Geopolintel

Des virus mortels créés par génie génétique

samedi 13 février 2021

Des scientifiques américains ont modifié génétiquement un virus de souris (mousepox), apparenté à celui de la variole, afin de le rendre mortel. Ce nouveau virus est capable de tuer les souris, préalablement protégées par un vaccin normalement efficace et traitées par un médicament antiviral. Les travaux ne se sont pas limités au mousepox, mais concernent aussi un autre virus, le cowpox, infectant de nombreuses espèces animales, ainsi que les hommes.

Cette découverte a été réalisée de manière fortuite en 2001 lors de recherches menées pour rendre stériles des souris et des lapins. Les chercheurs ont alors inséré dans le virus mousepox un gène codant pour une protéine immunosuppressive IL-4. Contrairement aux résultats espérés, ce virus était devenu beaucoup plus mortel que le virus originel, réussissant à tuer 60 % des souris immunisées. Il semble que l’addition du gène IL-4 inhibe la réponse immunitaire à médiation cellulaire qui est un composant clef du système immunitaire. Les travaux de cette équipe ont cependant montré que ce virus modifié génétiquement n’était pas contagieux, écartant le risque d’une épidémie mondiale chez les lapins et les souris dans le cas où le virus s’échapperait du laboratoire.

Une autre équipe de chercheurs a réussi à rendre ce virus encore plus mortel en modifiant l’emplacement du gène IL-4 dans le génome viral, ainsi qu’en optimisant l’expression de la protéine IL-4. Ce nouveau virus a été capable de tuer 100 % des souris immunisées, même lorsque celles-ci ont été traitées avec un médicament antiviral le cidofovir (inhibiteur de l’ADN polymérase viral). Cependant une légère survie des souris a été obtenue par injection d’un anticorps dirigé contre la protéine IL-4.

Cette équipe a aussi modifié un autre poxvirus, le cowpox, en lui ajoutant le gène IL-4. Contrairement au mousepox, le cowpox est capable d’infecter les hommes. Cependant les chercheurs précisent que le gène IL-4 est spécifique d’une espèce. Ainsi ce gène ne devrait pas affecter le système immunitaire humain dans le cas ou ce virus infecterait un homme. Certains virologistes indiquent cependant que le risque d’obtenir un virus recombinant avec un gène IL-4 humain existe, et pourrait rendre ce virus très dangereux.

Le fait que les virus ainsi modifiés ne sont pas infectieux demeure encore égnimatique, mais expliquerait qu’aucun poxvirus n’ait acquis de manière naturelle le gène codant pour la protéine IL-4. Tout ce qui est connu actuellement est que l’absence de contagion n’est pas liée à la forte mortalité des sujets infectés.
Les chercheurs justifient leur recherche en expliquant qu’il est important de comprendre et d’évaluer comment il est possible de rendre mortel un virus anodin, afin de se protéger d’un tel risque. Cependant d’autres scientifiques sont très sceptiques sur l’utilité de telles recherches, qui pourraient ouvrir la voie à la modification de virus humains anodins.

La variole

Les poxvirus font partie de la famille des poxiviridae et plus précisément des orthopoxvirus qui regroupe des virus comme la variole, la vaccine (dérivée du cowpox), le monkeypox, le mousepox etc...
Ce sont des virus à ADN de grande taille qui ont la particularité unique de se multiplier exclusivement dans le cytoplasme des cellules.
La variole confère une immunité définitive aux sujets infectés, cependant la durée de la protection conférée par la vaccine (virus utilisé dans les préparation vaccinales) n’est pas connue avec exactitude, mais dépasserait la dizaine d’années. Cette protection est rendue possible par une réaction croisée des anticorps entre les deux virus.

Le virus de la variole se transmet à partir des sécrétions ainsi que des lésions des personnes infectées. Les personnes sont principalement contagieuses pendant la dizaine de jours qui suivent l’apparition de l’éruption cutanée. La dissémination est limitée aux personnes en contacts proches avec le malade. Avec un taux de mortalité de 30 %, ce virus est parmi les plus mortels connus à ce jour. Le dernier cas de variole répertorié en France date de 1955. L’OMS a déclaré l’éradication du virus en 1980.

Le virus cowpox a pour réservoir les rongeurs, mais a déjà été isolé chez les félins et les bovidés qui peuvent transmettre le virus à l’Homme.

Le camelpox ne diffère du virus de la variole que par trois gènes, et est responsable de la variole des camélidés notamment au moyen orient et en Afrique.

Le mousepox infecte les souris qui présentent alors des symptômes proches de la variole.

A ce jour aucun traitement n’a fait preuve de son efficacité contre ces virus, mais des études sont menées notamment sur un antiviral (le cidofovir). Toutes ces caractéristiques font du virus de la variole une arme bactériologique potentielle importante. Fort heureusement, la manipulation (mais surtout la modification) d’un virus si dangereux est extrêmement difficile et coûteuse, ce qui limite le risque de voir un tel virus modifié être utilisé comme arme bactériologique.

Futura

—  0 commentaires  —

© Geopolintel 2009-2023 - site réalisé avec SPIP - l'actualité Geopolintel avec RSS Suivre la vie du site