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Harmonisation de la retraite vers 70 ans

lundi 9 juin 2025

Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) doit être formellement adopté le 12 juin 2025 en assemblée plénière. Ce texte parle du report de l’âge légal de départ à la retraite, alors que la réforme pour un départ à 64 ans a été adoptée en 2023 par Elisabeth Borne avec l’aide du 49.3. Pour le gouvernement Bayrou, la meilleure option est de continuer à repousser l’âge légal, ce sujet sera débattu entre les syndicats et le patronat lors du « conclave » qui s’achève le 17 juin 2025.

Il semble évident que le pouvoir français sur ordre de Bruxelles et des banques internationales qui possèdent notre dette, souhaitent obtenir un recul de l’âge du départ à la retraite. Si l’on prolonge la vie professionnelle des futurs retraités, on pourra augmenter l’offre de travail, l’emploi, le PIB, les recettes fiscales et sociales des administrations publiques.
Repousser l’âge à la retraite consiste à masquer le déficit de la dette des retraites des administrations et de la disparition de l’argent des caisses. Tout a été siphonné par nos politiques qui œuvrent au services de ceux qui veulent capter l’argent de nos rentrées fiscales.

Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites résume tout :
« Pour équilibrer structurellement le système de retraite chaque année jusqu’en 2070 via le seul levier de l’âge de départ à la retraite, il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070 ».

La Cour des comptes pense que le recul de l’âge légal pour la retraite peut être efficace financièrement à très court terme, mais pas sur du moyen-long terme."

Le problème vient du fait qu’il faut financer les retraites sans générer de dépenses et que les caisses sont vides.

Pour situer l’état de notre emploi en France, il faut recentrer le nombre de français actifs qui cotisent. La France compte 25 millions de français qui travaillent sur une population de 68 millions. Avec une pyramide des âges qui suggère qu’à long terme il n’y aura pas de renouvellment de la population active par manque de naissances, même l’immigration ne parviendra pas à compenser ce déficit de population avec la promesse de nouveaux emplois peu chers.
La dette est le seul moyen de payer les retraites et nous allons nous pencher sur cette mécanique d’endettement qui dépasse tout entendement.

Selon le site FIPECO, en 2019, le solde financier de l’ensemble des régimes de retraites (FSV inclus) était quasiment nul selon le COR. Au cours des années 2020 à 2023, il est fortement perturbé par les effets de la crise économique en 2020, du rebond de l’activité en 2021-2022 et de son ralentissement en 2023. Il est légèrement excédentaire en 2023 (0,1 % du PIB).

De 2023 à 2070, le taux de dépendance augmenterait d’environ 25 % tandis que le taux de remplacement moyen diminuerait de moins de 20 %. A taux de cotisation inchangé, on peut donc s’attendre à une dégradation de l’équilibre financier des régimes de retraite.

De fait, un déficit réapparaitrait en 2024, se maintiendrait à environ 0,4 % du PIB jusqu’au début des années 2030 puis s’accentuerait pour atteindre 0,7 à 0,8 % du PIB dans les années 2050 et 2060.

Le déficit des régimes de base des salariés du secteur privé et des indépendants augmenterait continument à partir de 2030 alors que leurs régimes complémentaires seraient en excédent ; le régime des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers serait déficitaire sur toute la période de projection alors que celui des fonctionnaires de l’Etat est automatiquement équilibré par des subventions.

Le déficit des régimes de retraites pourrait être dès aujourd’hui de plusieurs dizaines de milliards d’euros. En effet, nos régimes de retraite ne sont pas de purs régimes par répartition où les cotisations équilibrent les prestations. Les pensions font souvent l’objet de majoration relevant d’une logique de solidarité et les ressources de ces régimes comportent une grande part d’impôts et de subventions. En outre, parmi les cotisations figurent celles de l’Etat employeur dont le taux (74 % pour les personnels civils) est ajusté pour équilibrer les retraites de ses agents et qui constituent en réalité une subvention d’équilibre financée par des impôts.

Dans ses précédents rapports, le COR retenait d’ailleurs une présentation faisant apparaître une subvention globale de 2,0 % du PIB aux régimes de retraite qui correspondait aux subventions de l’Etat aux régimes spéciaux et à une partie de ses cotisations d’employeur.

Il faudrait en principe que, d’une part, les prestations contributives soient équilibrées par de réelles cotisations et que, d’autre part, les prestations non contributives soient isolées dans un fonds de solidarité financé par des impôts affectés ou par des subventions de l’Etat. C’était l’organisation prévue par le projet de loi de réforme qui a été débattu pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron et qui a été abandonnée. Dans le système actuel, peu transparent, il n’est pas sûr que les prestations contributives soient vraiment équilibrées par des cotisations. Il est possible qu’elles soient en partie équilibrées par des impôts affectés ou des subventions de l’Etat et que le solde des régimes de retraite soit ainsi partiellement artificiel.

Une dette cachée
La dette publique ne prend en compte les engagements donnés par l’État. Il faut inclure la dette hors bilan, qui n’est jamais mentionnée par les politiques et les médias.
Concernant la retraite des agents publics, l’Etat ignore la dette qu’il génère pour la payer.
Dans le dernier compte général de l’Etat, on retrouve 2 200 milliards d’euros d’engagement hors bilan pour les retraites.

Fin 2022, les engagements de retraite de l’Etat vis-à-vis des fonctionnaires civils et militaires représentaient 1 683 milliards d’euros, soit 65% du PIB. Si ces chiffres avaient été intégrés dans le bilan français de 2022, la dette publique française aurait été de l’ordre de 180 % du PIB, soit plus que les 114 % publiés par l’INSEE.
Même si cette pratique est légale ell est une arme de désinformation quand elle est débattue dans le cadre du repoussement de l’âge légal du départ à la retraite.

L’Etat n’a pas de caisse de retraite contrairement aux institutions de retraite du secteur privé bien gérées, comme l’Agirc-Arrco qui seront bientôt ponctionnées par l’Etat pour payer la dette.
Si nous attendions à voir nos économies ponctionnées par l’Etat, nous sommes surpris de voir que se sont nos caisses de retraites qui serviiront d’hos d’œuvre.

La dissimulation de la dette hors bilan pose question surtout en ce qui concerne la santé de nos finances publiques et des efforts que réclame le premier ministre Bayrou.
En 2019, l’Etat a dépensé 331 milliards d’euros versés aux 17 millions de retraités, soit 13,6% du Produit Intérieur Brut.

Selon la Cour des Comptes, en ce qui concerne uniquement les retraites publiques, « l’ordre de grandeur des engagements hors-bilan de l’Etat au titre des recettes des fonctionnaires peut être estimé comme s’inscrivant dans une fourchette comprise entre 595 milliards d’euros et 685 milliards d’euros ». (Chiffres du Sénat pour l’année 2000)

La Commission européenne a organisé le 24 octobre 2016 une conférence sur les pensions personnelles à Bruxelles.
Objectif de la consultation :
Le régime Européen pour des plans de retraite individuels
La Commission souhaite encourager l’épargne via les plans de retraite individuels, afin d’assurer des revenus de retraite suffisants. C’est un objectif essentiel sachant que l’espérance de vie est plus élevée qu’auparavant, que les finances publiques sont sous pression continue et que le ratio du nombre de retraités rapporté au nombre d’actifs devrait doubler d’ici trente-cinq ans.
La consultation aidera également la Commission à analyser l’opportunité d’établir un régime européen de retraite individuelle. À cette fin, les particuliers (citoyens, retraités, étudiants) et autres parties prenantes (entreprises, associations représentatives, autorités publiques) sont appelés à se prononcer sur une éventuelle action de l’UE afin d’offrir des plans de retraite individuels simples, abordables, transparents et offrant de meilleurs rendements.

Le tout avec un âge de départ vers 70 ans et si cela se passe comme le souhaite l’UE, une retraite universelle par capitalisation arrivera avec l’aide des fonds de gestion d’actifs comme BlackRock.
Pour résumer, 15% du PIB sert à payer les retraites et deux tiers du PIB est caché en dette de paiement des retraites de la fonction publique.

Geopolintel 09 juin 2025

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