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Un parapluie nucléaire franco-britannique pour l’Europe est-il envisageable ?

vendredi 21 mars 2025

Un seul Etat membre de l’Union européenne dispose d’une force de dissuasion nucléaire : la France. A ses côtés, le Royaume-Uni possède également la bombe atomique, tandis que d’autres pays européens en hébergent sur leur territoire dans le cadre de l’Otan.

En avril 2024, Macron a relancé le débat portant sur l’arme atomique en Europe en déclarant :
« Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine ».

Cette déclaration confirme que le plan de la sécurité européenne devançait l’élection de Donald Trump et les accords de paix en Ukraine.
Neuf pays possèdent l’arme atomique dans le monde : la Russie, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde, le Pakistan, Israël et la Corée du Nord.
Tous les gouvernements de la cinquième République française ont placé la dissuasion nucléaire comme indépendante, et « clé de voûte » de la stratégie de défense française et non de l’Europe.

Macron, sous ses deux mandats présidentiels a toujours aimé transgresser les règles, il est l’élu de la transcendance pour parachever le projet Fédéral Européen et détruire la souveraineté de la France.
En 2022, l’ONU a reçu des contributions de l’Europe avec 3 milliards d’euros de la Commission et 14 milliards des pays de l’Union.
La France est le seul État membre de l’UE à disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Le droit de l’UE contraint les États membres de l’UE siégeant au Conseil de sécurité à agir de concert, en promouvant et en défendant les positions et les intérêts de l’Union.

Les autres états de l’Union européenne qui hébergent des armes atomiques américaines sont : l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique.

Macron va-t-il éparpiller nos 300 ogives nucléaires ?
L’Angleterre, qui dépend des Etats Unis pour la vectorisation de son arme nucléaire, va-t-elle utiliser les propulseurs de la France ?

Il y a tout un tas de questions techniques qui interrogent sur le futur de la dissuasion nucléaire européenne conçue par l’ancien banquier de la Golman Sachs, de la BCE et ancien premier ministre italien, Mario Draghi.

Il s’est exprimé devant le sénat italien en annonçant qu’il fallait « définir une chaîne de commandement d’échelle supérieure », « L’État devra intervenir. Le recours à la dette commune est la seule voie possible. Pour mettre en œuvre de nombreuses propositions du rapport, l’Europe devra agir comme un seul État. »

La véritable raison de la future guerre réside dans l’évasion de l’épargne de Europe. Chaque année ce sont 500 milliards qui quittent le continent avec une économie en faillite pour trouver de meilleurs rendements ailleurs.
« Une Europe qui réforme son marché des services et des capitaux verra le secteur privé participer à ce financement. »
Le plan pour payer cette nouvelle défense de l’Europe s’articulera avec l’Union des marchés des capitaux et la libre circulation des capitaux.
Cette possibilité figure dans l’article 65 du traité FUE, ces mesures sont justifiées par des motifs liés à l’ordre public ou à la sécurité publique.

Si l’épargne quitte l’Europe, la future défense européenne sera financée par la confiscation de nos comptes bancaires.

Le retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait être synonyme, à terme, d’un désengagement américain de la protection du Vieux Continent. Dans une telle hypothèse, la France et le Royaume-Uni pourraient-ils faire bénéficier leurs alliés de leur force de dissuasion nucléaire ?

De l’avis de nombreux observateurs, la victoire de Donald Trump annonce le retour de l’isolationnisme américain. Dès lors, le débat au long cours autour de l’autonomie stratégique européenne revient sur le devant de la scène. Si cette notion d’autonomie stratégique comporte une composante conventionnelle et industrielle évidente, une nouvelle question émerge dernièrement : en cas de désengagement de Washington, les Européens pourraient-ils eux-mêmes assurer la protection du continent au niveau nucléaire ?

Hormis la Russie, seuls deux pays européens disposent aujourd’hui de l’arme nucléaire : la France, avec 290 têtes nucléaires, et le Royaume-Uni, qui en compte 225. Au regard de la redéfinition de l’ordre mondial qu’une nouvelle présidence Trump pourrait entraîner, les capacités nucléaires de ces deux pays prennent une importance singulière.

Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron souhaite relancer le débat sur la dissuasion nucléaire en Europe. Il évoque notamment la possibilité d’étendre la protection de l’arsenal français aux alliés européens – une option dont l’importance n’échappe à personne à l’heure où la Russie menace d’utiliser son arsenal dans le cadre du conflit avec l’Ukraine. Les Britanniques, quant à eux, n’étant pas dans la même dynamique pour l’instant, préfèrent continuer de déléguer la protection nucléaire du continent aux Américains.

En tout état de cause, l’extension des garanties nucléaires française et britannique pour la sécurité collective du Vieux Continent poserait des problèmes doctrinaux d’une grande complexité.

La position française : de la protection nationale à la solidarité européenne ?

Depuis que la France s’est dotée de l’arme nucléaire en 1966, sa doctrine de dissuasion repose sur une notion fondamentale, très gaullienne et jusqu’à récemment jamais remise en cause par les présidents français successifs : l’arme nucléaire ne doit servir qu’à la protection des « intérêts vitaux » de la nation.

Ces intérêts vitaux n’ont jamais été clairement définis, mais ils tiennent, a minima, aux éléments indispensables à la survie et à la souveraineté du pays. Cette définition très large maintient sciemment une forme d’incertitude, pour ne pas divulguer trop d’informations à de potentiels adversaires dans l’éventualité d’une attaque.

Cependant, les crises géopolitiques et les tensions croissantes entre la Russie et le camp occidental, marquées par la formulation de menaces nucléaires par Vladimir Poutine, ont conduit Paris à remettre en cause les éléments fondamentaux de cette doctrine.

En février 2020, lors d’un discours à l’École de guerre, Emmanuel Macron a déclaré que la France était prête à s’engager dans un « dialogue stratégique » avec ses partenaires européens en vue d’explorer la meilleure façon d’intégrer l’arsenal nucléaire français dans la sécurité européenne globale – sans se substituer à l’OTAN, mais pour compléter la défense du continent. Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a souvent critiqué avec virulence l’Alliance atlantique, incite encore plus la France et l’Europe à persévérer dans cette réflexion. Rappelons à cet égard que la doctrine de l’OTAN indique que les dissuasions française et britannique « participent significativement » à la défense du continent – sans préciser comment. Le temps semble venu d’apporter plus de clarté à cette question fondamentale.

Royaume-Uni : le poids de l’influence américaine

Contrairement à celle de la France, strictement souveraine en matière nucléaire, la dissuasion du Royaume-Uni demeure fortement dépendante vis-à-vis de l’Alliance atlantique. Son système de dissuasion repose en partie sur les missiles Trident, achetés aux États-Unis bien que les têtes nucléaires soient britanniques. La souveraineté britannique dans ce domaine n’est donc pas totale ; dès lors, la marge de manœuvre de Londres en ce qui concerne une éventuelle extension de son parapluie nucléaire au reste de l’Europe est limitée.

Néanmoins, la coopération nucléaire bilatérale entre Londres et Paris, formalisée par les traités de Lancaster House signés en 2010, peut contribuer à une telle évolution.

Il demeure que le Royaume-Uni risque de ne pas pouvoir s’engager pleinement dans une dissuasion à l’échelle du Vieux Continent sans l’accord de son allié américain…

Dissuasion européenne : les défis d’une ambition encore en gestation

Le président français encourage ses homologues européens à participer à l’élaboration d’une « culture stratégique commune ». En matière de dissuasion nucléaire, cette approche se heurte toutefois aux réalités politiques et aux réticences de certains pays européens, qui considèrent qu’ils ne seront jamais aussi bien protégés que par le bouclier américain.

En outre, la dissuasion nucléaire française n’a jamais été conçue pour protéger l’ensemble de l’Europe et sa capacité reste limitée face aux arsenaux nucléaires plus vastes de la Russie. Avec ses quelque 300 têtes nucléaires (600 au milieu des années 1980) en cohérence avec son concept de « stricte suffisance », la France dispose certes d’un arsenal dissuasif crédible, mais cette capacité reste insuffisante pour couvrir toutes les éventualités d’un conflit de haute intensité impliquant plusieurs États européens.

De plus, l’idée de déléguer ou de partager cette dissuasion nucléaire est politiquement et diplomatiquement difficile. Certains pays européens, comme l’Allemagne et les États scandinaves, pourraient considérer la mise en place d’une dissuasion nucléaire commune (qui trancherait avec la situation actuelle car la dissuasion américaine est depuis des décennies un objet récurrent du dialogue sur les questions nucléaires entre les États-Unis et la Russie) comme une provocation à l’égard de la Russie allant à l’encontre des objectifs de désarmement nucléaire et de non-prolifération qu’ils défendent activement. Les pays scandinaves et l’Allemagne sont particulièrement sensibles à la relation avec la Russie, en raison de leur proximité géographique avec cette dernière et de leur histoire. Une initiative de dissuasion commune pourrait être perçue par Moscou comme un geste hostile, risquant d’intensifier les tensions.

Enfin, une difficulté majeure persiste du point de vue doctrinal. La dissuasion entre deux acteurs repose sur la notion de crédibilité. Cette dernière existe sous deux formes : technique (la capacité d’une frappe d’atteindre son objectif) et psychologique (l’adversaire, pour être dissuadé, doit être certain que l’autre est prêt à lui faire subir un bombardement nucléaire, quitte à être frappé encore plus durement en retour). À titre d’exemple, la France peut apparaître crédible aux yeux de Moscou si elle menace de détruire des infrastructures russes en cas d’attaque russe visant le territoire français ; mais le sera-t-elle autant si elle menace de s’en prendre à la Russie en cas d’attaque russe contre la Pologne, quitte à s’exposer à voir en retour Paris rasée par les bombes russes ? Ce n’est pas certain… La question est centrale et suppose l’existence d’intérêts vitaux communs européens qui restent à définir.

Une perspective peu crédible… pour l’instant

Aujourd’hui, la dissuasion nucléaire franco-britannique ne peut pleinement se substituer à la garantie américaine. Le dépassement des stricts intérêts vitaux français constitue un jalon vers une sécurité collective renforcée, mais une telle ambition nécessite un engagement fort des autres États membres et un consensus sur la stratégie nucléaire en Europe.

En fin de compte, la dissuasion nucléaire élargie est une idée à explorer, mais elle ne pourra atteindre son plein potentiel qu’à la condition qu’une approche coordonnée, intégrée et acceptée par l’ensemble des puissances européennes puisse se faire jour. Or une telle perspective semble difficilement envisageable à ce stade.

La politique de l’administration Trump sera donc décisive pour qu’une évolution puisse avoir lieu. Dit simplement, son éventuelle politique isolationniste face à l’agressivité russe doit faire peur notamment à l’Allemagne et à l’Europe orientale. Si le président américain transforme l’OTAN en coquille vide et si Vladimir Poutine poursuit sa politique agressive après un hypothétique règlement du conflit l’opposant à l’Ukraine, alors la situation pourrait peut-être évoluer…

The Conversation

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