Geopolintel

La dette : une complicité dans le crime organisé entre États et Finance

Léon camus

jeudi 7 juin 2012

Dans la tempête, quand la position “vent debout“ n’est plus tenable, il faut alors “filer sous la bourrasque“. Inutile de s’arcbouter sur des postures de principe, il faut affaler et courir vent arrière… ainsi, sans doute, nous faudra-t-il faire cette union contre nature, parodie d’Europe que nous chantent des sirènes de malheur, celles qui jalonnent notre course aux abîmes. Cependant il nous appartient encore, si nous en avons la volonté, d’utiliser la dynamique de cette construction au profit des peuples de l’Europe réelle ! En tout état de cause cela ne tient qu’à nous ! L’Union des 17, l’Eurozone pèse aujourd’hui 9800 Mds d’€ et compte 340 millions d’âmes, soit la taille requise, où la nécessaire masse critique, permettant de faire face aux mastodontes asiatiques et à ces autres “émergents“ aux appétits flambant neufs…

Le froid examen opposé aux passions du “cœur“, nous rappelle qu’à terme les isolés seront peu ou prou, tôt ou tard, absorbés [1]. Mais la lucidité se heurte trop souvent à des réactions excessives, à des épidermes hérissés, voire à un flot d’invectives se bousculant dans des bégaiements d’indignation. La dernière élection nous en a donnés l’exemple. La dure réalité n’en demeure pas moins aussi immuable que le roc sur lequel les vagues tempétueuses de la crise risquent bien de nous drosser. Alors seront instaurés, qu’on le veuille ou non, les “Euro bonds“, autrement dit la mutualisation des dettes européennes [2], que l’Allemagne pour l’heure refuse s’ils ne sont assortis d’une rigoureuse discipline budgétaire collective…

Cela signifie que - conditions sine qua non pour que l’Allemagne accepte les euro-obligations - les 17 États de l’Eurozone abandonnent hic et nunc leurs prérogatives budgétaires, fiscales et sociales… autrement dit acceptent de passer à chaud sous les fourches caudines d’une complète fédéralisation. De soret qu’il s’agit de savoir – maintenant – si nous acceptons de sauter le pas et l’institution d’un gouvernement supra étatique avec un Parlement et un budget unique ! État fédéral qui serait évidemment dominé par l’Allemagne, laquelle parviendrait alors à réaliser ce que deux guerres mondiales ne lui ont pas permis d’obtenir [3].

Au demeurant, ceux qui prétendent qu’il n’existe nulle autre alternative aux Euro bonds et par conséquent à la fédéralisation accélérée, cherchent à nous tromper. Ils plaident et militent pour leur chapelle supranationale. La Fédération ou le chaos ! Parce que les Euro bonds ne sont pas la panacée, ils sont tout juste un élément de solution, rien d’autre. Ils ne sauraient en effet être utiles ou efficaces sans que soient mises en place des dispositions draconiennes de réduction des dépenses et de désendettement de l’État. Cela nos gouvernants le savaient et ils n’ont rien fait, trop occupés qu’ils étaient à leurs politiques de pilotage à vue à vocation démagogique.

Mais une telle rupture suppose plus que l’abandon des errements clientélistes de « trente-cinq ans de mensonges politiques et de laxisme budgétaire » comme le dit sans ménagement un essayiste pourtant très “bon chic bon genre“ comme François de Closets [4]… car le redressement national implique une “rupture épistémologique“ [voir infra] d’avec l’idéologie néomarxiste du partage social et de l’assistanat généralisé, en un mot l’État providence vache-à-lait, la diversité obligée et la société plurielle en tant qu’impératif moral catégorique et démocratique jusqu’à la coercition… autant dire le rejet d’une imprégnation psychique délétère, laquelle pollue et empoisonne nos sociétés déjà en proie aux premières convulsions de l’agonie… Agonie qu’extériorise la profonde déstabilisation sociale affectant aujourd’hui “l’ensemble européen“, cet “idiot“ pathétique du village global [5].

F. de Closets… « Nous payons l’addition de trente-cinq ans de mensonges politiques et de laxisme budgétaire… Chirac et Jospin ont [délibérément] renoncé au sauvetage de nos finances dès 1999, par pure démagogie, alors qu’ils en avaient les moyens financiers… En 1997, avec 4 % de croissance, avec le pétrole bradé à moins de 20 dollars et les taux d’intérêt les plus bas, la France avait les moyens de rembourser sa dette [avec] des rentrées fiscales providentielles, soit environ 40 milliards de francs d’excédents… Au moment où la France pouvait enfin rembourser ses dettes, l’État a tout flambé ! Et ce n’est pas la seule occasion manquée… sur les 100 milliards d’euros recueillis lors des privatisations des grandes entreprises, 20 milliards seulement ont été affectés au désendettement… Même chose quand l’État brade son patrimoine immobilier ».

L’on peut certes s’en sortir mais… « Il faut mobiliser tout le pays, tout de suite. Cela exigera “du sang, de la sueur et des larmes. Nous sommes dans une économie de guerre… [Il faut] interdire les déficits, surtaxer les hauts revenus, beaucoup plus qu’actuellement, briser l’économie de spéculation et encadrer strictement l’activité bancaire. Mais de l’autre côté, nous devons contrôler les prestations sociales et lutter contre la fraude qui coûte des milliards à la France, encadrer le droit de grève, remplacer seulement un fonctionnaire sur trois dans la fonction publique territoriale (dans les mairies, les embauches et les dépenses ont explosé !) et supprimer totalement – et sans reculer – les niches fiscales qui représentent des dizaines de milliards d’euros… Il faut séparer clairement la banque commerciale (celle des particuliers) et la banque de marché (spéculatif)… Les Anglais sont en train de le faire. On peut réformer aussi le système bancaire en taxant les opérations financières et en cassant la spéculation ».

Ici Closets parle d’or, l’austérité n’est pas unilatérale : viser les “nantis“ et uniquement eux, c’est une entreprise de brigandage qui ne dit pas son nom… les super-riches ne sont d’ailleurs pas si nombreux que ça. Remettre de l’ordre en haut, mettre au pas le “travail de l’argent“, les banques casinos qui font payer leurs dettes par les salaires de leurs clients, les spéculateurs du gros argent, oui da, il faut nettoyer les écuries d’Augias, mais il est tout aussi nécessaire d’apurer le coulage issu du détournement ou du dévoiement de politiques sociales, généreuses en leur principe - en réalité beaucoup ayant été dictées par la démagogie clientéliste constituant le fonds de commerce de l’État providence – qui plombe l’économie et les finances publiques au point de les faire plonger à la verticale.

Situation d’urgence extrême : l’Euro-Krach est-il imminent ?

Depuis mai 2010 et les prémices de la crise grecque, la réaction en chaîne est en expansion constante. Elle menace d’attendre bientôt un paroxysme car, sans clause de style, rien ne semble plus devoir arrêter la catastrophe bancaire espagnole, prémices d’un collapsus général [6]. Certes, Le quatrième tour des présidentielles, le “tour des marchés“, n’est pas intervenu à l’issue des deux premiers, mais pourrait bien suivre les législatives… lesquelles devraient donner à la Gauche une majorité inédite dans les annales de la Ve République qui cumuleront dans ce cas collectivités territoriales, régions, Sénat et Chambre des députés. La « gôche » régnera alors presque sans partage et apparemment sans contrepouvoir, un “parti unique“ en quelque sorte, tandis que la Grèce pourrait s’extraire de l’Euro dans les semaines à venir avec pour conséquence probable une chute de la valeur de la monnaie unique et des répercussions sur le loyer de l’argent consenti aux États.

En France l’accentuation de la crise étendue à l’Euro pourrait conduire le pays à une quasi faillite dans les deux ans… d’autant que l’accession des Socialistes aux commandes devrait se traduire par une fiscalité renforcée, asphyxiante pour les petites et moyennes entreprises, le commerce de détail, l’artisanat, au total pour les classes moyennes, et in fine à la clef une hémorragie d’argent public non jugulée. Pourtant, la France est semble-t-il en un peu meilleure posture que ses grands voisins du Sud, l’Espagne et l’Italie… toujours est-il que les chiffres, assez éloquents, n’encouragent guère à l’enthousiasme : en décembre 2011, l’Insee (Institut national de statistique et des études économiques), évaluait la dette à 1 688,9 milliards soit 85,3 % du Pib [7]. Dette assortie d’un “service“ d’environ 80 mds d’€, l’équivalent du déficit public, soit les deux tiers des recettes fiscales directes (impôts sur les revenus, sur les sociétés, Isf)…. Peu de chose il est vrai comparé aux 1000% d’endettement du Pib britannique, soit 6 à 7000 milliards d’€ [8]… Fait étonnant, digne du Livre des Records, non ébruité hors des cercles d’initiés parce l’économie en faillite du R-U s’adosse à la grande lessiveuse qu’est la Cité de Londres, tout à la fois paradis fiscal et Triangle des Bermudes de la finance mondialisée.

La quadrature du cercle entre relance, austérité et rigueur

Quant à notre nouvelle fine équipe, nous l‘attendons aux résultats… ici et à Bruxelles où les commissaires politiques suivent pas à pas les efforts que va devoir consentir le nouveau gouvernement pour atteindre l’objectif annoncé d’un déficit réduit à 3% du Pib en 2013. Une « consolidation budgétaire qui reste l’un des principaux défis de la politique économique française » annonce la Commission dans un récent rapport « Bien que l’objectif de 4,4% du Pib de cette année paraisse accessible, l’écart avec le seuil de 3% du Pib reste considérable » [9]. Il y a loin en effet de la coupe aux lèvres. Ce à quoi répond avec une belle assurance le ministre des Finances, Pierre Moscovici, à Luxembourg «  La France respectera ses engagements de réduction du déficit public à 3 % du produit intérieur brut en 2013… de 5,2 % du Pib en 2011, nous atteindrons l’objectif de 4,5 %, pour 2012, et de 3 % pour 2013 » [10]. Ne suffit-il pas de le dire ? Mais comment y parvenir ? La relance économique sera-t-elle au rendez-vous ? Et avec suffisamment de vigueur pour réduire quelque peu l’endettement, éponger nos excédents de chômeurs, et remettre la machine hexagonale sur les rails de la “croissance“ ? Encore faudrait-il d’ailleurs définir ce que doit ou devrait être cette croissance, mot bateau qui n’est en aucun cas une mesure de la prospérité collective [11].

La relance naîtra-t-elle de la fin des heures supplémentaires défiscalisées, d’un retour à la retraite à soixante ans (si l’on totalise 41 annuités effectivement travaillées), d’un accroissement des dépenses étatiques dans certains secteurs (tels les soixante mille postes d’enseignants annoncés) ? Les politiques d’austérité n’ont elles nul besoin d’être détaillées. Elles se résument au mot d’ordre “les riches paieront“ ! Entendez par-là que les nouvelles classes moyennes laborieuses seront conviées à travailler dix mois par an (au lieu de 7 aujourd’hui en cumulant impôts directs et taxations foisonnantes) au profit de l’État “patron“ … patron au sens antique, à savoir redistributeur et clientéliste… Il est question ici d’une clientèle électorale diverse et variée (notamment issue de la “diversité“ puisque la classe ouvrière est en Hexagonie en voie d’extinction en raison d’une désindustrialisation galopante fruit de la mondialisation dont les deux mamelles sèches se nomment restructuration et délocalisation) subsistant en grande partie grâce à de généreuses politiques compassionnelles… Un droitdelhommisme dévoyé utile à justifier les actuelles guerres de conquête, le muselage des peuples et leur asservissement à un “système-monde“ fondé sur la monolâtrie du marché unique.

Une politique de rigueur serait possible mais elle impliquerait que l’État se serrât à lui-même la ceinture et qu’il s’arrache les entrailles en abandonnant de la dogmatique idéologique qui est en train de nous faire crever. Idéologie conjointe (et non distincte) à la fois des Droits de l’Homme de 1789 [12] et de l’ultralibéralisme, les deux étant une seule et même chose.

Les droits humains, dans leur version originelle, tels qu’imaginés par les membres de l’Assemblée nationale en juin 1789, ont été conçus au départ comme une extension du “droit des gens“, le jus gentium latin ou droit du peuple. Or la dérive idéologique du jus gentium n’a depuis jamais cessé de s’amplifier à partir de leur mouture remaniée de 1793. Celle-ci, oublieuse de tous les devoirs de l’Homme en tant que citoyen, est marquée au sceau du fétichisme égalitaire, reflet la part vénéneuse de l’héritage des Lumières… plus particulièrement celle de cet esprit faux entre tous qu’aura été Jean-Jacques Rousseau ! De ce seul point de vue l’Europe des droits humains est une construction dogmatiquement “socialiste“ qu’elle soit de “droite“ ou de “gauche“ et elle le restera tant que des intelligentsias européennes rénovatrices ne se seront pas attelées à la révision intégrale de la morbide épistémè égalitariste [13].

Le rousseauisme : un idéovirus létal en temps de crise suraigüe

Il est clair que les sources vives des économies budgétaires se trouvent en amont des délires post rousseauistes de l’État providence. Si certains jeunes “nantis“ des banlieues brûlent leurs collèges et molestent, voire poignardent leurs enseignants, pourquoi l’État devrait-il subventionner la chienlit sociale ? Il ne s’agit pas d’abandonner totalement ces jeunes gens à eux-mêmes mais pourquoi maintenir un système de scolarité obligatoire jusqu’à dix-huit ans pour des individus qui refusent viscéralement la transmission institutionnelle des savoirs ? L’apprentissage précoce – qualifié d’esclavage des enfants par les bien-pensants – est une solution au contraire des affolantes demandes quantitatives indéfiniment renouvelées exigeant toujours plus d’enseignants et de budget… Pourquoi alimenter financièrement un système failli puisqu’il est avéré qu’une portion significative d’élèves ne savent ni lire ni écrire à la sortie du primaire ?

À l’heure des périls, notamment au Levant, c’est le budget de la Défense qui sera amputé, tout comme le seront probablement les retraites - les vieux votent mal - et les traitements des fonctionnaires, cela sans que nul n’ait un seul instant l’audace de déplaire à la base électorale du Parti socialiste comptant une forte majorité des 1 066 356 personnels de l’Éducation nationale (dont 852 907 enseignants). Quelles économies ne pourraient être réalisées sur un budget annuel de 132,1 mds d’€ en restructurant raisonnablement une institution ayant échoué dans sa mission - hors les formations professionnelles et scientifiques - pour n’être plus qu’une vaste usine de formatage et de conditionnement aux valeurs et aux charmes consuméristes sexuellement libérés du “Meilleur des mondes“ ?

Chacun l’aura compris “les sommes colossales que l’État doit retrouver pour ne serait-ce que commencer à réduire la dette ne peuvent pas venir du seul salariat. La seule classe qui dispose de telles ressources est la classe capitaliste. Mais elle refuse de payer ». Nous sommes, cela va de soi, en complet accord avec la première phrase, mais a contrario nous nous situons aux antipodes de la seconde. Et pour cause, nos “amis“ marxistes posent souvent les bonnes questions mais leur donnent de mauvaises réponses… parce qu’en effet, le jour où il n’y aura plus de « riches », alors tous autant que nous sommes, seront devenus pauvres parmi les pauvres… C’est ce que les néo-communistes sont incapables de comprendre, aveuglés qu’il sont par leurs présupposés idéologiques et leur haine de classe. Car les “riches“ ne gardent évidemment pas tous leur argent dans des coffres, ils investissent ou réinjectent leurs liquidités directement ou indirectement dans les circuits primaires de l’économie !

Bref, le salariat hexagonal ne peut à lui seul supporter l’écrasant fardeau de la dette, il n’en demeure pas moins que notre économie, tout comme celles de “l’idiot inutile du village global“, est archiplombée par un insensé système d’assistanat… de ce point de vue nous devons arrêter d’accueillir et de subventionner « toute la misère du monde » et surtout celle du Tiers-monde comme le disait si bien l’ex Premier ministre socialiste Rocard… Ce n’est de toutes manières en aucun cas la meilleure façon d’aider la foule des déshérités qui croient et espèrent en l’Eldorado des “Aides sociales“, des prises en charge multiples et des allocations à gogo… mais le plus sûr moyen de couler définitivement, et eux, avec nous !

Des chiffres phénoménaux

Quelques chiffres en illustration extraits d’un remarquable petit ouvrage de Luc Gaffié [14] : “En 2005, le National Audit Office établissait au Royaume Uni que l’examen de chaque dossier de demandeur d’asile engloutissait, au cours des trois années nécessaires à son traitement, un montant équivalent aux impôts directs de quatre familles, soit en moyenne 4400 £ x 4 x 3“ ! En France, terre d’accueil et dépotoir universel, l’on n’hésite pas non plus à hypothéquer l’avenir des générations futures - marque d’une incurie criminelle ou manifestation d’une psychopathie collective - par les dépenses exorbitantes liées à l’aide médicale d’État (application de la Couverture médicale universelle instituée en 2000) dont les clandestins sont les principaux bénéficiaires… celles-ci dépassaient en 2008 le demi-milliard d’€ alors même que l’accès aux soins devient chaque jour plus difficile aux moins aisés !

L’on pourrait multiplier à l’envi les exemples… “En substance - données statistiques à l’appui - alors que la population étrangère représente – à la louche minorée – 10% de la population hexagonale, sa représentation dans la délinquance et la criminalité était d’environ 1/3 au début du siècle hors binationaux et naturalisations récentes [15]. Sachant qu’en France 1/3 des peines ne sont jamais exécutées, il faut savoir que le crime et la délinquance ont ainsi coûté, entre juillet 2008 et juin 2009, 115 mds d’€, autant que l’éducation nationale ou le système hospitalier“ !

Pour grossières et approximatives qu’elles soient, ces simples données indiquent éloquemment le chemin à suivre dans le cas où nos politiques envisageraient des réductions de dépenses publiques en s’appuyant sur le simple et sain principe de réalité. Encore faudrait-il abattre au préalable, avons-nous dit, les murs de la citadelle idéologique suivant laquelle les délinquants de tous horizons possèdent un droit inaliénable à venir exercer leurs talents sur le sol européen… sans possibilité ou risque, en dépit parfois d’innombrables récidives, de se voir expulser… ceci en vertu du principe que le droit de se déplacer et de se fixer à sa guise –fût-on un prédateur avéré ou en considération des avantages juridiques comparés offerts par le pays d’accueil – n’est pas négociable.

Ce pourquoi nous disions que l’idéologie des Droits dits humains et l’ultralibéralisme ne sont que les deux faces hideuses d’un même système, celui du laisser faire, laisser passer, et de mise en coupe réglée des nations… Le crime en basket renvoie au criminel à Rolex, les parasites d’en haut exigeant toujours moins de réglementation (dérégulation en anglais), ceux d’en bas revendiquant toujours plus d’indulgence, de peines raccourcies, voire la fin du système carcéral ou de libéralisation (dépénalisation) de leurs coupables commerces… celui de la drogue par exemple ! Tout ceci ne devant pas nous faire oublier les 1500 mds d’€ de capitaux et de biens non déclarés prospérant hors de nos frontières dont le produit annuel est estimé à près de 60 mds échappant en totalité à l’impôt, et surtout les précieux emplois non créés ou détruits.

Bien plus rentable et moins risquée que les braquages ou le narcotrafic, l’industrie - aux mains de véritables réseaux du crime organisé – de la fraude aux prestations sociales (Caisses d’assurances maladies, allocations familiale, etc.) atteint maintenant des sommets : 19 mds d’€ l’an selon les estimations publiées en 2007 par L’Express [16]. Les économies budgétaires sont donc toutes trouvées pour peu que l’on se décide à redresser la barre… encore faut-il le vouloir et accepter de faire de la peine aux fidèles électeurs vivant de rapine ou pratiquant un parasitisme social endémique ! Ce qui éviterait pour le coup de ponctionner au-delà du raisonnable ceux qui travaillent, épargnent et ne demandent rien à personne.

La dette est un servage et un crime

Depuis 1981 et le plan de relance par l’offre monétaire mis en place par Jacques Delors, la connivence entre l’État et les banques est patente dans le but de créer des canaux de financement du déficit public à fonds perdus, tout en offrant réciproquement aux banques la capacité de se financer elle-même par le truchement de la dette publique, directement ou indirectement. Ajoutons ici que la libéralisation des marchés financiers a coïncidé avec l’explosion des déficits publics dans les pays développés, fait qui semble loin d’être fortuit. L’exemple des États-Unis paraît de ce point de vue tout à fait remarquable : l’Administration Reagan, entre 1981 et 1988, va de cette façon doubler le déficit fédéral tout en prétendant réduire le déficit grâce à la “libéralisation“ tous azimuts de l’économie.

En réalité l’économie américaine est passée d’un modèle de production à un modèle basé sur l’endettement et où l’État, à l’instar des entreprises multinationales, se finance par la dette et ses produits dérivés. C’est ce modèle qui a été copié et adopté par la Commission européenne, laquelle s’est engouffrée dans un système lui permettant de financer ses budgets abyssaux par le biais de la dette bancaire convertible en subventions, elles-mêmes censées servir à la mise en eau des programmes de libéralisation des échanges au sein du marché unique… Ajoutons que le choix des politiques d’endettement n’a pas été pour le “politburo“ bruxellois le simple effet de son pragmatisme ou de son sens de l’efficacité, mais une option en totale coïncidence avec un ultralibéralisme sui generis. Anarcho-capitalisme rime, répétons-le, avec internationalisme prolétarien, dirigisme étatiste autoritaire et liberté absolue, déréglementée, du libre renard financiariste lâché dans le libre poulailler de bêtes à plumer, mais si honnêtement protégées par leurs grillages.

Aujourd’hui, s’il est bien venu de se lamenter sur le caractère monstrueux de la dette publique, c’est en oubliant qu’il ne s’agit pas d’une fatalité mais le fruit de politiques délibérées… Or qu’est-ce donc finalement que la « dette publique » ? Elle est, avons-nous vu, constituée par la « dette » que l’État a contractée auprès de banques et d’établissements de crédit afin que ceux-ci nous fassent l’honneur de créer “notre monnaie“ à notre place pour mieux ensuite nous la prêter contre intérêts ! Auparavant, au cours de notre longue histoire, nous avions l’habitude – à présent passée de mode - de créer nous-mêmes notre monnaie… prérogative régalienne, marque essentielle de la souveraineté de l’État. D’ailleurs le pouvoir royal n’a-t-il pas trouvé son assise en retirant le droit de “battre monnaie“ aux féodaux ? Ce n’est évidemment pas le fruit du pur hasard si nos gouvernants ont renoncé – en France dès 1973 avec la loi Rothschild-Pompidou – a un droit aussi consubstantiel de l’indépendance nationale consacrant là un incroyable, mais peut-être pas définitif, abandon de souveraineté.

En conséquence de quoi, la monnaie - en principe “nôtre“ - appartient de fait à des gens qui, avec la complicité active de nos classes dirigeantes, considèrent que ce qui est à nous (la monnaie garantie par le travail de la nation et ses richesses patrimoniales), leur appartient désormais. De la sorte, s’ils possèdent à la fois nos biens et notre labeur, autrement dit nos personnes, cela ne peut avoir d’autre signification que les nations occidentales sont tombées en servage. Un mécanisme qui s’observe, déjà au détriment des individus, partout où les usuriers sont à l’œuvre… Rappelons que la grande crise du 14 septembre 2008, celle des “crédits hypothécaires à risque“ (subprimes), fut le produit de pratiques frauduleuses d’incitation au surendettement et de garanties (bien immobiliers) surévalués par des prêteurs aigrefins, usuriers sans en porter le nom !

Historiquement, usuriers et esclavagistes appartiennent aux même groupes économiques, la cause principale de la réduction en esclavage, hors le temps de guerre, ayant été les dettes. La connexité de ces deux activités ayant disparu du champ de vision, les tragiques circonstances actuelles nous invitent à revenir à plus de lucidité et à un indispensable devoir de mémoire. Parce qu’enfin la dette – dont il est avéré qu’il sera quasi impossible de s’affranchir ce qui induit un indissoluble lien de dépendance pour nous et nos descendants – n’est qu’un brigandage déguisé en service bancaire. Par conséquent, il importera dans un proche avenir de distinguer – par le biais d’un audit général de la dette - entre dette légitime et créance scélérate, ceci afin de débouter les demandes non fondées, voire poursuivre, comme l’ont fait les Islandais, tous ceux qui de près ou de loin participent ou sont intervenus pour organiser, justifier, faciliter le pillage de nos économies et de nos ressources humaines… Tous gens qui se sont fait peu ou prou complices d’un crime, car “la dette“, ses acteurs et ses responsables lorsqu’elle prend la forme de l’usure collective, constitue un crime et devra être puni comme tel.

Soyons clair cependant, point n’est question de renoncer au financement de la vie productive, et de celle des ménages par le crédit… mais à condition que ce crédit, limité dans son rendement financier (à quel pourcentage commence le cycle infernal de l’usure ?) ne soit pas lui-même un produit financier objet de spéculations… le strict encadrement du crédit étant au final la condition première de son existence comme outil primordial d’utilité publique.

Tout ceci vient de loin et ne présage rien de bon

À l’origine, la monnaie unique devait garantir la croissance économique et la paix sociale à l’ensemble de l’Union Européenne. Or aujourd’hui “l’Union européenne est devenue à l’Ouest l’un des principaux foyers d’instabilité économique et sociale. Au cours des vingt années qui ont précédé la crise de 2008, la position mondiale de la France – et en particulier sa position relative à l’Allemagne – s’est constamment dégradée. Sa part des marchés internationaux s’est contractée au rythme annuel moyen de 0,5 %. La dégradation de ses performances économiques trouve son expression dans un déficit commercial de 75 mds d’€ en 2011 (contre un excédent de 158 mds en Allemagne) et dans le rétrécissement de sa base industrielle, celle-ci ne représentant plus que 12 % de son Pib (contre 21 % en Allemagne). Ce qui reste encore debout de l’industrie hexagonale perd donc du terrain non seulement sur les marchés internationaux, mais aussi sur le marché intérieur [17].

À ce stade la dette publique française ne semble plus maîtrisable par les équipes gouvernementales de droite comme de gauche (que rien ne distingue ou si peu), prisonnières volontaires - ou promotrices - d’idéologies mortifères telles les dogmatiques libéralistes, démocratiques et les conceptions dévoyées, pour ne pas dire perverties, du Jus gentium devenu “Droits humains“… Idéologies instaurant une liberté sans limites, sans obligation ni sanction, pour tous les agents pathogènes destructeurs de la Cité. Ainsi sauf à procéder à la “rupture épistémologique“ déjà évoquée – parce que la servitude est d’abord intellectuelle et morale - la France et l’Europe continueront leur progression dans les eaux fangeuses du marasme économique avec en perspective générale une déstabilisation sociétale croissante en proportion de l’impuissance de nos dirigeants à nous sortir de puits sans fond où de toute évidence nous sombrons sans recours.

Notes

[1Il existe des contre-exemples qui démentent cette assertion, ainsi celui de l’Islande. Après avoir connu la faillite en 2008 - la dette atteignit alors 9 fois le Pib de l’île - le gouvernement islandais s’est vu congédié en 2009 à l’issue d’un référendum d’initiative populaire. En outre certains de ses dirigeants ont été traduits en justice et des mandats d’arrêts internationaux lancés contre des banquiers en fuite. Une nouvelle consultation en avril 2011 a réglé la question de la dette, l’Islande se refusant à honorer la partie de sa créance qu’elle estimait indue (33% du total). À l’heure actuelle, l’Islande a connu, grâce à la maîtrise de sa monnaie nationale, une croissance de 2,1% de son Pib en 2011, le triple du taux de croissance prévu dans l’Union pour 2012, soit 0,5%. Reste, qu’extérieure à l’Union, tout comme la Norvège ou la Suisse, l’Islande vit et prospère au sein d’un espace protégé européen aux multiples avantages et à l’exclusion des inconvénients liés au statut de membre à part entière.

[2La dette des 17 de l’Eurozone s’élève à 7 500 mds d’€ pour un Pib de 9 800 mds (quant à la dette publique européenne des 27, elle dépasse les 10 000 mds d’€, un quart de la dette publique mondiale). Les Euro bonds seraient constitués à partir de la dette de chacun des 17 États membres et pourraient en effet participer de la solution du problème crucial de la Dette. Actuellement chaque pays refinance quotidiennement ses créances au taux du marché : l’Allemagne - 1er excédent commercial mondial avec 170 mds d’€ – bénéficie d’un taux de 1,7 % sur 10 ans ; 2,7 pour la France ; 6,2 pour l’Italie ; 6,5 pour l’Espagne… avant qu’elle ne fasse défaut, le Grèce devait supporter un refinancement de sa dette à hauteur de 23 % !

[3Gustave Le Bon “Hier et demain“ 1918. P. 20 « Guidée seulement par la raison, l’Allemagne aurait vu que, sans combats et par la simple extension d’une puissance industrielle due à sa richesse houillère et à son éducation technique, elle imposerait son hégémonie à l’Europe ». P. 81 «  Les futures tentatives d’hégémonie industrielle de l’Allemagne seront aussi redoutables que son rêve d’hégémonie militaire ». P.135 «  Grâce aux progrès de son industrie l’Allemagne eût vite conquis en temps de paix l’hégémonie rêvée. Elle aura bouleversé l’univers pour un résultat absolument contraire à celui qu’elle cherchait  ».

[4France soir 10 févr. 2012

[5Philosophie magazine sept. 2010 Hubert Védrine, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères : « Ce qui inquiète les peuples européens dans la construction européenne, c’est cet élargissement qui parait sans fin. Je pense qu’il faut que cela s’arrête quelque part. L’Europe ne va pas intégrer le Japon, la Russie, Israël ou le Sénégal ! Il faudrait plutôt faire la liste des pays qui ont encore vocation à entrer - une dizaine à mon avis. C’est important si l’on veut que les citoyens s’identifient à un ensemble organisé et fixe. On ne s’identifie pas à un ensemble gazeux qui se dilate sans fin »…«  un ensemble gélatineux qui n’a plus de pensée propre et n’arrive pas à se mettre d’accord pour se faire respecter qui devient, en somme, l’idiot du village global ».

[6La Chronique Agora 29 mai 2012… date à laquelle l’indice l’Ibex 35 plongeait de 2,15% dans le sillage de Bankia (-13,4%). Ce conglomérat de caisses régionales nécessite une recapitalisation massive de 23,5 mds d’€, auxquels viennent s’ajouter les 30 mds que l’État espagnol doit répartir entre Banco de Valencia, CatalunyaCaixa et NovacaixaGalicia, établissements tous sous perfusion depuis deux ans. Avec un taux de 6,50% sur les emprunts à dix ans la situation espagnole devient à présent implosive.

[7Progression de la dette publique française : 663,5 mds d’€ fin 1995, soit 55,5 % du Pib - 1079,5 milliards en 2003, 63,3% - 1 591,2 mds d’€ 82,3% du Pib en déc. 2010.

[8Keiser Report -10 déc. 2011 Russia Today

[9AFP 30 mai

[10Il s’agit ni plus ni moins que de ne pas sortir du cadre fixé par le Traité constitutif de l’Union européenne dit “Traité de Maastricht“. Signé par l’ensemble des États membres de la Communauté économique européenne (Cee) le 7 févier 1992 et entré en vigueur le 1er nov. 1993. Le Traité fixait les limites du déficit annuel des États membres à 3 % de leur Pib, quant à leur dette publique, elle ne devrait pas excéder 60 % de ce même Pib.

[11Il existe ainsi « une belle incongruité à comptabiliser dans les chiffres du PIB l’augmentation des dépenses de l’État, par exemple sous la forme d’une augmentation des effectifs de la fonction publique, qui est considérée comme de la croissance réelle, au même titre que celle de la production de l’économie privée ! Les agences de notation se sont rendues complices de cette hérésie comptable tant que la diminution des capacités productives réelles en France étaient compensées par une augmentation du rendement des actifs délocalisés par les entreprises françaises et étrangères dans les pays émergents. En effet le rendement des investissements réalisés par les entreprises dans les pays émergents permet aux banques de financer l’achat de titres de dette publique émis dans les pays développés. Ainsi peu importe que les actifs productifs soient localisés en France ou à l’étranger, pourvu que les banques puissent assurer un rendement suffisant de leurs portefeuille d’actifs financiers qui leur permettra de continuer à financer des États dont la note de crédit est estimée par rapport à la valeur des actifs productifs au niveau mondial et non national. C’est ce qui explique la relative spécialisation des pays développés financés par la dette dans les services à forte valeur ajoutée tandis que les pays émergents sont relativement spécialisés dans les activités productives abandonnés par les ex pays industrialisés. Correspondance 4 juin 2012.

[12Les États généraux réunissant les trois ordres – noblesse, clergé, tiers-état - convoqués à Versailles dans le contexte d’un crise budgétaire aiguë (déjà), et afin de passer outre aux blocages des corps intermédiaires (en l’occurrence les parlements régionaux), se déclarent Assemblée nationale le 17 juin 1789, puis dans la foulée, Assemblée nationale constituante. Le 9 juillet, les débats s’ouvrent sur la discussion d’une déclaration des droits, l’Abbé Grégoire proposant que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen soit accompagnée de celle de ses “devoirs“. Le texte est adopté entre les 20 et 26 août 1789. La version ultérieure introduira en 1793 un égalitarisme universel purement idéologique qui deviendra l’arme de guerre moderne par excellence aux mains de nos modernes entrepreneurs en déconstruction civilisationnelle.

[13Les hommes ont-ils besoin d’être ontologiquement égaux pour que règne une certaine justice sociétale ? L’égalité des droits – quand bien même elle serait assortie d’une égalité de devoirs - n’est-elle pas un mythe déplorable que ceux-là mêmes qui le promeuvent bec et ongles, bafouent allègrement en recourant par exemple à la “discrimination positive ? Autrement dit en pratiquant d’authentiques inégalités, en déshabillant Pierre pour habiller Paul, en encourageant, au nom de la solidarité certaines formes du parasitisme social ? Égaliseurs adeptes du “Lit de Procuste“, ils instaurent une sourde ségrégation sociale, voire une forme déguisée de racisme sous couvert d’antiracisme, de lutte des classes ou de juste redistribution… chacun sait que dans la social-démocratie, dont l’un des plus beaux slogans est “les riches paieront“ (entendez ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front ou de leurs méninges), l’oisiveté chômée, la longue maladie récurrente, le juteux accident de travail, “l’argent braguette“ (les allocations familiales), sont, dans bien des cas, plus rémunérateurs que l’honnête labeur.

[14« Le sans-papierisme ». Éditons Xénia 2012. Texte précis d’une étonnante fluidité… à marquer d’une pierre blanche en ces temps de confusion.

[15JO 8 janv. 2001

[1611 oct. 2007

[17note11

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