pécresse le confirme, « le Brexit a ouvert une période de compétition féroce entre les villes européennes ».
« Nous sommes ouverts au business »

La délégation est arrivée armée d’un gros rapport détaillé sur les avantages de Paris pour des financiers tentés par le grand saut. Deuxième marché de l’assurance en Europe, deuxième pour les fund management, premier marché financier dans l’Eurozone, champion de l’innovation, notamment sur la fintech ou les produits financiers « verts », cinquième économie mondiale… Les intervenants ont déroulé un tableau attractif de la capitale française. Et souligné la mise en place d’une « hotline », en anglais, susceptible de répondre à toutes les questions, des plus pointues, comme le régime fiscal d’accueil des entreprises, aux plus techniques, comme la scolarité des enfants ou le logement. Valérie Pécresse en est finalement revenue aux clichés, en soulignant que l’offre culturelle, la qualité de vie et la cuisine étaient incomparables à Paris. « Quand avez-vous emmené la dernière fois votre partenaire en week-end romantique à Francfort ? », a-t-elle ironisé sous les éclats de rire.

Pour Jean-Louis Missika, « le Brexit est un tremblement de terre, un lent tremblement de terre mais un tremblement de terre qui va remodeler tout le paysage économique de l’Europe ». Et, pour la délégation parisienne, « l’essentiel est d’être prêts, de montrer que nous sommes ouverts au business ». « Nous ne sommes pas ici pour le voler à Londres, mais pour construire des ponts », affirme-t-il, même si la perspective d’attirer peut-être au moins 10000 emplois de la City à Paris est plutôt alléchante.

L’incertitude de la présidentielle, soulevée par un journaliste britannique, est balayée par Valérie Pécresse. « D’ici trois mois, nous aurons un nouveau président et je suis sûre qu’il sera pro-business et ouvert au monde », a-t-elle glissé, trois heures avant que François Fillon ne confirme le maintien de sa candidature. A l’autre bout de la table, Jean-Louis Missika est du même avis et exclut l’idée d’une présidence Le Pen, qui agite beaucoup la presse britannique. Sans préciser à qui il pense, il répète sa certitude que « le prochain président sera pro-business ». L’entente cordiale.

Sonia Delesalle-Stolper
Correspondante à Londres

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