La Chronique Agora [17oct13] n’a pas manqué de nous rappeler opportunément que « la Zone euro est toujours malade. L’euro à Madrid, Athènes ou Rome n’étant déjà plus tout à fait celui de Berlin, Vienne ou Helsinki. Le système inter banques centrales de la Zone euro reste paralysé. L’Eurozone ne fonctionne plus correctement car les capitaux allemands ne sortent plus d’Allemagne pour aller [re]financer [directement] les déficits des pays du sud de la zone comme par le passé ». En un mot les mécanismes mis en place par Bruxelles ne remplissent pas leurs promesses, ceci aboutissant à ce que les déséquilibres se renforcent en dépit ou en raison de l’interventionnisme de le Banque centrale européenne et de la pertinente complexité des dispositions mises en œuvre.
Car « si la Zone euro existe aujourd’hui encore, c’est grâce à des dispositifs non conventionnels mis en place depuis plus de trois ans, lesquels confèrent un rôle inédit à la Banque centrale. Monétisation de la dette d’États dont le déficit budgétaire n’était plus finançable sur les marchés : Grèce d’abord ; Irlande et Portugal marginalement… et même, durant le terrible été 2011, Italie et Espagne. C’est ce que l’on a appelé les SMP pour Securities market program ». Ainsi, pour les « opérations de refinancement sur le long terme » [LTRO], 1 000 mds d’euros ont été empruntés sur les marchés et sur trois ans, en décembre 2011 et février 2012, ils « auront permis de financer indirectement les déficits externes des pays du sud, donc l’endettement provenant des déficits commerciaux. Ces LTRO ont en effet consisté en prêts de la BCE aux banques de la Zone euro, dont beaucoup d’établissements italiens et espagnols [qui] ont utilisé cet argent pour acheter de la dette souveraine nationale ».
En résumé « l’excédent d’épargne des Allemands - qui refusaient [une réticence qui n’a pas disparue aujourd’hui !] d’investir directement [dans les économies malades] d’Europe du sud a gonflé le solde créditeur de la Bundesbank à la BCE ; cette dernière a de cette façon pu financer les pays déficitaires. Il y a donc bien eu au final transfert d’épargne » [1]… En trois ans, le solde créditeur de la Bundesbank auprès de la BCE est à ce titre passé de près de 200 milliards d’euros à un peu plus de 750 milliards d’euros… la BCE « a prêté aux banques espagnoles et italiennes qui ont utilisé une partie importante de ces disponibilités pour acheter des titres d’État de leurs pays. Ceci finance les dépenses publiques et les importations en provenance d’Allemagne et des pays excédentaires du nord de la zone ».
Mais un tel système est-il viable ? Non « car les économies de la Zone euro sont trop hétérogènes », souligne une fois encore le conseiller économique d’Angela Merkel, Markus Kerber, effectuant le constat - loin d’être nouveau - que « l’euro n’est pas seulement la monnaie européenne mais une monnaie unique. On l’a imposée d’un jour à l’autre à des taux de parité éternels ». En conséquence « nous devrions réorganiser la Zone euro en deux zones. La première garderait l’euro comme moyen de paiement unique en l’adaptant à la compétitivité et à la politique monétaire nécessaire dans ces pays, c’est-à-dire en le dévaluant. L’autre, les pays en excédent commercial important - l’Allemagne, le Luxembourg, l’Autriche, les Pays-Bas et la Finlande - pourraient avoir une deuxième monnaie comme moyen de paiement légal ». Faute de quoi ce sera la « dislocation totale » de la Zone euro.
Et c’est bien ce qui nous pend au bout du nez pour sempiternellement se comporter en négateur des réalités économiques et humaines les plus élémentaires. Déni de réalité qui trouve sa source dans l’idéologie aussi délirante que débile, selon laquelle il n’existerait pas de différences entre les peuples, notamment au plan psychologique et par conséquent comportemental, ce qui conduirait – par raccourci – à considérer comme injuste la richesse des uns et la pauvreté – lire le laxisme, les défaillances ou les insuffisances – des autres.
Si les uns sont pauvres ou en difficulté, c’est en effet forcément la faute des autres, les riches. Les pauvres étant les victimes, ils doivent être, par définition et obligation, l’objet de notre compassion puisque la vilenie des riches fausse le jeu d’une répartition des biens, des ressources et des richesses, qui en principe devrait être spontanément juste ! La main invisible du libre Marché autorégulé est, on le voit, aussi celle de la « Justice » sociale ! Jusqu’où l’idéologie libérale-communiste ne va-t-elle pas se nicher ? Ne pouvant invoquer la fatalité ou les carences il faut bien accuser quelqu’un, en l’occurrence les riches, du malheur des pauvres. Sauf évidemment quand ces « riches » – tel Pierre Bergé & Cie – sont de gauche ! Car la démocratie, entre autres la démocratie économique, veut loger tout le monde à la même enseigne, celle de l’auberge de Procuste où l’on ampute les productifs – à coup de contributions volontaires généralisées par exemple – pour rallonger les manques et les déficiences des moins aptes.