Marianne : Qu’appelez-vous la « caste d’État » ?
Paul-Antoine Martin : Le dictionnaire Larousse définit une « caste » de la façon suivante : « Groupe qui se distingue par ses privilèges et son esprit d’exclusive à l’égard de toute personne qui n’appartient pas au groupe ».
La caste d’État est, à mon sens, l’ensemble des hauts fonctionnaires issus des trois plus grands corps d’État et occupant la plus grande partie des postes de pouvoir dans la haute administration française.
Le groupe qu’ils forment répond parfaitement à la définition que donne Le Larousse du mot « caste ». Ils bénéficient de privilèges exorbitants dont le plus choquant, à mon sens, est celui de quasi-impunité. Le groupe est si puissant et si soudé qu’individuellement chacun est assuré de ne quasiment rien risquer, ce qui peut conduire à des dérives. Dans ce contexte très particulier, ils développent un « esprit de caste » que je décris comme une « citadelle » dans mon livre. Par ailleurs, ils ont créé un plafond de verre pour ceux qui n’appartiennent pas à ce clan. Aussi brillante et compétente soit-elle, si la personne n’est pas issue d’un de ces trois plus grands corps d’État, elle ne pourra jamais, sauf à de rares exceptions, diriger de grandes sociétés d’État, où dans lesquelles l’État détient une part importante.