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UNASUR : s’inspirer de l’Europe pour une identité et une citoyenneté sud-américaine

samedi 26 octobre 2024

Le pentagone vient de déclarer aux pays des BRICS de ne pas s’étendre vers les pays occidentaux par crainte d’un effondrement de leur hégémonie. Le Brésil, via le président Lula, est le pivot sud américain pour limiter l’expansion des BRICS, puisqu’il est sous la tutelle du trust international Coca Cola et de la CIA. Son double jeu à travers les BRICS et le futur marche du Mercosur, a pour but de finaliser l’union sud américaine comparable en tous points à l’Union Européenne. Cette construction corporatiste est une stratégie de la Trilatérale qui regroupe les trois ensembles à savoir les Amériques, l’Europe et l’Asie.

L’Union des Nations sud-américaines (Unasur) était en sommeil depuis neuf ans et a été réanimée par l’intermédiaire de Lula en mai 2023 en compagnie des présidents argentin et bolivien.
Mais l’élection de Javier Milie en décembre 2023 est venue contrecarrer le plan de finalisation de l’UNASUR.
Milei a déclaré qu’il ne ferait pas de « pacte avec les communistes ».
« Je crois qu’il faut éliminer le Mercosur, une union douanière défectueuse qui nuit aux bons Argentins, un commerce administré par des États pour favoriser des États privilégiés ».
Il décrit Lula comme un « gauchiste sauvage » et rejoint l’ancien président du Brésil, Jair Bolsonaro, qui a maintenu le Brésil à distance du Mercosur.

L’UNASUR est fondée sur deux entités, le Mercosur et la Communauté andine des nations créée en 1969.
La Communauté andine des Nations qui comprend la Bolivie, la Colombie, l’Équateur et le Pérou, est une union douanière. La CAN a été sans cesse freinée par la faiblesse des pays responsables du processus d’intégration et par l’absence d’un consensus entre les pays membres. Le départ du Venezuela a été fatal pour sa réalisation et maintenant que Milei est élu, il est fort peu probable que cette union se fasse.

La diplomatie de Javier Milei divise encore plus l’Amérique du sud depuis son élection. Il donne raison au Vénézuela d’avoir choisi de sortir de cette union qui n’est rien d’autre qu’un processus de globalisation de la Trilatérale. Milei a comparé la Bolivie à « Cuba, le Venezuela, le Nicaragua à la Corée du Nord ».
La guerre « froide » contre les Brics est malmanée par Milei, même s’il voit des communistes partout. Cela fait la part belle à la Chine qui continue son expansion commerciale notamment avec le Mexique et les usines de construction de véhicules électriques.

Un modèle d’union peut exister en Amérique latine mais celui qui a le plus de chance d’aboutir est celui des BRICS.

Au dernier sommet des Brics en octobre 2024, le président vénézuélien Maduro n’a pas caché son « admiration » pour la Russie. « Des liens indestructibles, des liens politiques, moraux qui ont été mis à l’épreuve pendant toutes ces années ». Poutine a répondu à Maduro que « Le Venezuela est un partenaire ancien et fiable de la Russie en Amérique latine et dans le monde en général ». Maduro qui veut intégrer les BRICS lui a répondu en disant « Vous avez su mener le peuple russe sur tous les fronts de la bataille mondiale, sur les plans économique, scientifique, culturel, militaire, politique et diplomatique. Nous sommes donc très fiers de notre amitié avec vous et avec la Russie ».
A travers ces amabilités entre Maduro et Poutine, nous comprenons ce qu’il se passe quelque chose d’important dans la coulisse diplomatique à propos du Mercosur et de l’union des BRICS.
Les BRICS s’affirment sur la scène mondiale en bousculant les équilibres géopolitiques et la domination du clan occidental en oeuvrant à la construction d’un monde multipolaire.

Que ce soit le Mercosur ou la CAN, ces deux unions douanières ne profitent pas aux nations sud américaines. Elles constituent une union de cartels économiques corporatistes de la Trilatérale.
L’accord Europe-Mercosur était dans le viseur de l’administration Trump lors de son premier mandat. Washington était intéressé par un accord bilatéral avec le Brésil. Trump s’est montré très hostile devant l’accord UE-Mercosur. Le secrétaire au Commerce Wilbur Ross avait mis en garde Brasilia contre une éventuelle « pilule empoisonnée » dans le traité signé avec Bruxelles. Donald Trump n’avait de cesse de répéter « Nous allons plancher sur un accord de libre-échange avec le Brésil ». C’est en ce sens que la fraude électorale du Brésil et l’action du juge Moraes a été si importante pour faire élire Lula et lancer le processus du Mercosur et de la CAN.

Concernant la France, notre premier ministre, européiste et atlantiste convaincu, englué dans le bouclage du budget 2025, doit composer avec l’accord du Mercosur. Notre ex-commissaire européen et ministre de l’agriculture marche sur des œufs devant la gronde du monde paysan. La FNSEA a donné son accord pour ce marché tout en le dénonçant devant les agriculteurs mécontents. Ce n’est pas en ressortant l’agriculteur Jrérôme Bayle qui a trahi ses amis que cela va changer quoi que ce soit. Le 22 octobre il a déclaré sur France Info « Pourquoi on ne ferait pas plus gros qu’en hiver dernier ? ». L’alliance syndicale agricole regroupant la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appelle à « une reprise des actions à partir de la mi-novembre ». « On va se battre tous ensemble, surtout avec l’accord du Mercosur qui est vraiment en pourparlers ». « On ne peut pas rester comme ça. On vit une période assez compliquée donc il faut remontrer que les agriculteurs français sont solidaires. ».

Souhaitant s’inspirer de l’Union européenne, l’UNASUR comptait à son départ 12 pays membres. En 2024, il n’en reste plus que cinq. Sept pays ont suspendu leur participation dans l’UNASUR, en raison de la faiblesse de l’organisation et d’un manque de perspectives positives dans cet accord de libre échange. Si le Mercosur est ratifié, il pourra relancer le processus de communauté économique sud américaine, mais la possible élection de Donald Trump peut tout changer et acter la fin du globalisme avec la fin de l’UNASUR et peut être de l’Union Européenne.

Comme le disait Nicos Poulantzas dans son livre « L’État, le pouvoir, le socialisme », page 168 : « La Commission trilatérale est un think tank fondé par David Rockefeller en 1973 afin de regrouper les dirigeants politiques et les patrons de multinationales sur une ligne transatlantique néolibérale, c’est-à-dire prônant la libéralisation des capitaux et la protection de la libre concurrence à l’échelle internationale ».

Geopolintel 26 octobre 2024

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