Voiture électrique chinoise : comment la batterie au sel pourrait supplanter le lithium-ion ?
Les batteries lithium-ion présentes dans les véhicules électriques actuels pourraient bientôt être obsolètes avec l’avènement d’une nouvelle chimie utilisant le sodium et autorisant davantage d’autonomie à moindres frais. Explications.
Le salon de Shanghai vient de fermer ses portes. De nombreux constructeurs automobiles occidentaux ont été fidèles au rendez-vous. La marque française Peugeot a d’ailleurs présenté la 408 L, une version rallongée de sa dernière berline fastback.
Encore peu connus du grand public mais désormais émancipés des joint-ventures créées dans les années 1990 avec des acteurs américains, européens ou japonais, les nombreux constructeurs chinois ont montré au monde entier ce qu’ils savent faire. Notamment en matière de véhicules 100 % électriques, dotés pour certains de technologies de rupture.
Cela a notamment été le cas de BYD qui a présenté une minicitadine à prix cassé. Longue de 3,78 mètres et baptisée Seagull, cette dernière est capable d’embarquer cinq personnes à son bord et dispose d’un moteur développant 55 kW, soit 75 chevaux, et promet de 250 à 300 kilomètres d’autonomie (WLTP) entre deux charges complètes. Un rayon d’action variable en fonction de la chimie de ses batteries : lithium-ion ou sodium-ion.
La bataille du véhicule 100 % électrique passe par la chimie des batteries...
Ce n’est pas la première fois que la seconde technologie est évoquée pour équiper un véhicule électrique. Quelques semaines avant BYD, un autre constructeur chinois - JAC Motors - avait également présenté une minicitadine de 3,65 mètres, la Sehol E10X équipée d’une batterie sodium-ion d’une capacité de 25 kWh permettant de parcourir environ 200 kilomètres.
Signalons également le lancement par JMEV, une co-entreprise réunissant Renault Group et Jiangling Motors Corporation Group de la petite EV3 forte d’un moteur électrique de 35 kW (48 ch) et dotée d’une batterie au sodium de 32 kWh, autorisant une autonomie avoisinant les 300 kilomètres, selon la norme chinoise.
Depuis l’invention de l’automobile - et donc du véhicule électrique à la fin du 19e siècle - les principaux travaux des constructeurs ne portent pas tant sur le développement des motorisations électriques (plus simples à concevoir et à produire que leurs homologues thermiques) mais sur développement et l’évolution des batteries embarquées. Au cours des trente dernières années, ces dernières ont déjà fortement évoluées.
... et la capacité à les produire en masse
Les premiers véhicules électriques « modernes » apparus entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 faisaient appel à des batteries nickel-cadmium (par exemple la Peugeot 106 Electric). Celles-ci remplaçaient déjà les batteries au plomb, particulièrement lourdes et nocives pour le vivant, utilisées par les Renault 4 Electric et Renault 5 Electric des années 1970.
Depuis, c’est la chimie lithium-ion (Li-ion) qui s’est imposée sous le plancher des véhicules et les différents groupes automobiles misent gros sur elle. Tous les acteurs du marché cherchent d’une part à sécuriser leurs approvisionnements en lithium mais surtout à maîtriser la fabrication des batteries afin d’être moins dépendants d’autres géants comme CATL, Saft, LG Chem, Panasonic ou Samsung et rendre les véhicules électriques plus compétitifs.
C’est dans cette logique que l’ex-Groupe PSA (désormais Stellantis) Mercedes-Benz et TotalÉnergies se sont associés pour donner vie à Automotive Cells Company (ACC), dont la première gigafacoty française est en cours de construction à Douvrain, dans les Hauts-de-France. De même, Volvo s’appuie sur Northvolt pour produire ses batteries, tandis que Volkswagen Group prévoit l’implantation de plusieurs gigafactories au plus près des sites de production de véhicules électriques : en Allemagne bien sûr mais aussi en Espagne ou encore au Canada.
Des batteries au sodium pour des véhicules électriques moins chers ?
Les batteries au sodium popularisées par les petits véhicules chinois présentés plus haut pourraient bien venir jouer les trouble-fête dans ces nouvelles organisations industrielles. En effet, selon plusieurs acteurs du secteur, la chimie sodium-ion présente l’avantage d’être environ 20 % moins chère que le lithium-ion. Ce qui permettrait alors d’abaisser le coût des véhicules électriques. Rêve ultime de nombre d’États afin d’enclencher durablement la transition énergétique de leurs parcs roulants et préserver le pouvoir d’achat des ménages.