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La fin de l’argent liquide pour la crypto-monnaie mondialiste

dimanche 6 septembre 2020

La fin du paiement cash : « Les banques centrales planchent aussi sur leur “e-monnaie” »

D’après la Banque des règlements internationaux, 80 % des instituts monétaires réfléchissent à un projet de monnaie numérique. L’enjeu est autant de contrer l’émergence des cryptomonnaies que d’accompagner la disparition du cash.

Dans le secret de ses dorures très XIXe siècle, la vénérable Banque de France travaille sur des innovations de pointe, telle que la blockchain, cette technologie permettant de transmettre des informations de façon sécurisée pour réaliser des paiements. Le 14 mai, elle a ainsi testé l’utilisation d’une « monnaie digitale de banque centrale » – les experts parlent de « MDBD » – pour régler une émission de titres financiers par la Société générale. Dès juillet, elle mènera dix autres expérimentations avec des partenaires choisis par appel à projets. « Il existe deux grands types de MDBC : l’une directement adressée au grand public, offrant un moyen de paiement complémentaire au cash ; l’autre, destinée aux règlements entre les banques », précisent Nathalie Aufauvre, directrice générale de la stabilité financière et des opérations, et Valérie Fasquelle, directrice des infrastructures, de l’innovation et des paiements. « C’est cette deuxième forme que nous expérimentons, avec la blockchain ».

D’après la Banque des règlements internationaux, 80 % des banques centrales de la planète étudient aujourd’hui la possibilité de créer une monnaie digitale, et 10 % en sont au stade du projet pilote. Avantage pour les particuliers, une monnaie aussi sûre et disponible, sans intermédiaire, qu’un véritable billet. Dans les pays émergents, l’objectif est surtout d’améliorer l’inclusion financière. L’Equateur teste ainsi un « e-peso » permettant les paiements par SMS, depuis un portefeuille numérique.

Coller à l’évolution des usages

Dans les économies avancées, il s’agit plutôt de coller à l’évolution des usages, comme la disparition du cash : la Suède, par exemple, développe une « e-couronne » susceptible de remplacer les pièces et billets. Mais l’enjeu est aussi « de ne pas prendre de retard sur l’innovation et de continuer à la soutenir, tout en assurant la sécurité des règlements », ajoutent Mmes Aufauvre et Fasquelle.

En la matière, la montée en puissance du Bitcoin, né en 2008, et le lancement programmé de Libra, la cryptomonnaie de Facebook dévoilée en juin 2019, inquiète les grands régulateurs financiers. « Si leur usage se déploie, ces e-monnaies pourraient perturber le fonctionnement des politiques monétaires traditionnelles », explique Aditi Kumar, spécialiste du sujet à Harvard.

Guerre d’influence géopolitique

En arrière-plan, une guerre d’influence géopolitique se dessine également, ajoute-t-elle. Depuis avril, la Chine expérimente ainsi un yuan digital dans quatre villes, et espère élargir l’expérience en 2022. « Son émergence pourrait défier la suprématie du dollar dans les systèmes de paiement internationaux », détaille Mme Kumar. Suprématie que les Etats-Unis utilisent pour imposer des sanctions aux entreprises européennes commerçant avec l’Iran, par exemple.

C’est aussi l’une des raisons pour laquelle les instituts monétaires européens planchent sur le sujet. Car si le projet fonctionne et est généralisé, la MDBC de la Banque de France pour les règlements interbancaires aiderait à renforcer le rôle de l’euro à l’international. Et permettrait à la zone euro de s’affranchir du dollar en la matière…

Marie Charrel

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