Alors que le gouvernement espérait à la rentrée que la fréquentation de la saison estivale 2024 soit la même que l’année passée, l’Insee enregistre un retrait de 1 % de la fréquentation par rapport à 2023.
L’effet JO : un mythe ou une réalité ? À cette question, l’Insee opte pour la première option. Dans une récente publication, l’Insee pointe une fréquentation estivale en 2024 en léger retrait par rapport à 2023.
Un premier bilan touristique de la période estivale 2024 avait été présenté à la presse début septembre par Olivia Grégoire, ex-ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation. Les services du ministère se voulaient réalistes sur le fait que tous les territoires n’ont pas bénéficié de la même manière du dynamisme impulsé par les Jeux olympiques et paralympiques (lire Maire info du 4 septembre).
2024 n’a pas égalé 2023
Olivia Grégoire avait particulièrement insisté sur le fait que l’été 2023 avait « battu tous les records de fréquentation et de dépenses » et que « l’économie touristique amorce une tendance à la stabilisation et à la normalisation ». Un grand cru qui n’a pas été surpassé par l’été 2024, malgré la tenue des Jeux. Si le gouvernement avait prévu une année « aussi bonne » qu’en 2023, cela n’a pas été complètement le cas. L’Insee observe que « la fréquentation de la saison estivale 2024 est en retrait de 1 % par rapport à la saison 2023 (2,5 millions de nuitées en moins) » .
Dans le détail, les hébergements collectifs de tourisme enregistrent 247,3 millions de nuitées en 2024 contre 249,8 millions de nuitées l’année dernière.
Pour les auteurs de l’étude, « malgré un début de saison prometteur, un mois d’août plus favorable n’a pas permis de compenser le repli des mois de juin et juillet. La saison d’été 2024 reste néanmoins sur un niveau de fréquentation très élevée : bien qu’inférieure à celle de 2022, année de reprise après la crise sanitaire, elle est supérieure à celle de 2019. »
Baisse de la fréquentation hôtelière
Le principal moteur de la fréquentation estivale n’est pas les hôtels. Cette année, la fréquentation des campings augmente largement alors que la fréquentation des hôtels diminue. Les campings représentent 119,9 millions de nuitées en 2024, soit une augmentation de 0,9 % de nuitées par rapport à 2023. Les hôtels enregistrent en 2024 86,7 millions de nuitées, soit « un déficit de fréquentation de 2,2 millions de nuitées par rapport à 2023 (- 2,5 %). »
Ce sont surtout les touristes européens qui ont été moins nombreux à choisir les hôtels. L’Insee note a contrario un retour de la clientèle en provenance d’autres pays avec une hausse de la fréquentation dans les hôtels de 14 % des Américains et une hausse des « nuitées des touristes chinois et japonais (respectivement 560 000 et 310 000 nuitées) ». Cependant, ce retour du tourisme extra-européen ne suffit pas « à compenser le reflux de la clientèle résidente ».
Le plus étonnant reste la situation de la région Île-de-France, qui devait bénéficier directement de l’effet positif des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. L’Insee révèle que, « plus qu’ailleurs en France, le nombre de nuitées en hébergements collectifs de tourisme est en nette baisse, et la région parisienne perd près de 2,5 millions de nuitées (- 7,8 % par rapport à la saison d’été 2023). Les hôtels franciliens, qui représentent 27 % de la fréquentation hôtelière française, sont particulièrement touchés et perdent près de 2,4 millions de nuitées en 2024 (- 9,2 % par rapport à la saison 2023) malgré une augmentation probable des visiteurs pendant la période des Jeux Olympiques. »
Rappelons que les commerçants identifiés dans le périmètre de protection, dit « SILT », à Paris, pourront prétendre à une indemnisation. Elle sera normalement effective en 2025 si le nouveau gouvernement entend poursuivre ce dispositif, promesse de longue date de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal.
Etude de L’INSEE
Une baisse marquée de la fréquentation hôtelière en Île-de-France
Comme ailleurs, la fréquentation des hébergements collectifs de tourisme en Île-de-France a été en retrait pendant le début de la saison touristique estivale en 2024. Mais contrairement à d’autres régions, la fréquentation francilienne ne rebondit pas au mois d’août. Les hôtels, camping et autres hébergements collectifs de tourisme d’Île-de-France ne semblent pas profiter d’un effet positif des « Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris » et leur fréquentation continue de baisser en juillet et août par rapport à 2023.
Plus qu’ailleurs en France, le nombre de nuitées en hébergements collectifs de tourisme est en nette baisse, et la région parisienne perd près de 2,5 millions de nuitées (-7,8 % par rapport à la saison d’été 2023) (figure). Les hôtels franciliens, qui représentent 27,0 % de la fréquentation hôtelière française, sont particulièrement touchés et perdent près de 2,4 millions de nuitées en 2024 (-9,2 % par rapport à la saison 2023) malgré une augmentation probable des visiteurs pendant la période des Jeux Olympiques.
Plus qu’ailleurs, l’hôtellerie francilienne subit en outre les effets de la baisse du tourisme d’affaires : les nuitées estivales d’affaires diminuent ainsi, par rapport à l’été 2023, de 11,6 % dans la région, contre 8,6 % au niveau national. Le repli du tourisme d’affaire explique plus du tiers de la baisse des nuitées hôtelières de la région.
La désaffection pour l’Île-de-France concerne les clientèles résidentes et non résidentes : la région, qui rassemble 42,5 % des nuitées hôtelières des non-résidents, voit sa fréquentation non résidente diminuer de 10,2 % en 2024.
La clientèle britannique, très présente dans les hôtels franciliens, réduit sa fréquentation de près d’une nuitée sur six (-16,5 %). Comme dans les autres régions, la clientèle extra-européenne est en revanche plus présente en 2024. La clientèle américaine augmente, notamment en Île-de-France (+5,2 % de nuitées) : la région est de loin la principale destination hôtelière de la clientèle en provenance des États-Unis, et représente 61,7 % des nuitées hôtelières américaines en France durant l’été 2024.