Les dessous crapoteux de la loi Macron
Ajoutons à ce sujet, et au palmarès de la semaine, qu’en ce qui concerne les districts communaux refusant de se soumettre de bon gré à la politique des quotas sociaux et ethniques (sic ! le mot est officiellement lâché), l’État prévoit de recourir à la manière forte et d’imposer par la contrainte légale « la diversité sociale ». Autant punir l’eau et l’huile qui refusent obstinément de se mélanger ! Enfin la Loi Macron comporte un codicille [amendement] passé inaperçu qui prolonge et complète utilement dans le domaine économique la loi (scélérate osent dire certains !) Fabius-Gayssot, en instaurant un « secret des affaires », nouveau tabou en faveur des grandes entreprises transnationales. Il ne s’agit plus seulement de réprimer l’espionnage industriel, déjà prévu dans le code pénal (même si le dispositif existant est incomplet), mais d’interdire par extension toutes révélations gênantes sur des pratiques trop souvent exorbitantes du droit commun. Telles, par exemple, les méthodes peu orthodoxes d’optimisation – doux euphémisme - de la charge fiscale, de blanchiment ou de recyclage de fonds d’origines criminelles ou douteuses.
Techniques que maîtrisent à la perfection les nouvelles féodalités économiques et financières, entités au service desquelles se placent discrètement les gouvernements successifs. Car si le principe de protection du domaine industriel est bon et nécessaire, il n’en demeurera pas moins que rien n’empêchera un recours abusif à ce texte pour bloquer certaines révélations d’intérêt public. Informations dont la divulgation sera soumise au bon ou au mauvais vouloir, c’est-à-dire de l’arbitraire, d’une magistrature de moins en moins indépendante… Pour ne pas parler de prohibition totale, de black out, comme dans certains secteurs maudits de l’Histoire interdits a priori d’accès.
Gayssot bis sans tambour ni trompette
À l’instar du texte de référence, c’est dans la plus grande discrétion, en loucedé, grâce à un vote à la sauvette mais quasi unanime des deux Chambres que l’article de loi relatif au « secret des affaires » est passé. Celui-ci prévoit de punir très lourdement quiconque publierait sans autorisation préalable toute information « sensible » : peines encourues selon le degré de gravité du délit de 3 à 7 ans d’emprisonnement et de 375 000 à 750 000 à euros d’amende. La chose est si énorme que des journalistes bien pensants l’ont aussitôt dénoncée dans le quotidien vespéral Le Monde, parlant de « censure inédite en France »… car avec cette loi « il sera désormais impossible d’informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique du pays »… « avec la loi Macron, nul n’aurait jamais entendu parler du scandale du Médiator ou de celui de l’amiante, de l’affaire Luxleaks, UBS, HSBC sur l’évasion fiscale, des stratégies cachées des géants du tabac, mais aussi des dossiers Elf, Karachi, Tapie-Crédit lyonnais, ou de l’affaire Amésys [1]. Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la nation, qui décide de l’intérêt ou non d’une information » [2]. Ce que M. Sarkozy n’avait pas osé faire, MM. Hollande et Valls l’ont accompli, illustrant avec éclat le caractère sourdement totalitaire de la démocratie au XXIe siècle.
L’exposition des turpitudes de la haute finance n’est donc plus, ni de mise ni admis. Pourtant en début de semaine, le 9 février, des révélations quant à la filiale suisse de la HSBC [3] placent une fois encore ce groupe au centre de l’actualité : en effet le directorat d’HSBC, devait répondre le lendemain, le 10 février, devant une commission du Sénat américain, des charges de blanchiment d’argent lié au trafic de drogue et de financement d’organisation terroristes [4]. Or, dès avant que n’éclate l’affaire « Swissleaks » [5], un réseau global d’évasion fiscale dévoilé par le Consortium international des journalistes d’investigation [ICIJ], le Sénat américain avait déjà une première fois, en 2012, désigné HSBC pour être (apparemment) la banque des cartels mexicains de la drogue et de personnes morales connues pour leur financement d’organisations terroristes.
HSBC un cas d’école qu’il sera bientôt interdit d’évoquer ?
Au terme de deux ans d’enquête et un rapport de 335 pages rendu public le 16 juillet 2012, la sous-commission sénatoriale présentait un réquisitoire sans concession contre la filiale américaine d’HSBC, présentée comme un « cas de figure » exemplaire de la perméabilité du système financier américain à l’argent sale, notamment celui de cartels mexicains de la drogue [6]. À ce propos, HSBC après avoir acheté en 2002 la Grupo Financiero Bital, cinquième banque mexicaine par son importance, le groupe anglais faisait preuve d’un laxisme tout à fait remarquable en ne considérant pas le Mexique de 2002 à 2009, comme un pays où il serait utile d’effectuer des contrôles ayant trait au blanchiment d’argent. Au cours de ces années, HSBC et Bital travaillèrent avec plusieurs sociétés mexicaines de change qui sont aux yeux du Trésor américain autant de plaques tournantes pour les fonds issus du trafic de la drogue. Entre 2007 et 2008, la filiale mexicaine d’HSBC va ainsi transférer aux États-Unis 7 milliards de dollars, soit davantage que n’importe quelle autre filiale de cette banque insoupçonnable.
À l’époque les autorités mexicaines estiment qu’une telle somme doit, en partie, provenir des trafics de stupéfiants… ce qui n’empêche pas HSBC de faire libéralement fructifier ces fonds. Pour donner la dimension réelle de ce qui est ici en jeu, il faut préciser que la guerre que se livrent au Mexique même les narcotrafiquants aurait fait quelque cent mille morts ces sept dernières années [7]… Bagatelle pour un massacre ! En outre, ajoutons rapidement, que selon un rapport de la CIA [8] de 2003, l’établissement saoudien Al Rajhi Bank serait l’un des principaux « vecteurs de financement des groupes et mouvements radicaux islamiste »… lisez Al-Qaïda en Syrie [Front al Nosra] et l’État islamique au Levant et en Irak. Malgré cela HSBC va abonder Al Rajhi Bank pour près d’un milliard de $ entre 2006 et 2010 [9].
L’amendement Macron est au final et de toute évidence une loi muselière et l’un des premiers maillons de la chaîne avec laquelle l’opinion sera ligotée et le droit à l’information définitivement banni de nos démocraties de façade. Toute vérité indésirable pour la bonne marche du système deviendra malséante et punissable par les tribunaux de la pensée dominante et de la censure qui n’existe pas. Il suffira d’ailleurs sous peu de qualifier de « complotiste » toute opinion non conforme à la doxa du jour pour conduire illico leurs imprudents auteurs en cours de justice. Le 27 janvier dernier, le président François Hollande ne rendait-il pas (acrobatiquement) les complotistes d’aujourd’hui responsables de tous les crimes commis hier contre les juifs d’Europe ? Raison pour laquelle il appelait à les priver de toute expression publique ou privée de leurs idées [nauséabondes], singulièrement sur la Toile et les réseaux sociaux [10].
Complotisme = antisémitisme, il fallait y penser !
M. Hollande le 27 janvier 2015 au Mémorial de la Shoah s’exprimait en ces termes d’une remarquable lourdeur : « [l’antisémitisme] entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Théories du complot qui ont, dans le passé, conduit déjà au pire »… « [La] réponse, c’est de prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux. Or, nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination. Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plate-formes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement ».
La guerre est donc déclarée contre la liberté de pensée et d’expression. Principalement contre le premier historiquement et dernier bastion universel de la liberté de parole qu’est – mais pour combien de temps encore ? – Internet. Telle est la conséquence pour le moins paradoxale - néanmoins suivant une irréfragable logique - des manifestations monstres du 11 janvier – lesquelles faisaient écho au 11 Septembre américain et aux sévères restrictions sociétales imposées par lesPatriot Act I et II - en faveur d’une Liberté absolue d’expression… évidemment pour quelques uns, mais surtout pas pour tous.
Thierry Meyssan lanceur d’alerte
Dans un article paru le 9 mars, Thierry Meyssan, père du conspirationnisme contemporain [11], présente le décryptage qu’effectue La Fondation Jean-Jaurès, boîte à penser du Parti socialiste céfran, de ces odieuses tendances complotistes [12]. Réflexion absconse qui a nourri la condamnation présidentielle citée plus haut – un ratiocinage qui apparaît pour tout esprit normalement constitué comme exceptionnellement biaisé… et tiré par les cheveux, sauf à en percevoir les ressorts à peine cachés - d’opinions qui, si elles s’avèrent fondées dans les faits et en raison, sont parfaitement légitimes sauf pour nos modernes chasseurs de sorcières… et si elles sont aussi idiotes que dites, il est parfaitement inutile d’en parler ! Chacun pourra cependant s’y reconnaître car il y en a pour tout le monde, droite et gauche confondues. Un point de détail : faut-il souligner l’usage de termes comme « interlope », lequel exprime tout cru le souverain mépris que ces grands démocrates portent à leurs semblables… ne parlons pas de leurs concitoyens ou de leurs compatriotes, mots étrangers à leur culture et à leur vocabulaire !
« [C’est une]mouvance hétéroclite, fortement intriquée avec la mouvance négationniste, et où se côtoient admirateurs d’Hugo Chávez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent d’anciens militants de gauche ou d’extrême gauche, ex Indignés, souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultranationalistes, nostalgiques du IIIe Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11-Septembre, antisionistes, afro-centristes, survivalistes, adeptes des “médecines alternatives”, agents d’influence du régime iranien, bacharistes, intégristes catholiques ou islamistes » [p. 8].
Pêle-mêle ces infâmes conspirationnistes regroupent « [l’opposition à] toute législation antiraciste sous prétexte de défense de la « liberté d’expression » ; [le rejet de] la pertinence du clivage droite/gauche, le véritable clivage étant celui qui sépare “le Système” (ou l’Empire, ou l’Oligarchie) de ceux qui lui résistent » [p. 8]. Ou encore ceux qui partagent « l’idée que le sionisme est un projet de domination du monde » [p. 9].
Conclusion : il faut, et l’État s’y emploie, fermer leur gueule à tous ces tarés de conspirationnistes, c’est-à-dire à presque tout le monde, en tout cas en priorité à tous ces « déchets de la pensée humaine » comme Madame Taubira a su si bien qualifier le député de la droite molle, Gérald Darmanin [13].
Quelles leçons tirer ?
Que le “système” s’affole, qu’il devient fou. Que ces gens ont peur et que le pouvoir des mots leur échappe. Pour en être réduit à l’exécration universelle, à la condamnation de tout ce qui leur échappe, de tout ce que leur « cerveau malade » [14] ne leur permet plus ni d’appréhender et encore moins de comprendre. Ce désarroi palpable étant au final plutôt une bonne nouvelle dans la mesure où ces gens semblent atteindre maintenant la vitesse de décrochage. En espérant malgré tout qu’ils n’aient plus le temps et les moyens de faire davantage de dégâts, comme par exemple de jeter l’Europe en Ukraine dans une guerre contre la Fédération de Russie pour complaire au Sénat américain. Assemblée prise également de folie comme l’ont montré et démontré les standing ovations compulsives qui ont salué le 3 mars au Capitole le discours posément hystérique du Premier ministre israélien, le boutefeu Netanyahou.
Qu’ajouter ? Que nous assistons à l’heure actuelle, en France et en Europe, à une tentative de destruction historiquement inédite de la pensée et des droits les plus fondamentaux : liberté de pensée, de parole, d’information. Destruction qui se matérialise dans la volonté politique d’interdire toute pensée et tout exercice de la raison critique hors des étroits sentiers prescrits par la loi… ceci dans une soumission inconditionnelle à un ordre social de plus en plus ouvertement contraignant voire asphyxiant. Mais peut-on réellement et définitivement asservir les âmes ? Pour cela il faut effacer la mémoire du monde, faire table rase. En Russie à partir de l’hiver 1917, Lénine, ses acolytes messianiques et ses successeurs s’y sont ardemment employés, mais sans succès définitifs. Leurs héritiers qui siègent maintenant à Bruxelles, Londres, Berlin et Paris ont repris le flambeau. Gare cependant au printemps des peuples qui pourraient être terrible !
Léon Camus 9 mars 2015