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Moussab Al Zarqaoui, une créature du Rendon Group ?

lundi 26 juillet 2010

En 2003, l’ennemi public numéro Un, Oussama ben Laden, resté insaisissable, l’administration américaine s’est trouvée un nouveau « cerveau » d’al-Qaida en la personne d’un jordanien nommé Abou Moussab al Zarqaoui.

Son nom est cité pour la première fois au début de l’année à la tribune des Nations Unies. Dans son réquisitoire contre le régime irakien, Colin Powell, affirme qu’il est le « chaînon manquant » entre Oussama ben Laden et Saddam Hussein. Et selon lui, une offensive contre l’Irak, devenue la nouvelle base du terrorisme international, est tout à fait justifiée.

Mais Colin Powell « a oublié » de mentionner deux faits d’importance : d’une part que al Zarqaoui est un opposant idéologique de Saddam Hussein, et d’autre part, que les États-Unis n’ont pas détruit sa base du Nord de l’Irak lorsqu’ils en ont eu la possiblité. Pourquoi ?

Si aucune preuve de lien entre le régime de Bagdad et al-Qaida n’a pu être apportée finalement à la suite de ces allégations, la « popularité » d’Abou Moussab al Zarqaoui s’est tout de même accrue au fil de la médiatisation de ses « exploits » supposés. En mettant à prix dix millions de dollars sa tête, Washington a participé à la construction de son mythe.

Le réseau Voltaire analyse le cas Zarqaoui comme suit : « Dès le début de l’invasion de l’Irak, Abou Moussab al Zarqaoui devient l’ennemi public n°Un. Son groupe armé, Ansar al-Islam, est labellisé al-Qaida en Irak. On lui attribue l’enlèvement et la décapitation du travailleur humanitaire japonais Shosei Koda (octobre 2004) ; des attentats contre des civils à Najaf et Karbala (décembre 2004) ; l’exécution de l’ambassadeur d’Égypte Ihab Al-Sherif (juillet 2005) ; l’attentat au marché de Musayyib ( juillet 2005) ; la torture et la décapitation des deux GI’s Thomas Lowell Tucker et Kristian Menchaca (juin 2006) ; l’enlèvement et l’assassinat de quatre diplomates russes, Fyodor Zaitsev, Rinat Agliuglin, Oleg Fedoseyev et Anatoly Smirnov (juin 2006) et quantité d’autres crimes. Dans l’imaginaire collectif, il prend le visage d’un fanatique sanguinaire après l’égorgement de Nick Berg. »

Abou moussab Al Zarqaoui est donc « vendu » aux médias et à l’opinion publique comme le terrible chef d’al-Qaida en Irak. Cependant il est parallèlement celui dont le général Georges W. Casey Junior a dit qu’il lui a fabriqué des papiers (!?) et dont le commandant des opérations psychologiques en Irak, Mark Kimmit, a rapporté textuellement que : «  le programme PsyOp/Al Zarqaoui en Irak était la campagne d’information la mieux réussie. »

Le Washington Post a reconnu que le rôle de Zarqaoui a été délibérément exagéré par le Pentagone pour obtenir le soutien de l’opinion publique et des autres états dans la guerre au terrorisme menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

La « campagne » sur Zarqaoui est abordée dans des documents militaires. On peut voir écrit « Diabolisation de Zarqaoui/réponse xénophobe en levier » dans une note d’un briefing militaire américain de 2004 qui liste les méthodes appliquées : « Opérations des médias, Opérations spéciales 626, PsyOp [terme militaire américain pour le travail de propagande] » (Washington Post, 10 avril 2006)

Difficile de démêler le vrai du fabriqué dans la légende des personnages du terrorisme international ! La légende Zarqaoui est-elle inventée en totalité dans un laboratoire de la désinformation, ou, partant d’une base réelle, lui a-t-on seulement grossi quelque peu les traits pour justifier des interventions militaires ?

Qu’aurait fait Bush sans Oussama ben Laden se demande Michael C.Ruppert dans son ouvrage « Crossing the Rubicon » ? Les conclusions de l’auteur vont très loin : « Je crois, dit-il, que ben Laden a été et demeure toujours un agent de la CIA, du gouvernement des États-Unis et de Wall Street. » Cela expliquerait pourquoi le terroriste le plus pourchassé de la planète n’a jamais été pris.
Alors Zarqaoui, agent simple, double ou triple ? Un agent qui se respecte ne l’avoue jamais.

Que sait-on finalement de véritablement établi sur Zarqaoui ? Sa biographie officielle est pour le moins confuse.

Il serait donc né en Jordanie dans une famille pauvre de neuf enfants. À l’âge de douze ans, il quitte l’école et trouve refuge dans les camps palestiniens à la périphérie d’Amman. A l’âge de vingt ans, il part s’entraîner dans un camp de moudjahiddin pour lutter contre l’occupant soviétique en Afghanistan… et ce n’est qu’en 1990 qu’il revient en Jordanie. En 1999, le nom de Zarqaoui est prononcé lors de l’attaque de l’Hôtel « Padisson Sas » d’Amman. Le complot déjoué, Zarqaoui est incarcéré, puis gracié. Il part alors au Pakistan, puis retourne en Afghanistan. En 2002, Zarqaoui lutte avec les Talibans contre les forces états-uniennes. On dit que pendant une embuscade, il est gravement blessé à un pied, ce qui ne l’empêche pas de fuir jusqu’en Irak où, dans un hôpital de Bagdad, on l’ampute de son pied blessé. Par la suite, l’invasion anglo-états-unienne trouve Abou Moussab al Zarqaoui au Nord de l’Irak, dans la zone kurde, lieu idéal pour continuer la « guerre sainte » à la tête de sa troupe de combattants, « Ansar al-Islam », composée de quelques centaines de fondamentalistes. Enfin, en avril 2003, après la chute de Bagdad devant l’offensive des forces des États-Unis, Zarqaoui et son groupe sont signalés au centre de l’Irak, dans la zone nommée le « triangle sunnite ».

Zarqaoui est donc catapulté sur la scène médiatique en février 2003, à peine six semaines avant l’invasion états-unienne de l’Irak. Al-Zarqaoui devient en quelques jours à peine une « pointure » du terrorisme international. La consécration arrive quelques semaines plus tard, quand le président Bush Jr le qualifie d’homme le plus dangereux de la planète, après ben Laden.
Le 8 février 2003, une alerte anti-ricin est déclenchée aux États-Unis. Dans une lettre expédiée à l’adresse du leader de la majorité républicaine au Sénat, on découvre une poudre blanche suspecte. Immédiatement, les autorités avancent le nom de Zarqaoui, l’identifiant comme le possible cerveau de l’opération.
La National Rewiew de février 2003, fournit les arguments suivants : « Il est bien connu que Zarqaoui, ingénieur biochimiste de son métier, et chef de l’organisation al-Qaida, se cachait en Afghanistan, où fut trouvé des traces de ricin ainsi que d’autres poisons. » Mais quand a-t-il trouvé le temps de faire des études de chimiste, lui qui aurait quitté l’école à 12 ans, aurait vécu dans des camps de réfugiés et serait devenu combattant à 20 ?

Activiste fanatique présumé, Al Zarqaoui semble être hyper actif dans ce domaine. Ce super terroriste prépare du ricin pour sa correspondance états-unienne, enterre des bombes radiologiques, organise et coordonne son réseau en Europe et entre al-Qaida et Saddam Hussein. Même l’invasion de l’Irak ne le freine pas.

The Weekly Standard, revue proche des néoconservateurs du PNAC, écrit en mai 2004 : « Al-Zarqaoui a commandé non seulement l’assassinat de Nick Berg, mais encore le carnage de Madrid le 11 mars, le bombardement des Shiites en Irak le même mois, l’attentat kamikaze du port de Basrah le 24 avril. Avant le 11 septembre 2001, il complotait afin de tuer des touristes israéliens et américains en Jordanie. »
Storytelling…

Il est en outre troublant de constater que certaines victimes de Zarqaoui sont des personnages gênants pour la coalition : des hommes suspectés d’espionnage, des journalistes qui bravent la censure militaire, des activistes d’organisations humanitaires … A qui rendait-il vraiment service en s’attaquant à ces personnes ?

Même sa fin est un récit changeant.
Un article de Ria Novosti de juin 2006 rapporte les propos de Donald Rumsfeld suivants : « L’ ironie veut que le leader d’al-Qaida en Irak ait été éliminé alors que le gouvernement contre lequel il luttait a obtenu un succès important. » Selon lui, cette avancée portera un coup foudroyant aux terroristes en Irak. C’est en intervenant à la session des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles que le chef du Pentagone a annoncé la mort d’Al Zarqaoui lors d’une frappe aérienne en Irak. « Ce sera un choc pour tout le système d’al-Qaida et non seulement en Irak. Dans le même temps, le peuple irakien y gagnera beaucoup  ».

La version officielle dit qu’après une longue traque, les américains qui pistent le conseiller spirituel de Zarqaoui, cheikh Abdel Rahman, localisent Zarqaoui au Nord-Ouest de Bagdad. Un commando de la Task Force 77 l’ encercle et deux F-16 décollent. Des tirs sont échangés et craignant de le voir échapper, l’état-major ordonne à un F-16 de larguer une première bombe de 250 kg suivie d’une autre par le second avion. Puis les américains laissent la police irakienne arriver la première sur les lieux et constater la mort du chef terroriste.

Le Réseau Voltaire analyse cette version de cette façon : « Avec l’aide des services de renseignements jordaniens, les forces de la Coalition auraient localisé al Zarqaoui. Elles auraient alors décidé de ne pas l’arrêter, mais de l’éliminer en bombardant lourdement son refuge. Elles auraient pulvérisé les bâtiments, mais l’auraient retrouvé vivant sous les décombres. Il n’aurait pas tardé à succomber à ses blessures. Cependant, les services jordaniens ne sont pas certains d’avoir participé à cette opération. Et personne n’a touché la formidable prime promise aux indicateurs. Enfin aucune autorité indépendante n’a été autorisée à vérifier quoi que ce soit sur le terrain et le corps ne sera pas rapatrié en Jordanie empêchant ainsi toute identification indépendante. »

Un témoignage vient contredire la version du général américain Caldwel. Abou Moussab al Zarqaoui n’est pas mort et est même conscient après le bombardement de sa cache selon un témoin irakien qui raconte que le terroriste a été battu à mort par les soldats US. Cet homme affirme à l’agence Associated Press Television New avoir vu des militaires américains battre un blessé ressemblant à Zarqaoui jusqu’à ce que mort s’ensuive. Il fait un récit similaire au Washington Post. Au départ, le général américain avait affirmé qu’Abou Moussab al Zarqaoui avait été tué sur le coup lors du bombardement de sa cache. Il change son récit et dit qu’il est mort des suites de ses blessures après avoir esquissé une tentative de fuite au moment de l’arrivée des GI’s.

Quoi qu’il en soit, après la mort de Zarqaoui, le père de Nick Berg a déclaré ne pas être certain que Zarqaoui soit l’assassin de son fils. Et la branche irakienne du réseau al-Qaida en Irak a annoncé que l’organisation avait désigné cheikh Abou Hamza Al-Mouhajer pour lui succéder. Zarqaoui mort, un autre endossera le rôle que les PsyOps décideront de lui faire jouer…

La rédaction Geopolintel.

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