La Chine impose des droits de douane définitifs au cognac, certains producteurs épargnés par des accords sur les prix
Fin du suspense. Le ministère du commerce chinois a annoncé imposer à partir du 5 juillet un droit de douane moyen de 32,2 % au brandy importé d’Europe. La filière cognac se dit soulagée de cette annonce et précise que des accords d’engagements de prix ont été passés pour épargner certains producteurs.
Le ministère du commerce chinois a annoncé ce 4 juillet l’adoption de taxes définitives sur le brandy européen. Le cognac est le principal concerné, mais des accords ont été passés pour exempter les trois plus gros producteurs
La décision était attendue, les discussions de juin soulignaient déjà l’issue d’un accord proche. C’est désormais officiel. Ce 4 juin, le ministre du commerce chinois a mis un point final à l’enquête antidumping diligentée depuis janvier 2024 sur le brandy européen, essentiellement du cognac, pour qui la Chine est le second marché en valeur. Il impose un droit de douane moyen de 32,2 % aux eaux-de-vie de vin, de marc et aux brandies européens à partir de ce samedi 5 juillet. Plus précisément, les droits vont de 27,3 % à 34,9 %, des taux inférieurs à ceux imposés depuis octobre 2024 (de 34,8 à 39 % selon les maisons).
Des accords pour échapper aux taxes
Avec une nuance essentielle : certains produits peuvent être exemptés s’ils respectent un « engagement de prix minimum à l’importation », souscrit auprès du ministère chinois, le Mofcom. Le montant de ces « prix minimum » n’a pas été précisé, mais les discussions de juin avaient tablé sur un engagement « de l’ordre de 12 à 16 % de surcoût », selon les propos de Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), à La Charente Libre.
« Ces engagements, rendus possibles grâce aux efforts diplomatiques de la France, et des entreprises du secteur, se substitueront aux droits antidumping », précise dans une note le Bureau national de l’interprofession du cognac (BNIC). « Ils s’appliqueront aux trois entreprises échantillonnées ainsi qu’aux autres entreprises signataires que le Mofcom a retenues », poursuit-il. De fait, les « trois entreprises échantillonnées » par l’enquête antidumping sont trois des plus gros producteurs et exportateurs de cognac : Hennessy (LVMH), Rémy Cointreau (cognac Rémy Martin) et Martell (Pernod Ricard).
Une alternative « nettement moins pénalisante »
Dans un communiqué publié ce 4 juillet, Rémy Cointreau, précise que l’accord sur les prix concerne des récipients de moins de 200 litres. L’exportateur, qui était taxé par les mesures provisoires à hauteur de 38,1 % « sous forme d’une caution de garantie bancaire », a vu ce taux ramené à 34,3 % dans sa version définitive. Rémy Cointreau, qui salue une « alternative nettement moins pénalisante que l’application des droits antidumping définitifs », dit attendre des précisions sur la mise en œuvre concrète de l’accord « afin de pouvoir évaluer les impacts avec exactitude ». Pour rappel, la filière avait évalué en février 2025 à 60 millions d’euros par mois la baisse des revenus imputée aux seules taxes chinoises.
L’interprofession du cognac juge impératif « que la liste des sociétés coopérantes soit étendue à toutes celles qui ont répondu à l’enquête et que toutes les sociétés qui ont signé l’accord de prix minimum puissent en bénéficier ». « Cette décision marque la fin de l’enquête antidumping, mais pas celle de notre action pour que l’ensemble de nos exportateurs retrouvent au plus vite un accès sans entrave au marché chinois. Dans l’attente, le régime d’engagement de prix minimum offre des conditions plus tolérables pour nos entreprises que les taxes antidumping définitives annoncées, même si l’accès au marché qu’elles permettent reste dégradé », a affirmé
Florent Morillon, président du BNIC.
Le duty free toujours bloqué
Renouvelant son appel auprès du gouvernement français et de l’Europe en vue d’un accord politique « dans les plus brefs délais », le BNIC révèle aussi « l’annonce du Mofcom confirme par ailleurs la restitution des garanties et la libération des cautions versées depuis octobre 2024 ». La décision ne dit rien, en revanche, sur la date effective dudit remboursement ni sur une éventuelle levée du blocage du marché du duty free, dont le cognac est exclu depuis décembre 2024, et qui représente 20 à 25 % des expéditions en Chine.
Si les conclusions définitives de l’enquête antidumping chinoises sont attendues ce 5 juillet, les regards inquiets se portent désormais vers les États-Unis, premier marché du cognac, où un retour des droits de douane punitifs est prévu dans les prochains jours.













