Avec Rachida Dati, on ne sait jamais sur quel pied danser. Avec sa gouaille à la Audiard, elle raconte toujours mille et une histoires un peu arrangées à sa sauce pour en tirer avantage dans la construction de sa légende. Mais s’il y a un sujet sur lequel on a beau chercher le loup sans le trouver, c’est sa relation avec son « amie Brigitte ». « On se téléphone, on s’envoie des SMS, des photos, on se marre. Après un passage à la télé, elle me dit souvent : « Tu ne les rates pas ! » en évoquant ce que je mets aux ministres. Je la fais rire, je crois. »
Même si Rachida Dati est souvent cruelle pour Emmanuel Macron, elle confesse sa fascination pour son épouse. « Elle a un truc spécial. Elle est solaire, ne se prend pas au sérieux et s’intéresse vraiment aux autres. C’est le meilleur atout de Macron. » L’ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui principale opposante d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, en veut pour preuve la séduction exercée sur ses propres sœurs, à qui Brigitte Macron a accordé un selfie il y a quelques mois : « Le soir du second tour de la dernière présidentielle, mes sœurs sont venues dîner chez moi. Pour me taquiner, elles avaient toutes un tee-shirt « Nous, c’est Brigitte ». »
Une relation qui, à en croire un proche, se serait nouée il y a quelques années après une discussion sur un sujet privé. L’ancienne professeure de français (jusqu’en 2015) à Franklin, un chic établissement privé sous contrat du 16e arrondissement de Paris piloté par les jésuites, aurait conseillé à Rachida Dati d’y inscrire sa fille adolescente, alors victime de harcèlement scolaire dans son précédent collège, une cause chère à la première dame. Sont-elles véritablement « amies » ? Un conseiller de l’Élysée confirme « leur proximité », sans plus s’étendre, le dossier « amis de Brigitte » étant l’un des secrets les mieux gardés de la présidence…
Faire défiler ligne à ligne l’agenda officiel de la première dame, publié sur le site Internet de l’Élysée, pour débusquer ici où là quelques amis, perdus entre deux inaugurations et deux déjeuners avec des associations, est un travail de fourmi. Et pour cause : ses « vrais » amis n’y figurent pas. Prenons Jean-Michel Blanquer, l’ancien ministre de l’Éducation. Jusqu’en juin, son nom y apparaissait en bonne place. Ils adoraient effectuer ensemble des visites de lycées. Les choses étaient donc publiques. Désormais, quand ils se parlent, personne ne le sait.
Blanquer confirme : « Nous avons eu une réelle amitié pendant cinq ans et elle est plus forte encore maintenant, car il n’y a plus de dimension institutionnelle. Sa finesse, sa gentillesse, son naturel, sa liberté me bluffent. »
Comme avec Blanquer, elle n’a jamais coupé le lien avec plusieurs autres ex-ministres. Dont Muriel Pénicaud, Françoise Nyssen ou Sophie Cluzel, qu’elle voit fréquemment. L’une d’elles confie : « En politique, 90 % des relations sont purement utilitaires. Là, ce n’est pas le cas. Il y a une certaine forme de sororité entre nous et nous évoquons tout autant nos engagements sociétaux communs qu’une expo. Elle garde une fraîcheur qui l’aide à supporter le côté “où est-ce que je me mets ?” imposé par le protocole. »
Artistes et gens de lettres
Depuis le début de l’ascension d’Emmanuel Macron, c’est elle qui anime le réseau amical du couple. Et notamment avec les artistes et le monde de la culture. Si elle reçoit quantité de gens de lettres et d’hommes et de femmes de théâtre, sa relation, vieille de dix ans, avec Fabrice Luchini relève davantage de l’amitié. Comme celle avec les acteurs Michel Fau et plus récemment Catherine Frot. L’animateur de télévision Bernard Montiel, qui refuse catégoriquement de faire commerce de ses rencontres avec Brigitte Macron, dont il garde jalousement le contenu pour lui, est aussi un ami.
Autres proches, l’homme de télévision Pascal Houzelot (ex-Pink TV), le producteur de théâtre Jean-Marc Dumontet ou Stéphane Bern. Tous ont connu les Macron avant l’élection de 2017. Les dates ont leur importance. Car la première dame connaît tous les ressorts de la « comédie humaine » et se méfie de ceux qui voudraient profiter de son statut pour tenter d’obtenir une faveur ou une intervention pour débloquer un dossier. C’est ainsi que ses proches justifient son amitié si visible pour Delphine Arnault et sa proximité avec les autres membres de la famille du PDG de LVMH (deux des enfants Arnault sont passés par Franklin, où Brigitte Macron enseignait) : la première fortune de France n’a pas besoin de l’Élysée.
La tribu familiale à la Lanterne
Depuis 2017, Brigitte Macron profite aussi de quelques-uns de ses amis de tout temps, ceux d’Amiens où elle a vécu jusqu’à la quarantaine, ou bien ses anciens copains profs à Franklin qui la tutoient depuis toujours mais deviennent muets dès qu’un journaliste s’annonce. Ceux d’Amiens, comme Grégoire Campion, ne répondent jamais aux SMS et aux messages. Ceux de Franklin veulent bien expliquer – par courriel – la singularité d’un professeur de cet établissement par rapport aux autres lycées privés d’excellence parisiens. Mais sans dire le moindre mot sur leur ancienne collègue.
Depuis l’épisode des Gilets jaunes et surtout le Covid, les Macron sortent moins et privilégient leur intimité familiale. C’est ainsi qu’au fil du premier quinquennat la Lanterne, à Versailles, le pavillon de chasse dévolu au président depuis Nicolas Sarkozy, est petit à petit devenu leur cocon, un lieu de plus en plus essentiel au couple présidentiel. Ainsi, chaque samedi soir et, sauf impératif majeur ou déplacement à l’étranger, les enfants et petits-enfants de Brigitte Macron se retrouvent à l’abri des paparazzis et des indiscrétions. Depuis qu’un drone a survolé les lieux en 2021, le dispositif de sécurité a été renforcé sans que celui-ci soit pesant. Le dîner du samedi soir rassemble la tribu de Brigitte Macron et se prolonge parfois le dimanche matin autour des petits-enfants. Sans amis.