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La France a accepté le trafic de drogue dans son PIB mais pas la prostitution.

vendredi 16 mai 2025

Depuis le 1er septembre 2014, les Etats membres de l’Union européenne ont pris en compte l’économie illégale dans le calcul de leur Produit intérieur brut (PIB). Sont comptabilisés le travail au noir, le trafic de drogue et la prostitution. L’Insee devait transmettre à Bruxelles cette comptabilité en septembre et s’est refusé d’inclure les nouvelles normes du système européen des comptes et a accepté la drogue, mais pas la prostitution.

Le PIB représente la richesse produite dans un pays, ainsi que les activités des administrations publiques. Or, l’économie parallèle, selon la Commission européenne, est une richesse de l’ombre qui génère de l’activité et des revenus. L’aspect moral de l’économie souterraine doit être comptabilisé selon la volonté de la Commission européenne.

l’institut de la commission européenne, Eurostat , prend en compte la prostitution, le trafic de drogue et le travail au noir. Pour l’Europe, il est difficile de comparer le PIB de la France avec les Pays-Bas, où le cannabis et la prostitution sont légaux et intégrés dans le PIB. Pour faire cesser ce « deux poids, deux mesures », l’Europe a décidé d’uniformiser les règles statistiques.

Selon Reuters, l’Insee intègre la drogue dans le PIB parce qu’il s’agit d’un échange commercial consenti. Pour la prostitution, c’est différent : l’institut estime que pour la prostitution il n’y a pas de consentement et les prostitués sont parfois mineures. Le France prend en compte le commerce au sens statistique du terme.

Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Suède incluent la prostitution qui est une économie reconnue. Les Etats-Unis ont modifié leurs calculs statstitiques depuis 2013.

La France inclue 3 milliards dans le PIB grâce à la drogue.

La Commission européenne a fait ce calcul en réintégrant dans les comptes toutes ces activités souterraines des pays européens qui se retrouvent ainsi plus riches.
L’INSEE estime que le chiffre d’affaires du cannabis, de la cocaïne et de l’héroïne avoisine les trois milliards d’euros. L’insitut ne retiendra que 2 milliards d’euros puisqu’une part importante de la drogue est importée. Quand à la prostitution, qui ne sera pas comptabilisée, elle génère trois milliards d’euros de chiffre d’affaire. La France voit son PIB augmenter de 0,25 point.

L’ONS, l’équivalent britannique de l’Insee, estime que la prostitution représente 6,5 milliards d’euros et le trafic de drogue 5,4 milliards. Soit tout de même 12,3 milliards de plus à comptabiliser, l’équivalent d’un point de PIB. En conclusion : les Britanniques se droguent et recourent au sexe tarifés deux fois plus souvent que les Français.

La Banque d’Italie a, elle, estimé que son économie souterraine pèse 10,9% de son PIB, en incluant le travail non déclaré et toutes les activités de la mafia. Résultat, son PIB bondirait d’un coup de plus d’un point. En Espagne, l’institut INE estime que le PIB pourrait gonfler de 2,7 à 4,5 points, toujours selon les mêmes calculs. Les Etats-Unis ont également adopté les mêmes normes comptables et ont même révisé leurs chiffres du PIB jusqu’en 1945.

Le directeur des études et synthèses économiques à l’Insee, Éric Dubois, avait déclaré :
« Nous intègrerons (le trafic de drogue) pour les besoins de la politique européenne, notamment pour l’établissement du Revenu national brut en septembre prochain. »
« Dans le trafic de drogue, ce qu’on a longtemps défendu est l’argument selon lequel il y a une dépendance et donc la personne qui se drogue ne consent pas librement à l’échange »
« Tout ce qui est de la prostitution discrète, c’est-à-dire de la prostitution qui se cache derrière d’autres activités, on considère qu’on le prend déjà en compte » de même que la fraude fiscale et le travail au noir, qui représentent « autour de 4 points de PIB ».

La ministre française des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, et la ministre belge de l’Intérieur Joëlle Milquet, avaient d’ailleurs déjà insisté sur ce point dans un courrier adressé à la Commission européenne :
« La prostitution n’est pas une activité commerciale librement consentie. Croire qu’elle puisse l’être est un parti pris idéologique, c’est un mirage et une offense aux millions de victimes de l’exploitation sexuelle à travers le monde », estimaient-elles.

Le journal La Tribune du 12/8/2013 rappelait en 2012, que l’économie parallèle pesait 19% du PIB européen soit 2 175 milliards d’euros. Pour la France elle représentait 10% su PIB, soit 204 milliards d’euros.
Emmanuelle Auriol, professeur à la Toulouse School of Economics, auteure notamment de Pour en finir avec les mafias – sexe, drogues et clandestins : et si on légalisait ?, aux éditions Armand Colin, renvoie à la directive de l’Union européenne, qui considère que « lorsque des adultes consentants font des échanges, cela doit être enregistré dans le PIB ».

Emmanuelle Auriol, appelle à légaliser le marché du cannabis, pour mieux le contrôler, et donc « l’inclure en propre dans le PIB, puisqu’une partie de ces revenus part dans des pays étrangers ».
Lors du débat houleux pour établir le budget sous le gouvernement Barnier, la piste de la drogue et de la prostitution dans le PIB est revenu dans les discussion.

L’idée était de copier le Canada de Justin Trudeau avec les recettes fiscales de la drogue qui dépassaient les 15 milliards de dollars entre 2018 et 2022. Sans compter « un surplus de 43,5 milliards de dollars pour le PIB » du pays entre 2018 et 2021 et les quelque 151.000 emplois créés. C’est du délire.

Le Colorado est le premier Etat américain à avoir légalisé le cannabis en 2014. Son chiffre d’affaire représentait 1,2 milliard de dollars annuel, dont près de 300 millions de recettes fiscales pour l’Etat.

En conclusion, si l’on fume et snife de la drogue, c’est bon pour le PIB. Au contraire, si l’on industrialise le pays et que l’on crée des emplois, c’est mauvais pour la planète.
N’en jetez plus, nous sommes foutus.

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