Privatisations. La grande vague des années 80-90
Mathieu LEHOT 06/05/2013
En annonçant, dimanche soir, sur TF1 qu’il envisageait de réduire la participation de l’Etat dans les entreprises publiques, le Premier ministre renoue avec les politiques de privatisations qui ont marqué la France, entre 1986 et 2007.
Les vagues de privatisations ont commencé en France à la fin des années 1980, avec le retour de la droite au pouvoir. Il s’agit alors d’un grand retournement, après un XXe siècle marqué par un mouvement continu de nationalisations d’entreprises industrielles et financières.
L’État actionnaire avait atteint son point culminant en 1982. La gauche au pouvoir avait alors nationalisé à tout va : 5 sociétés industrielles, 39 banques et 2 compagnies financières rapatriées dans le giron public.
Puis en 1986, Jacques Chirac emménage à Matignon. Les Français découvrent la cohabitation et font connaissance avec Edouard Balladur, ministre de l’Economie, des Finances … et de la Privatisation.
6 août 1986 – Le grand soir des privatisations
À l’heure du libéralisme roi, le rôle de l’État-actionnaire est jugé incompatible avec les activités industrielles concurrentielles. Le gouvernement se désengage de ses actifs suite au vote de la loi de privatisation du 6 août 1986. Saint-Gobain, l’un des fleurons industriels du pays, ouvre le bal. Lancée en décembre 1986, l’opération est un succès. Plus de 8 milliards de francs rentrent dans les caisses de l’État. Suivent TF1 (4,4 milliards de francs), la BNP (12,8 milliards de francs), la Société Générale (17,2 milliards de francs) ou encore Suez (14,9 milliards de francs).
1988-1992 – La politique du « ni ni »
Avec la réélection de François Mitterrand en 1988, c’est le temps de la politique du « ni ni » (ni privatisation, ni nationalisation). Aucune privatisation ne se fait plus en application de la loi du 6 août 1986. Cependant, la période connaît une série de privatisations partielles, soit par la cession d’activités de certaines entreprises publiques (les filiales de la parachimie sont cédées au groupe Total), soit par la réduction du capital contrôlé par l’État (c’est le cas d’Elf Aquitaine) ou encore par l’ouverture du capital de Renault, en 1990.
1993-1995 – Edouard Balladur, « champion des privatisations »
En 1993, Edouard Balladur est appelé à Matignon (deuxième cohabitation). La France connaît une nouvelle vague de privatisations. L’État se sépare de ses entreprises pétrolières. La quasi-totalité des actifs de Total et d’Elf-Aquitaine sont écoulés en 1993. Au total, le gouvernement a engrangé quelque 114 milliards de francs grâce aux ventes de ses entreprises publiques. Ce qui vaudra à Édouard Balladur le titre de « champion des privatisations », quelques années plus tard.
1995-1997 – Juppé dans la continuité de Balladur
Le gouvernement d’Alain Juppé poursuit sur la dynamique initiée par son prédécesseur. Entre 1995 et 1997, l’État abandonne Péchiney, Usinor-Sacilor et la Compagnie générale maritime. Renault connaît une ouverture supplémentaire de son capital. Bilan de l’exercice : 40 milliards de francs sont récoltés en 18 mois.
1997-2002 – Lionel Jospin, le premier ministre qui a le plus privatisé
La gauche revient au pouvoir en 1997. Lionel Jospin, le nouveau locataire de Matignon, va passer maître dans l’art des privatisations partielles, autrement dit des simples ouvertures de capital, comme celui de France Télécom. L’opérateur historique est mis en bourse dès 1997. Suivront Air France, les Autoroutes du sud de la France, Thomson et EADS. Particulièrement efficace, la politique de privatisation du gouvernement Jospin rapporte 210 milliards de francs, entre 1997 et 2002. Ce qui fait de Lionel Jospin, le Premier ministre qui a le plus privatisé de l’histoire de la V République.
2002-2007 – EDF et GDF cotés en bourse
Sous la dernière présidence de Jacques Chirac, c’est au tour des sociétés d’autoroute d’être libérées par l’État. La période 2002-2007 est également marquée par l’introduction en bourse de Gaz de France et d’EDF.
2007-2012 – Le coup d’arrêt de Nicolas Sarkozy
Le mouvement des privatisations, irréversible pendant près de 20 ans, connaît paradoxalement un coup d’arrêt avec l’élection de Nicolas Sarkozy. Celui à qui sera reproché de favoriser les milieux d’affaire tout au long de son quinquennat, a stoppé de façon spectaculaire les cessions d’actifs de l’État. Mis à part l’ouverture du capital de La Poste, Nicolas Sarkozy s’est singularisé en se tenant à l’écart des grandes vagues de privatisations qu’a entraînés la crise, à travers le monde. Sous son mandat, l’État a même repris une participation dans STX, le chantier naval de Saint-Nazaire
The European Round Table of Industrialists Un regard sur la compétitivité de l’Europe et de ses industries
L’édition 2016 du rapport ERT Benchmarking présente un classement global de l’Europe dans le contexte mondial en termes de compétitivité, de commerce et d’investissement, d’innovation, d’économie numérique, d’énergie et de climat, d’emploi et de compétences. Il fournit également des exemples encourageants de « meilleures pratiques » pour l’innovation.
Innovation, numérisation, marchés intégrés et ouverts - clé de la compétitivité future de l’Europe
Kurt Bock - BASF Président du Groupe de travail sur la compétitivité de l’ERT
Président du conseil d’administration de BASF SE
Le rapport contient plusieurs infographies mettant en évidence les principaux aspects de l’économie de l’UE souvent par rapport à ses concurrents. Des suggestions sont faites sur la manière d’améliorer la compétitivité de l’UE.
Les principaux points à retirer du rapport sont les suivants :
L’industrie demeure l’épine dorsale de l’économie européenne - contribuant à plus de 30% de la croissance du PIB et à plus de 80% des dépenses privées de R & D.
Les attentes pour la croissance mondiale ont diminué. La plupart de la croissance économique a lieu dans des pays comme la Chine et l’Inde, mais stagne en Europe.
Le commerce et l’accès sans restriction aux marchés mondiaux sont d’une importance capitale pour l’Europe en tant que premier exportateur mondial de biens et de services.
En raison d’une forte diminution des investissements entrants, l’UE se situe désormais à des niveaux similaires à ceux d’autres régions, mais elle reste toujours le premier pays en termes d’investissements sortants.
Les défis de la productivité et de l’innovation existent dans la plupart des pays européens.
Bien que l’Europe sous-investisse dans l’innovation par rapport à ses principaux concurrents, des initiatives positives émergent. Les données empiriques confirment la corrélation entre les dépenses de R & D et la productivité
La numérisation est un moteur de croissance pour l’innovation, la productivité et la performance économique. L’Europe est en train de sous-investir dans l’infrastructure numérique. Toutefois, des initiatives et des réformes ont été lancées.
L’Europe est leader en matière d’efficacité énergétique et de faibles émissions de CO2 par PIB. L’Europe a des prix de l’énergie parmi les plus élevés - principalement tirés par les taxes et les prélèvements.
Le chômage des jeunes est un défi en Europe. Le vieillissement de la population exercera une pression supplémentaire sur les systèmes de protection sociale.
Loi « Macron » : privatisation des aéroports de Nice et Lyon
Lundi 16 Février 2015
La loi « Macron » ne parle pas que d’autocars et des commerces ouverts le dimanche, dans beaucoup de domaines elle organisait le recul des pouvoirs publics. Par exemple à l’article 49 qui prévoit la vente des aéroports de Nice et Lyon.
M. Jean-Luc Laurent.
Dans le débat que nous avons sur ces amendements de suppression de l’article 49, je dois dire que je ne suis pas du tout convaincu par les arguments qui militent en faveur de la privatisation des deux aéroports – celui de Nice, qui est le deuxième aéroport français, et celui de Lyon, qui est le quatrième. Je ne suis pas non plus convaincu par les balises qui sont proposées par Mme la rapporteure ou par M. le ministre, qui distingue la gestion de la société et les actifs, lesquels restent publics. Je pense que l’un va avec l’autre. Un certain nombre de précédents, notamment dans le domaine autoroutier, devrait nous alerter et nous pousser à faire preuve de prudence.
Il en va de même de la gestion non maîtrisée de la privatisation de l’aéroport de Toulouse. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à mes yeux, il ne faut pas vendre un outil public essentiel à une politique d’aménagement du territoire, laquelle doit, encore et toujours, procéder de l’État. La seule justification de la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon qui nous est proposée aujourd’hui se résume, en réalité, à une décision qui m’apparaît comme comptable. Elle traduit une volonté de rechercher, par la vente d’actifs, à réaliser des recettes et, je ne peux pas l’oublier, de s’inscrire aussi dans l’orthodoxie budgétaire européenne. J’ai en tête, comme vous sans doute également, mes chers collègues, mais il vaut mieux le souligner ici en séance publique, qu’il s’agit à l’évidence d’une réforme structurelle qui est attendue par Bruxelles. Je rappelle que Bruxelles ne supporte pas le système français de concessions.
J’ai également en tête les barrages hydroélectriques, tout autant que les concessions dans le domaine aéroportuaire. En citant tout à l’heure le cas de la privatisation de la plate-forme de Toulouse, je voulais souligner que, du point de vue de l’aménagement du territoire, du développement durable, de l’attractivité économique et du développement territorial, l’acquisition par le conglomérat sino-canadien de cette plate-forme vise à créer un hub qui va accueillir, à l’horizon de 2030, 18 millions de passagers, soit 10 millions de plus qu’aujourd’hui. Or cet aéroport se trouve au cœur de la métropole toulousaine. Quels moyens se donne l’État, à travers la puissance publique, de maîtriser les nuisances et de lutter contre elles ? Quels moyens accordera-t-il, au travers de la desserte par cet aéroport, à la politique de développement et à l’équilibre des territoires ?
Je pense, pour ma part, que nos territoires sont exposés, par la privatisation, à un double risque : soit l’arrivée d’investisseurs de court terme, qui ne permettra plus à l’État, aux collectivités et aux CCI de conduire une politique industrielle, d’attractivité économique et d’aménagement du territoire, soit l’implantation d’investisseurs stratèges, comme à Toulouse. Dans ce dernier cas, cette implantation n’est pas le fruit du hasard, parce que s’y trouve implanté le fleuron industriel de la France et de l’Europe : l’Aérospatiale. Ce sont les raisons pour lesquelles j’indique que, pour ma part, en tant député du Mouvement républicain et citoyen, je voterai les amendements de suppression de cet article