Un premier twitt meurtrier
Vendredi 9 novembre, depuis Air Force One, peu avant de se poser sur le tarmac de l’aéroport d’Orly, D. Trump répliquait par un twitt meurtrier dans lequel il tançait vertement le président français.
« Le président Macron vient de suggérer que l’Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Très insultant, mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa juste part à l’Otan que les Etats-Unis subventionnent largement ! ». Soulignons la formulation « très insultant » qui ne ressort pas de l’habituel langage diplomatique mais s’inscrit plutôt dans le registre d’une réponse du berger à la bergère. En outre, D. Trump rappelait du même coup une revendication récurrente (voire lancinante) des États-Unis vis-à-vis de ses alliés européens relative au « burden-sharing ». En clair, au partage du fardeau financier de la Défense commune des pays membres de l’Alliance atlantique. Notons que notre bonne presse n’a pas jugé bon de traduire le « fair » de « its fair share »… « sa juste part ». Une omission qui ne relève certainement pas d’un simple lapsus calami !
Lors du dernier sommet de l’Otan à Bruxelles, les 11 et 12 juillet dernier, la bouche du président américain s’adressant à ses partenaires européens ne s’était ouverte que pour ne laisser passer qu’une seule question : « Quand ? »… « Quand vos budgets de défenses atteindront-ils deux pour cent de vos Pib ? ». Un engagement européen contracté en septembre 2014 au 24e sommet de l’Otan à Newport, au Pays de Galles. Un objectif qui devrait en principe être rempli d’ici 2024 ! Comprenons que si l’Union européenne ne veut pas ou n’est pas en mesure d’apporter sa contribution à l’Organisation du Pacte Atlantique, alors qu’elle s’en retire ou qu’elle ait le courage de dénoncer elle aussi le fardeau d’un système de sécurité devenu au fil des ans, depuis 1991 et l’effondrement de l’empire soviétique, une machine au service explicite d’un processus de domination mondial voulu et piloté par les oligarchies régnantes à la Cité, à Manhattan, à Tel-Aviv, à Ryad ou in fine dans la Silicon Valley avec les super-géants de l’économie dématérialisée, les GAFAM. [3]
Hantés par le cauchemar socialiste
Déjà le 25 mai 2017, quatre mois après sa prise de fonction, D. Trump avait prononcé au quartier général de l’Alliance à Bruxelles « un discours d’une rare dureté, s’adressant à ses partenaires européens comme à des écoliers désobéissants, réclamant qu’ils paient leur écot »… mais sans leur donner à cette date l’assurance formelle d’un engagement américain certifié pour la défense de l’Europe [4]… Un mois plus tard, se voulant néanmoins plus rassurant, le 6 juillet suivant à Varsovie, il confirmait malgré tout (et a contrario) son attachement au respect de l’Article 5 du Pacte atlantique, celui-ci faisant obligation à chacun des partenaires de l’Alliance, d’intervenir en cas d’agression de l’un de ses membres. Attitude ou pétition d’intention de la part de D. Trump qui ne rassura pas vraiment ceux qui comptent sur l’Amérique… ou veulent croire en sa protection armée, notamment les pays d’Europe de l’Est ayant appartenu au glacis soviétique et qui demeurent hantés par le cauchemar socialiste.
Puis une nouvelle salve de twitts vengeurs
Le président américain a quitté Paris après les commémoration de la place de l’Étoile et n’a pas participé l’après midi, toujours à Paris, au lancement du premier Forum international pour la Paix organisé dans la Grande Halle de La Villette. S’en est suivi le mardi suivant, le 13, une salve de twitts vengeurs tirée depuis la Maison-Blanche raillant la crédibilité politique de Macron… « Le problème est qu’Emmanuel souffre d’une très faible cote de popularité en France, 26 %, et un taux de chômage de près de 10 % ». Halte au feu M. Trump on ne tire pas sur les ambulances ! L’équipe rapprochée de Élysée, courageuse mais non téméraire, s’est contentée de faire le dos rond affirmant que « les twitts de D. Trump sont avant tout destinés à son public américain ! ». Quant au Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, il se crut obligé de lâcher : « Je ne suis pas médecin, je ne peux [donc] pas juger de ce qui relève de toute évidence d’une pathologie ». Ce recours à l’insulte systématique de la part de la classe dirigeante hexagonale à l’égard du chef d’État américain mériterait réflexion : le signe d’une constante dégradation des mœurs internationales qui n’augure vraiment rien de bon…
Et puis ce coup de grâce trumpien en conclusion d’un 11 novembre diplomatiquement catastrophique en forme d’injonction comminatoire… traduction libre : « occupez-vous de reconstruire votre pays tombé bien bas ! ». On faire confiance à nos gouvernants, c’est bien le cadet de leurs soucis…
Parce que, pour ce qui est du financement de l’OTAN, M. Macron derrière ses grands airs de faux patron de l’Union européenne (il se sent pousser des ailes depuis que Frau Merkel [5] ressemble de plus en plus à une volaille déplumée à l’instar de cette pauvre Theresa May lâchée par ses ministres), se croit très malin en sortant du placard à balais son projet de défense européenne. Car il s’agit moins de construire une Europe puissante que de masquer l’impuissance de la France à maintenir ses prétentions et ses capacités de projection de forces et tout bonnement, à assurer la survie financière de sa propre armée [6]. En fait l’idée de M. Macron serait de noyer le déficit budgétaire français dans un pot commun européen. Bref, derrière le projet d’une défense commune indépendante de l’Otan, M. Macron ne cherche – pour la plus grande satisfaction de ses commanditaires cosmopolitistes façon Soros & Cie anti-trumpiens forcenés autant que férocement hostiles à une Europe populiste – qu’à alléger l’écrasant fardeau de ses propres déficits… dans une France Titanic submergée par les flots bouillonnants d’un Tiers-Monde grondant en son cratère.
Commémoration catastrophique… et même, parfaitement honteuse
Outre la polémique aussi stérile que gratuite sur Pétain vainqueur de Verdun lancée par des gens qui n’ont de cesse de réécrire l’histoire sous les couleurs pisseuses d’une vision politiquement corrigée (supposée « correcte »), il est impossible de ne pas surligner le traitement aussi scandaleux que honteux réservé président serbe Alexandre Vucic relégué dans la tribune des personnalités de second plan – une “véritable déchéance protocolaire” - tandis que le criminel de guerre Hashim Thaçi, président d’un État voyou, le Kossovo, avait pris place à proximité du couple présidentiel.
Pour mémoire la Serbie a perdu 1,2 million de ses enfants dans le premier conflit mondial, soit un tiers (28%) de sa population [7]. Déjà, au cours des guerres balkaniques des années 90, la France (autrement dit le pays réel mais non le pays légal) avait choisi le méchant camp de la Croatie (certes catholique !) contre la Fédération de Yougoslavie d’obédience orthodoxe. Puis celui du Kosovo – merci M. Kouchner, l’homme de la destruction programmée de la Libye et par contrecoup, l’un des grands responsables de la submersion de l’Europe via l’Italie par l’Afrique subsaharienne – qui, avant de devenir un État mafieux, s’était signalé par son trafic d’organes prélevés sur des prisonniers de guerre. C’est du moins ce qu’affirma naguère Mme Carla del Ponte, ancienne procureur générale (1999/2007) du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (TPIY) [8]
Alors que se trouvaient présents aux côtés de M. Macron les présidents de la Russie, des États-Unis, de l’Italie et de la Roumanie, pays alliés de la France durant la Grande Guerre, se trouvaient également à l’honneur, les présidents bulgare, turc et la chancelière allemande qui représentaient – eux - des pays du camp ennemi que nous avons combattu il y a un siècle.
Scénographie bobiste… anachronique et déplacée
Bravo encore aux forces de sécurité qui ont laissé trois Femen passer les barrières de sécurité afin de s’exhiber en harpies dépoitraillées. Cela n’amusera à l’évidence que les imbéciles. Idem pour la manifestation anti Trump de la place de la République qu’il était si facile d’interdire (trouble à l’ordre public et à la solennité des commémorations). Ce à quoi vient s’ajouter la prestation d’une chanteuse noire, l’une des animatrices aux États-Unis de cabale anti-Trump. [9] M. Macron aurait voulu humilier la Serbie et l’Amérique du 45e président en envoyant des signaux “malicieux” qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Triste cérémonie du souvenir au final qui aura donné de la France actuelle une image dégradée et servi de décor à des attaques aussi sournoises que misérables dont la France tout entière devrait à terme payer le prix. Surtout si D. Trump devait effectuer un second mandat. Une possibilité qui n’est pas à exclure.
Maintenant pour ce qui, en France, prétend encore constituer une opposition, baste des analphabètes politiques (pour ne pas parle d’un irréductible crétinisme) qui persévèrent à ne pas voir la réalité : il n’y a pas l’ombre d’une trace d’immaturité diplomatique chez Macron. Évidemment non ! Son comportement, ses choix sont délibérés et pervers : du pur Soros et du pur Attali. M. Macron n’est pas en guerre contre les États-Unis, bien au contraire, mais absolument contre l’homme qui incarne son redressement, qui entend restaurer son prestige voire sa grandeur. M. Macron n’est pas hostile à l’ogre américain - que nenni - mais il le veut Démocrate, pluriel, métissé, homo-trans-bi-queer et parfois, à la rigueur, cisgenre. M. Macron hait le monde qui l’a vu naître et qu’il vomit. Tel est le code génétique ou l’ultima ratio de sa conduite.
Trump veut, lui, s’arracher à la combine mondialiste
Rappelons que D. Trump a également exprimé le désir de se retirer la COP 21 (Conférence internationale pour le climat – Accord de Paris du décembre 2015), ainsi qu’il a déclaré sa volonté de dénoncer l’Accord 5+1 conclu à Vienne le 14 juillet 2015 avec l’Iran pour le contrôle de son programme nucléaire (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne)… Ou encore qu’il prévoit la remise en cause du Traité de réduction des armements stratégiques Start III paraphé le 8 avril 2010 à Prague par les présidents Obama et Medvedev. [10] En effet, en janvier 2017, quelques jours avant son investiture, Donald Trump déclarait vouloir proposer la levée des sanctions imposées à la Russie comme suite à l’annexion de la Crimée, ceci en contrepartie d’un nouvel accord de réduction des armes nucléaires avec Vladimir Poutine. Dans le même ordre d’idée, D. Trump n’avait-il pas exprimé le souhait de négocier une série d’accords bilatéraux de sécurité réciproque avec les États se considérant comme menacés par la Fédération de Russie tels la Pologne et les Pays baltes ? Vantant en outre – last but not least - les bénéfices à venir d’un éventuel accord bilatéral États-Unis/France dont nous sommes aujourd’hui bien loin !
C’est bien là que le bât blesse
Et c’est bien là que le bât blesse… le président américain est en effet ouvertement hostile à toutes les organisations, institutions, structures et procédures multilatérales (ainsi l’ONU, l’OTAN, l’OMC, l’UE…), sa préférence allant au dialogue direct, bilatéral avec des États partenaires (on a d’ailleurs vu le résultat probant de cette philosophie avec la Corée du Nord). Or c’est en faveur d’un multilatéralisme asphyxiant (créateur de d’interdépendance mortifère) que se prononce M. Macron en bon fidéicommis de l’État profond mondialiste. Thème sur lequel il brodé – à la limite de l’hystérie - le 20 septembre dernier à la Tribune de la Assemblée générale des Nations Unies… en se livrant de facto à une attaque en règle de la politique poursuivie par l’Administration Trump… singulièrement en matière économique et commerciale (avec en filigrane la dénonciation d’un protectionnisme au demeurant salvateur pour les classes laborieuses d’outre-Atlantique toutes races confondues). Autant dire qu’il s’est agi d’un réquisitoire à peine déguisé contre le chef d’État américain en personne. Cela D. Trump ne peut l’avoir oublié d’où sa fureur face à la dernière provocation (sans aucun doute parfaitement calculée, mais néanmoins fort maladroite, à l’image du personnage et de la médiocrité de ses conseillers) de M. Macron désignant clairement les États-Unis comme un ennemi potentiel.
On comprendra que, dans un climat d’hostilité généralisée à l’égard du nouvel hôte de la Maison-Blanche (en butte aux États-Unis à la haineuse vindicte du camp Démocrate et en Europe à un mépris sans limites de la part des grands médias publics et privés… à ce point du jamais vu !), que le comportement à l’emporte pièce de D. Trump (imprévisible dit-on ; un péché capital aux yeux des puissants) est et restera une fois pour toutes, interprété (sans repêchage possible) comme l’intention de se désengager de l’Otan condamné de facto à disparaître… D’où la déclaration (inopportune mais rien moins que gratuite, bis repetita) de M. Macron destinée à faire sortir le loup du bois. Provocation qui n’a que trop bien réussi puisqu’il s’est aussitôt fait recadrer par le patron en titre (jusqu’à plus ample informé) du Bloc atlantiste.
Une indépendance vraie libérée de l’interdépendance multilatéraliste
Que l’intention intime du président américain eut été de mettre fin à l’Otan, est fort possible sinon probable. M. Trump ne veut pas mettre l’argent des contribuables américains au service de mauvaises causes et encore moins à celui d’alliés peu loyaux… affidés aux cryptarchies messianiques qui haïssent la présidence Républicaine des États-Unis et entendent, au bout du compte, régner sans partage sur les décombres des nations. Que D. Trump s’efforce de cette façon de se désengager des structures multilatérales qui incarcèrent politiquement l’Amérique, brident sa souveraineté et sa liberté de mouvements, l’empêchent de reconstruire une économie de prospérité pour tous (ce qu’avait su si bien faire l’Allemagne après 1933, n’en déplaise à M. Macron)… reste qu’il y loin de la coupe aux lèvres ! Parce que D. Trump n’a-t-il pas annoncé la construction d’un mur de contention sur sa frontières pour arrêter le flot interrompu de émigrants clandestins ? Le fera-t-il construire ? On peut s’interroger à ce propos ! N’a-t-il pas également renoncé à évacuer définitivement les militaires américains d’Afghanistan ? Son programme actuel (surtout s’il entend être réélu en 2020) ne peut pas, à tout le moins, prendre l’État profond trop en porte à faux. D. Trump est bien obligé (et le sera demain encore) de composer avec les intérêts surpuissants du complexe militaro-industriel, avec les transnationales de l’énergie, de la chimie, des semenciers et de l’agro-industrie, etc. Des acteurs (notamment ceux de l’armement et de l’aéronautique) qui poussent à l’ouverture de nouveaux fronts en Orient… avec pour dessein de déboucher sur la conquête de juteux marchés, en particulier en Iran, un État fort de 81,16 millions de consommateurs… et pour beaucoup avides (70% d’urbains et plus de 50% de moins de 30 ans) de vivre à la façon des séries hollywoodiennes.
La chute prochaine de l’empire du mensonge
Après la chute du mur de Berlin, dans l’après Guerre froide donc, l’Otan, d’Alliance en principe défensive sous l’abri du parapluie nucléaire américain, est rapidement devenue l’instrument privilégié de la politique impériale des États-Unis ; À savoir, celui d’une expansion ad libitum par les armes, le dollar papier monnaie de singe et l’influence des industries sous culturelles de l’entertainment, autrement dit la drogue dure de l’audio-visuel et du virtuel distractifs.
Au demeurant, la Pax americana que l’on nous vante de manière parfaitement éhontée et à tout bout de champ dans les lucarnes, n’aura été qu’en suite ininterrompues de conflits plus sanglants les uns que les autres : Afghanistan, Irak, Libye et tant d’autres… par le truchement des vassaux européens et des mercenaires indigènes (Daech, al-Nosra, etc.), de Washington, de Londres et de Paris… Somalie, Soudan, Syrie, Yémen ! Ce à quoi il conviendrait d’ajouter l’extension constante de l’emprise de l’Amérique-monde à l’Est [11] de l’Europe et au-delà. Progression marquée par des tentatives avortées de rattachement à l’Otan en Géorgie (guerre d’août 2008) et en Ukraine (sécession du Donbass et de la Crimée en 2014). Une résistible avancée du Pacte Atlantique qui accompagne et précède de peu celle de l’adhésion à l’Union (soviétique) européenne. Pour ne pas conclure, l’ambition hégémonique anglo-américaine judéo-protestante s’est exercée sur un monde devenu pour un temps unipolaire. Un appétit de puissance qui semble devoir trouver bientôt es limites au regard de la multiplication des populismes et à la montée en puissance de super États rivaux qui veulent, eux aussi, leur part du gâteau planétaire. Qui vivra verra !
Léon Camus - 11/14 novembre 2018