Geopolintel

Plan Vélo : deux milliards d’euros à la poubelle

mardi 5 novembre 2024

Élisabeth Borne a lancé un plan en faveur de la petite reine pour faire de la France une « nation du vélo » avec un financement de 250 millions d’euros en 2023.
L’ancienne ministre vantait les vertus du vélo qui est « accessible, écologique et bon pour la santé ».

Borne avait lancé il y a quatre ans en tant que ministre des Transports le premier plan vélo, doté de 350 millions d’euros sur 7 ans (2018-2025), auxquels se sont ajoutés 150 millions du plan de relance décidé après la pandémie de Covid-19. Aidé du ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure, Matignon voulait maintenir les aides pour l’acquisition de vélos, et former 800 000 jeunes, au « savoir rouler à vélo ».

La vitrine devait être les Jeux Olympiques, montrer que la France est le pays de la « petite reine ». Mais en arrière plan, le gouvernement avait anticipé l’abandon de la voiture, avec comme vitrine le plan urbain parisien d’Anne Hidalgo et 7% de la population se déplaçant en vélo.

L’État a déclaré vouloir mobiliser 1,25 milliard d’euros d’ici 2027 pour développer les infrastructures cyclables et doubler le réseau-vélo d’ici 2030. Le Plan Vélo & Marche 2023-2027 publié en mai 2023 précise : « Sur la durée du plan, le fonds mobilités actives sera pérennisé à hauteur de 1,25 milliard d’euros, soit 250 millions d’euros par an pour accélérer le développement des aménagements cyclables partout en France ».
Les aides accordées à l’achat d’un vélo, allaient de 250 euros à presque 2000 euros pour un vélo électrique à cadre allongé, pour handicapé et 2000 euros pour la remorque qui va avec.

Ceux qui se sont goinfrés avec ce blanchiment d’argent de l’Etat sont :
Des associations : l’Association française de développement des véloroutes et voies vertes (AF3V), la Fédération française de cyclotourisme (FFCT), la fédération française de la randonnée pédestre (FFRP), la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), Mieux se déplacer à bicyclette (MDB), Rue de l’Avenir France, 60 millions de piétons.

Des organisations : Ademe (Agence de la transition écologique), ADDRN (Agence pour le développement durable de la région nazairienne), A’URBA (Agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine), ATEC ITS France, Cerema (Centre d’études et expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), Fabrique des Mobilités, Fédération française de la randonnée pédestre (FFRP), Institut Paris Région, Iter - coopérative d’expertises et de conseils en mobilités, MOBILIANS (filière nationale du commerce et de la réparation du cycle et du motocycle), RATP (Régie autonome des transports parisiens), 60 millions de piétons, UNION Sport & Cycle.
La responsable de ce projet était Françoise Rossignol qui a deux conflits d’intérêt. L’un avec GIE Objectif Transport Public dont elle est au conseil d’administration et qui a reçu l’argent du plan vélo, et Coordination Handicap Autonomie. Françoise Rossignol est aussi présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables.

Le gouvernement de Michel Barnier semble opérer un tour de vis des finances publiques qui sont catastrophiques.

Le Plan vélo jeté aux oubliettes ?

Depuis la semaine dernière, parlementaires et associations alertent sur la décision du gouvernement de réduire, voire d’abandonner le Plan vélo lancé en 2023 par Élisabeth Borne. Les crédits consacrés à ce plan dans le projet de budget tendent en effet vers zéro.

Explications.
Il faut aller fouiller dans les « bleus budgétaires », c’est-à-dire les très volumineux documents présentant l’ensemble des moyens regroupés au sein de chaque mission budgétaire, pour trouver l’information. Dans le « bleu » de la mission « Écologie, développement et mobilité durable », qui compte pas loin de 500 pages, on trouve quelques lignes consacrées « à la sous-action 44-05 », à savoir « le plan vélo et marche ». Ce plan aura droit à 100 millions d’euros en crédits de paiement en 2025 (contre 145 millions l’année précédente), et, surtout, zéro euro en autorisations d’engagements (les sommes susceptibles d’être engagées pour les années suivantes). Ces autorisations d’engagement étaient de 304 millions d’euros en 2024.

Appels à projets sans réponse
Autrement dit, le gouvernement prévoit bien l’extinction du Plan vélo à partir de 2026. Ce plan, lancé en mai 2023 par Élisabeth Borne, alors Première ministre, prévoyait 2 milliards d’euros sur 5 ans « pour les infrastructures, la sécurité et la formation à la pratique du vélo », avec l’objectif de « doubler le réseau cyclable d’ici 2030 » (lire Maire info du 9 mai 2023). La promesse était claire : 250 millions alloués aux collectivités territoriales chaque année jusqu’en 2027, avec deux appels à projets, dotés de 125 millions d’euros chacun, dont un spécifiquement dédié aux territoires peu denses. Ce deuxième appel à projets (« Appel à territoires cyclables » ), a été lancé le 1er juin dernier, exclusivement réservé aux communautés de communes et d’agglomération. Mais pour le premier comme pour le second appel à projets, aucun lauréat n’a été annoncé à ce jour.

Mais dès le début de cette année 2024, le gouvernement a fait savoir que les crédits dédiés à ce plan étaient « gelés » – ce qui implique que quelque 400 dossiers sont actuellement bloqués, dans l’attente de financements. Les choses ne se présentaient donc pas bien… et la publication du projet de loi de finances pour 2025 n’a fait que confirmer les inquiétudes des associations, avec la réduction des crédits pour 2025 à 100 millions d’euros et la disparition de tout crédit pour les années suivantes.
En commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, plusieurs amendements ont été déposés pour rétablir les 250 millions d’euros promis dans le budget de 2025, sans succès.

Le ministre confirme
Est-ce à dire que le gouvernement va « éteindre » le Plan vélo, au nom des économies budgétaires ? On peut le craindre, si l’on en croit le ministre des Transports lui-même, François Durovray, interrogé par une commission du Sénat à ce sujet mercredi dernier.

C’est le sénateur de la Meurthe-et-Moselle Olivier Jaquin qui a interpellé le ministre sur le sujet : rappelant que les 400 collectivités ont candidaté aux deux appels à projets sont « sans réponse de l’État », le sénateur a indiqué que « l’avenir n’est guère plus rassurant, puisque (…) aucune autorisation d’engagements n’est prévue pour le Plan vélo en 2025. Faut-il y avoir une volonté du gouvernement d’éteindre le Plan vélo ? ».

La réponse du ministre (par ailleurs président du département de l’Essonne), ne rassurera ni les associations ni les collectivités engagées dans le développement d’infrastructures cyclables. « L’État ne se désengage pas totalement », a assuré Françis Durovray – tout est dans ce « totalement ». « Il reste, a-t-il précisé, 300 millions dans les Contrats de plan État-régions pour développer les infrastructures. » Mais quid du Plan vélo ? « Je ne méconnais pas la situation que vous évoquez », s’est contenté de dire le ministre, qui s’est dit « ouvert à des discussions » … tout en ajoutant aussitôt que le cadre budgétaire est « contraint », ce qui « nous invite tous à la responsabilité ». Il ressort clairement de cette audition que le gouvernement n’entend pas revenir sur sa décision d’en finir avec les crédits du Plan vélo. François Durovray a tenté de le justifier en disant avoir « entendu des élus locaux » qui jugent que « cette manne [du Plan vélo] est certes bienvenue », mais qui estiment que « l’État est surtout attendu sur les sujets de violence routière, de communication et de sanctions ».

Il n’est pas sûr que les 400 élus des collectivités qui ont candidaté, sans réponse, aux appels à projets, partagent cet avis.

Mairie Info

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site