Baptisé mH5N1, ce virus de la grippe ultramortel et ultracontagieux est un virus mutant... fabriqué en laboratoire.
Ce n’est pas celui de la peste noire, ni de la grippe espagnole, ni même du sida. Non, il s’agit d’un virus... créé de toutes pièces par l’homme ! Un virus mutant, qui affiche un taux de mortalité potentiel de l’ordre de 60 %, combiné à une extrême contagiosité et une quasi-absence de vaccin ou de traitement.
Imaginez une sorte de virus Ebola qui s’attraperait juste en prenant le même bus qu’une personne infectée et qui serait transmissible avant même l’apparition des premiers symptômes chez cette personne...
Le nom de ce monstre ? Le virus mH5N1. Voilà qui rappelle le fameux H5N1 responsable de la sinistre grippe aviaire - et pour cause : il s’agit d’un virus de la même famille, mais génétiquement modifié afin qu’il puisse franchir la barrière des espèces et, dès lors, contaminer l’homme. En langage technique, il s’agit d’un nouveau H5N1 réassorti pour être davantage « humanocompatible ». Un résultat obtenu en « mixant » une souche aviaire de H5N1 avec un virus H1N1 de l’épidémie de grippe de 2009 (une souche humaine très contagieuse). Au risque d’une hécatombe garantie : des calculs menés à Harvard estiment que si l’on applique au mH5N1 le taux de mortalité du H5N1, on dépasse très vite le milliard de morts !
Voilà qui explique que « le virus le plus dangereux du monde » soit confiné dans des conditions d’ultra haute sécurité à l’Influenza Research Institute de l’université du Wisconsin (Etats-Unis). Pourquoi là-bas ? Parce que c’est dans ce laboratoire de recherches spécialisé dans la création de mutants potentiellement pandémiques qu’est né le mH5N1, à l’instigation de l’un des virologues grippaux les plus réputés au monde : Yoshihiro Kawaoka. Lequel s’était déjà fait remarquer en 2012 pour des travaux sur le... H5N1.
Les recherches sur mH5N1 sont controversées depuis leurs débuts
Des travaux qui, depuis le début, suscitent la controverse. De fait, leur extrême dangerosité nourrit de vifs débats dans la communauté scientifique, où certains surnomment les créations du chercheur japonais les « frankenvirus ». En toile de fond, une question lancinante : et si le mH5N1 se répandait ? Si un accident ou une erreur de manipulation conduisait à la catastrophe ? Si des terroristes se procuraient une souche ? Bref, comment garantir que le pire ne va pas se produire ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Sachant qu’on parle ici d’un milliard de morts...
Sachant, aussi, que des cas d’infections en laboratoire de haute sécurité ont été recensés ces dernières années... A l’échelle du monde, il y a eu plusieurs « évasions » de virus mortels (SRAS, H1N1) qui, si elles n’ont pas provoqué de pandémie, font froid dans le dos lorsqu’on songe au mH5N1. Et de fait, c’est à la suite de plusieurs incidents s’étant produits aux Etats-Unis (dont l’envoi par erreur d’anthrax à des collègues croyant avoir affaire à des échantillons bénins...) que l’administration américaine a cessé de financer les recherches sur le mH5N1.