Le Global Governance Project veut renforcer le multilatéralisme.
- Tout d’abord, nous devons renforcer les organisations mondiales de la santé. Il n’y a pas de solution à la sécurité pandémique qui n’implique pas un rôle central pour une Organisation mondiale de la santé renforcée, dont les finances reposent sur une base multilatérale plus sûre.
- Deuxièmement, nous devons faire un meilleur usage des institutions financières internationales. La Banque mondiale et les autres banques multilatérales de développement, ainsi que le Fonds monétaire international, sont des institutions uniques, capables de catalyser à la fois les investissements nationaux des gouvernements et les financements privés. Nous devons faire en sorte que les biens publics mondiaux, tant pour le climat que pour la sécurité en cas de pandémie, fassent partie de leurs mandats de base.
- Troisièmement, nous avons besoin d’un nouveau mécanisme de financement multilatéral pour compléter les organisations existantes : pour surmonter le cloisonnement actuel du financement de la sécurité sanitaire mondiale, mobiliser les ressources nécessaires à une échelle beaucoup plus grande, de manière proactive et durable, et combler intelligemment les lacunes des biens publics mondiaux .
Un fond multilatéral permettant de mobiliser 10 milliards de dollars par an, comme le propose le groupe indépendant du G20, est tout à fait envisageable. Avec des contributions réparties entre les pays sur une base juste et équitable, elles représenteront moins d’un millième (0,1 %) des budgets publics annuels de la plupart des pays, et un pourcentage encore plus minuscule de leur PIB.
Ces investissements dans la sécurité sanitaire mondiale sont une question de responsabilité financière, en plus d’être un impératif scientifique et moral. L’épidémie COVID-19 nous rappelle tragiquement que les dégâts humains et économiques d’une pandémie sont bien plus importants que le coût des investissements dans la prévention et la préparation.
Cependant, pour mobiliser durablement des ressources internationales plus importantes, nous avons besoin d’un mécanisme de gouvernance mondiale qui réunisse la santé et la finance. Le moyen le plus efficace d’y parvenir est de créer un conseil composé des ministres de la santé et des finances d’un groupe inclusif de pays du G20+, avec une représentation adéquate des principaux contributeurs de fonds et des pays en développement, ainsi que des dirigeants de l’OMS, de la Banque mondiale, du FMI et de l’Organisation mondiale du commerce. Il est préférable que le secrétariat permanent et indépendant de ce conseil soit constitué par ces quatre grandes institutions multilatérales et hébergé par l’OMS.
Ce nouveau mécanisme de gouvernance du G20+ visant à assurer un financement proactif de l’écosystème mondial de la sécurité sanitaire complétera et soutiendra la gouvernance mondiale de la santé elle-même à l’OMS et à l’Assemblée mondiale de la santé.
Le système est fortement sous-financé. Nous devons y remédier de toute urgence, tant pour lutter contre la pandémie en cours que pour nous préparer à la prochaine épidémie mortelle. Les engagements internationaux supplémentaires ne sont qu’un prix très faible à payer pour éviter de sombrer encore et encore dans les pandémies. Il serait économiquement et politiquement illusoire, et moralement indéfendable, de les différer.