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Les États-Unis soupçonnent le satellite russo-iranien d’espionnage

mercredi 5 octobre 2022

Moscou a mis en orbite un engin spatial iranien depuis le cosmodrome de Baïkonour, ce qui, selon Washington, constitue une opération d’« espionnage ».

S’agit-il d’un satellite d’observation scientifique ou d’un satellite d’observation militaire

Saluant un événement « historique » et « le début d’une nouvelle coopération spatiale entre l’Iran et la Russie », le ministre iranien des Télécommunications Issa Zarepour a déclaré avec enthousiasme lors de la mise en orbite, mardi 9 août. Le satellite, conçu par la Russie, est exploité par l’agence spatiale iranienne.

Baptisé « Khayyam » en l’honneur du savant et poète persan du XIe siècle Omar Khayyam, il a été lancé par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome russe de Baïkonour, en territoire kazakh, selon les images diffusées en direct par l’agence spatiale russe Roscosmos.

Le lancement est le fruit d’une coopération sans précédent entre Moscou et Téhéran, provoquant une réaction hostile de Washington. « Nous sommes au courant des rapports selon lesquels la Russie a lancé un satellite doté d’importantes capacités d’espionnage pour le compte de l’Iran. Le fait que la Russie renforce son alliance avec l’Iran est quelque chose que le monde devrait considérer comme une menace sérieuse », a déclaré un porte-parole du département d’État.

Aux yeux des États-Unis, le programme spatial naissant de l’Iran est destiné à des fins militaires plutôt que commerciales, tandis que l’Iran maintient que ses activités aérospatiales sont pacifiques et conformes à la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.

Reprise des négociations sur le nucléaire iranien

En juin 2021, Vladimir Poutine avait déjà réfuté les affirmations américaines selon lesquelles Moscou envisageait de fournir un satellite sophistiqué à l’Iran pour améliorer ses capacités d’espionnage. Interrogé par la chaîne américaine NBC, le chef du Kremlin avait rejeté ces « fake news ». « Je n’ai aucune information sur ce genre de choses. Les personnes qui en parlent en savent peut-être davantage. Mais c’est un non-sens », a-t-il ajouté. Il n’a pas réellement précisé s’il niait l’existence d’un accord entre les deux pays, dans le cadre dudit satellite.

Quoi que le chef d’Etat russe ait voulu dire à ce moment-là, l’existence de ce dispositif de télédétection russo-iranien est connue depuis plusieurs années. Moscou et Téhéran ont annoncé leur intention de se lancer dans ce projet commun dès 2015.

Début 2021, Valeriy Labutin, le chef du projet russe pour le programme « Khayyam », a déclaré que le satellite de 650 kg aurait une résolution linéaire de 0,73 mètre pour une durée de vie de cinq à sept ans. Si cette qualité d’image est loin d’atteindre les standards des satellites espions occidentaux, elle décuple les capacités du précédent satellite fabriqué et lancé depuis l’Iran en 2021, et lui offre également une capacité de surveillance autonome.

Le lancement de Khayyam intervient trois semaines après une visite de M. Poutine en Iran, où il a rencontré son homologue Ebrahim Raissi et le guide suprême Ayatollah Ali Khamenei le 19 juillet. Le dirigeant iranien a appelé au renforcement de la « coopération à long terme » avec la Russie.

Le lancement du satellite intervient également au moment où les négociations sur le nucléaire iranien impliquant l’Iran, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont repris à Vienne, après une impasse de plusieurs mois, afin de sauver l’accord de 2015. Les négociateurs européens ont annoncé que lundi 8 août, une version finale du projet d’accord était sur la table. Téhéran s’est abstenu de répondre.

Le Monde Madjid Zerrouky

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