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Attentat de Moscou : la France visée par des tentatives du même groupe jihadiste, selon Macron

lundi 25 mars 2024

L’Etat Islamique a réussi la prouesse de réunir les deux cibles que sont la Russie et potentiellement la France. De ce que nous savons, les exécutants de l’attentat de Moscou ont été payé pour tuer, il n’a jamais été question d’objectif politique. C’est un contrat ni plus ni moins qui ressemble à ceux que la CIA passe avec des rebelles pour toucher des cibles prioritaires sans engager la responsabilité des Etats Unis. Il fallait une nouvelle menace et un nouvel acteur pour déstabiliser Poutine.

L’État islamique a choisi comme nouvelle cible la Russie
La Russie a du sang afghan sur les mains, c’est la motivation principale de l’EI. Depuis la guerre entre la Russie et l’Ukraine, l’EI recrute et collecte des fonds pour passer à l’action. Depuis que les États-Unis ont quitté l’Afghanistan, l’État islamique s’est trouvé un nouvel ennemi. Après l’invasion russe en février 2022, l’État islamique a lancé une campagne médiatique sur l’Ukraine dans son bulletin hebdomadaire al-Naba, sous le titre « La croisade contre les guerres des croisés ». L’EI se réjouit de la destruction mutuelle de ses adversaires déclarés sur le continent européen.

Cette théorie est plus que douteuse et un groupe terroriste qui colle à la perfection avec l’agenda de l’OTAN est une merveilleuse coïncidence.
La guerre asymétrique tant prisée par Victoria Nuland va changer la donne au niveau de la stratégie de combat. Si les troupes françaises ne vont pas en Ukraine, il est certain que le terrorisme prendra le relai pour lutter contre Poutine au plus grand bonheur de ses adversaires qui ont trainé des pieds pour dénoncer l’attentat de Moscou.

Kiev arme t-il les terroristes ?
Des responsables militaires ukrainiens ont détourné 40 millions de dollars d’armement, c’est ce qu’a révélé le SBU l’agence de renseignement et de sécurité ukrainien. Le détournement s’est fait avec avec la complicité d’une société étrangère.
Un article de 2019 du journal anglais Independent raconte comment l’Ukraine est devenue le foyer improbable des dirigeants d’Isis. Les autorités ukrainiennes ont arrêté un haut commandant de l’Etat islamique à Kiev dans le cadre d’une opération conjointe avec la CIA. Il semble être l’un des nombreux à avoir fait de l’Ukraine leur patrie. Al Bara Shishani était considéré comme mort jusqu’à sa comparution devant le tribunal de Kiev. Selon le SBU, Al Bara Shishani a continué à coordonner les opérations terroristes d’Isis depuis Kiev. Né Cezar Tokhosashvili, Al Bara Shishani est l’un des nombreux commandants d’Isis originaires de la région des gorges de Pankisi, dans le nord de la Géorgie.
Pour la France, entre 2019 et 2023, une vingtaine de déchéances de nationalité ont été prononcées pour terrorisme. Khassanbek Tourchaev, le « sniper de Daech », déchu de la nationalité française, d’origine tchétchène, condamné pour terrorisme en 2019 et libéré en octobre 2023, a perdu la nationalité française par décret de la Première ministre.
Khassanbek Tourchaev est sous surveillance judiciaire et sera expulsé.

La branche du groupe jihadiste État islamique « impliquée » dans l’attaque meurtrière à Moscou « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives » sur le « sol » français, a déclaré, lundi, le président Emmanuel Macron. Alors que le plan Vigipirate a été relevé à son niveau maximal, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte », ajoutant que deux projets d’attentat avaient été « déjoués » en France depuis le début de l’année.
Une organisation terroriste qui était déjà dans le viseur de Paris. La branche du groupe jihadiste État islamique (EI) « impliquée » dans l’attentat de Moscou « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives » sur le « sol » français, a déclaré, lundi 25 mars, Emmanuel Macron, après le relèvement du plan Vigipirate à son niveau maximal.

« Il faut se garder de toute instrumentalisation ou déformation, mais être exigeants et efficaces. C’est dans cet esprit que nous avançons et j’espère que la Russie fera de même », a dit le président français à son arrivée en Guyane, alors que Vladimir Poutine a pointé une responsabilité de l’Ukraine.
« Ce serait à la fois cynique et contre-productif pour la Russie elle-même et la sécurité de ses ressortissants d’utiliser ce contexte pour essayer de le retourner contre l’Ukraine », a-t-il insisté devant la presse.
Le groupe EI a revendiqué l’attaque perpétrée vendredi soir dans une salle de concert près de Moscou, qui a fait au moins 137 morts. Sa branche afghane, le groupe État islamique au Khorasan (EI-K), est la première suspecte pour les experts du terrorisme mondial.
L’EI-K, qui a fait son apparition dans l’est afghan en 2014, cherche à établir un califat qui s’étendrait en Afghanistan, au Pakistan, au Turkménistan, au Tadjikistan, en Ouzbékistan et en Iran.

« Coopération accrue » proposée à la Russie
Selon Emmanuel Macron, les services de renseignement français estiment que cette entité « a fomenté cet attentat et l’a mis à exécution ».

L’exécutif a pris acte, lors d’une réunion dimanche soir à l’Élysée, que « ce groupe particulier qui est impliqué, semble-t-il, dans cet attentat, avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives sur notre propre sol », a expliqué le chef de l’État. « Et donc, compte tenu de ses ramifications et de ses intentions, par mesure de précaution mais avec des éléments crédibles et solides », il a « décidé de hausser la posture de Vigipirate », qui avait été abaissée en janvier.

Emmanuel Macron a assuré que la France avait « proposé aux services russes, comme à nos partenaires de la région, une coopération accrue », « compte tenu des informations dont nos services disposent et des éléments qui peuvent être utiles aux Russes ».

Prié de dire s’il pourrait en parler lui-même directement avec son homologue russe, il a répondu que les contacts se feraient au niveau « technique et ministériel » dans « un premier temps ». « Nous verrons l’évolution du contexte et si les jours ou semaines qui viennent le justifient », a-t-il ajouté.

Gabriel Attal annonce « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte »
De son côté, le Premier ministre Gabriel Attal s’est rendu, lundi en début d’après-midi, à la gare Saint-Lazare à Paris pour saluer les forces de l’ordre, dont les militaires de la force Sentinelle, après le relèvement du plan sécuritaire Vigipirate, a annoncé Matignon.

Lors d’une visite du PC sécurité de la gare et après avoir échangé avec les diverses forces mobilisées, le chef du gouvernement a annoncé que des « moyens exceptionnels » seraient déployés « partout sur le territoire », avec « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte ».

« La menace terroriste islamiste est réelle, elle est forte » et « elle n’a jamais faibli », a-t-il dit, déclarant que deux projets d’attentat avaient été « déjoués » en France depuis le début de l’année.
Une réunion organisée par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, placé sous son autorité, s’est tenue avant cette visite à Saint-Lazare pour décider des mesures à prendre, comme après chaque changement de posture du plan Vigipirate.

Quand la France était passée à ce même niveau d’alerte « urgence attentat » après le meurtre de l’enseignant Dominique Bernard à Arras par un ancien élève radicalisé, jusqu’à 7 000 soldats de la force Sentinelle avaient été déployés sur le territoire.

Le plan Vigipirate a été ensuite rétrogradé au niveau 2 (« sécurité renforcée - risque attentat ») en janvier avant d’être de nouveau relevé dimanche soir.

Des menaces d’attentat contre près de 130 collèges et lycées
Le ministère de l’Éducation a par ailleurs indiqué lundi que près de 130 collèges et lycées ont été visés depuis la semaine dernière par des menaces d’attentat via les espaces numériques de travail (ENT), en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et la région Grand Est.

Les conditions de sécurité ont été renforcées dans plusieurs de ces établissements lundi.
L’opération Sentinelle a été lancée en janvier 2015, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Jusqu’à 10 000 soldats (dont 3 000 en réserve) peuvent être engagés sur le territoire national, selon le ministère des Armées. Le volume des soldats déployés n’est pas figé et évolue selon les besoins.

La Direction générale de la sécurité intérieure réunira de son côté jeudi matin « l’ensemble des acteurs du renseignement » pour « tirer toutes les conséquences de l’attentat de Moscou », a annoncé lundi Gérald Darmanin.

AFP et Reuters

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