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Don de Jeffrey Epstein en France : Jack Lang affirme que c’était « pour un film »

samedi 22 juillet 2023

L’alsace :
Nous étions le premier média en France à révéler la semaine dernière que la fondation du milliardaire américain Jeffrey Epstein avait réalisé un don de près de 58 000 dollars à une mystérieuse association, composée de proches de Jack Lang. L’ancien ministre a répondu de façon évasive à un site américain.

Jeffrey Epstein, via sa fondation « Gratitude America », a fait un don de 58 000 euros à l’association française.

NB :
La fondation de Jeffrey Epstein, Gratitude America, avait un compte à la Deutsche Bank, dont M. Epstein était client, selon des personnes de la banque.

Lorsque Jeffrey Epstein a créé sa fondation Gratitude America Ltd. en 2012, l’objectif de l’organisation à but non lucratif était de « soutenir l’expression de la gratitude pour les idéaux de l’Amérique », selon les documents déposés dans les îles Vierges américaines.
Parmi ses activités philanthropiques, l’organisation caritative d’Epstein a financé une école pour filles à Manhattan et un programme de tennis pour les jeunes. Il semble toutefois que cette action caritative ait été conçue pour permettre au milliardaire de bénéficier d’avantages fiscaux.

Le dernier voyage de Jeffrey Epstein a eu lieu Paris le 14 juin.

Le nom de la fille de Jack Lang apparait dans le carnet des visiteurs de l’ïle Little Saint James de Jeffrey Epstein.

Caroline Lang

Caroline Lang , titulaire d’un DEA de finances publiques, docteur en droit public, a commencé sa carrière en 1989 en tant que « business development executive » chez Maxwell Communications Corporation à Londres avant de rejoindre, en 1991, Time Warner, à New York, en tant que directrice des projets internationaux.

Caroline Lang est Senior Vice-President & Managing Director de la division internationale de Warner Bros Television chargée de la France et des pays francophones. Elle est Docteur en Droit Public, spécialisée en droit international. Au début des années 90, alors qu’elle était chez Maxwell-Macmillan à New York au poste de Senior éditrice internationale, Caroline Lang a été recrutée par Time Warner pour promouvoir les produits européens sur le marché américain. En 1991 elle est devenue Vice-Présidente de Time Warner Publishing, dirigeant les activités promotionnelles du groupe en Europe. Caroline est par ailleurs l’auteur de trois ouvrages. Elle est aussi l’une des pionnières de l’association Pour les femmes dans les médias (PFDM). Caroline Lang s’engage aujourd’hui aux côtés du Refuge pour aider la Fondation à se faire connaître davantage.

À son apogée, dans les années 1980, Robert Maxwell emploie 16 000 personnes dans une multitude de sociétés dont le groupe de presse britannique Mirror, la maison d’édition américaine Macmillan

Il n’avait pas répondu à nos sollicitations et à nos demandes répétées...

L’ancien ministre de la Culture et de l’Education, Jack Lang, a affirmé au site américain Politico que le don de 57897 dollars de Jeffrey Epstein à une mystérieuse association française, composée de plusieurs de ses proches ou ex-conseillers, était destiné « à financer un film ».

Notre enquête, à la suite des révélations du site américain The Daily Beast, avait démontré que cette « association pour la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle » ressemblait fort à une coquille vide. Sans véritable siège, ni présence médiatique, ni physique, comme l’attestait un élu du XIVe arrondissement de Paris, là où était domiciliée l’association.

« Je me souviendrais de ce nom », soulignait cet adjoint en charge du milieu associatif et surpris de la teneur de notre appel.

Jack Lang, actuel président de l’Institut du monde arabe, et qui a croisé plusieurs fois Jeffrey Epstein dans les années 2000, année de l’installation à Paris du prédateur sexuel américain, n’a pas donné plus de précisions à Politico sur le sujet du film concerné et à quel stade en était ce projet. L’ancien homme politique est resté très évasif, selon Politico.

Non-réponses et mensonge

L’entourage du président de l’IMA n’avait donné suite à nos demandes d’interview de Jack Lang, après nos révélations de jeudi dernier. Le seul des conseillers de l’ancien ministre à nous avoir répondu par téléphone, Fabrice Parsy - toujours proche de M. Lang- dont le nom figure sur la déclaration de création de l’association, avait prétendu de son côté ne pas connaître cette association.
MM. Degruelle et Lang. Le premier a été conseiller du second et préside aujourd’hui la communauté d’agglomération de Blois, ancien bastion de...Jack Lang.

Les deux autres personnes, Jacques Renard, ancien président du Centre des Variétés, tout comme Christophe Degruelle, actuel président de l’agglomération de Blois, terre où Jack Lang a longtemps œuvré, n’ont pas répondu à nos multiples sollicitations. Leurs noms apparaissent au sein de la mystérieuse association, respectivement en tant que trésorier et président.
Jacques Renard, trésorier de la mystérieuse association, ancien président du CNV et toujours très actif dans le milieu culturel n’a pas répondu à nos multiples sollicitations.

Au 164, boulevard du Montparnasse, où se trouve la domiciliation de l’association et où nous nous sommes rendus, aucune boite aux lettres ne correspond. Son « siège » se trouve en réalité chez Sylvie Aubry, fleuriste réputée de la place de Paris, qui a notamment décoré les hôtels Crillon et Meurice, et amie de longue date de M. Lang.
Le « siège » supposé de l’association au 164, boulevard du Montparnasse, en réalité domiciliée au logement d’une fleuriste amie de longue date de M. 

Mme Aubry, que nous avons également tentée de joindre il y a plusieurs jours, est restée elle aussi muette. A Politico, initialement, elle a précisé qu’elle n’avait pas connaissance de ce don de la fondation de Jeffrey Epstein, puis s’est rappelée avoir discuté avec Jack Lang de la création de l’association, sans pouvoir donner de preuves de l’existence d’un film en projet.

Un projet de film très vague

Dans l’immeuble où elle est domiciliée, personne ne connaît l’existence de cette association. « Je n’ai jamais entendu parler d’elle », nous expliquait en début de semaine dernière un ostéopathe qui pratique depuis 5 ans dans ce bâtiment des années 70.

Jack Lang connaissait Jeffrey Epstein. Il est l’un des hommes politiques français à lui avoir rendu visite dans son appartement avenue Foch. « C’était une personne charmante, courtoise et agréable », soulignait en 2019 l’incontournable « Jack », encore présent cette semaine sur tous les fronts : des obsèques de Juliette Gréco à la défense de la langue arabe avec un 27e ouvrage.

Un volet français à creuser

Une dernière fois avant la mort d’Epstein, l’ancien ministre l’a croisé et a même reconnu l’avoir invité : c’était le 29 mars 2019, lors du 30e anniversaire de la Pyramide du Louvre… C’était il y a un an et demi à peine.

Le volet français de l’affaire Epstein reste encore à explorer et à creuser, selon Me Anne-Claire Lejeune, avocate pénaliste, défendant plusieurs anciens mannequins victimes supposées de Jean-Luc Brunel, un agent de modèles parisien qui était très proche d’Epstein et apparaît en bonne place dans son carnet noir...
Jeffrey Epstein a créé la fondation « Gratitude America » en 2012. Capture d’écran

Gratitude America, une fondation de « bienfaisance » opaque

Plus de 577 millions de dollars, dont 56 millions en liquide. Deux îles dans les Caraïbes - appelées « les îles des Orgies » par la presse américaine - d’une valeur de plus de 80 millions de dollars. Un ranch au Nouveau-Mexique de 17 millions, une propriété en Floride, une maison de sept étages à Manhattan, un appartement à Paris.

L’héritage de Jeffrey Epstein, confié aux soins du Trust 1953 enregistré dans les îles Vierges américaines, est colossal. Comme tout Américain fortuné, et sans doute pour polir son image (et profiter d’avantages fiscaux), le milliardaire se montrait philanthrope.

Seulement trois organismes non-Américains, dont l’association française

En 2012, l’ex-trader lançait une nouvelle fondation Gratitude America Ltd, devant répondre aux « idéaux américains », avec, entre autres missions, de « prévenir la cruauté contre les enfants »… En 2016-2017, aurait versé 1,8 million de dollars.

Selon le site américain The Daily Beast, qui a longuement enquêté, plusieurs bénéficiaires n’auraient jamais reçu les sommes affichées. En 2018, en dehors des États-Unis (associations caritatives, universités, instituts de recherche, et même pépinière de jeunes tennismen), Epstein a effectué des donations à seulement trois organismes internationaux : l’association française formée des proches de Jack Lang, l’opéra national de Lituanie et un institut à Rome spécialisé dans le conseil en sexualité...

L’affaire Epstein en quelques dates

1996 : première visite de Jeffrey Epstein à Paris. Il revient à raison de 4 à 5 fois par an dans la capitale.

Juin 2002 : il acquiert un appartement de 800 m2 pour 3,5 millions d’euros avenue Foch, dans le 16e arrondissement (estimé aujourd’hui à 7,8 millions d’euros).

2008 : Epstein est poursuivi aux États-Unis pour incitation à la prostitution de dizaines de mineures. Il écoque de 13 mois de prison ferme, mais il évite un procès après un accord avec le gouverneur de Floride.

2012 : il fréquente le Paris Mondain, comme chez la princesse Bourbon des Deux-Siciles, pour une soirée en l’honneur de Woody Allen. Parmi les hôtes : Charles Aznavour et Jack Lang. 

29 mars 2019 : 30e anniversaire de la Pyramide du Louvre, Jeffrey Epstein est invité par Jack Lang.

7 juillet 2019 : interpellation à New York, à son retour de Paris. Il risque 45 ans de prison.

10 août 2019 : mort de Jeffrey Epstein dans sa cellule à New York.

2 juillet 2020 : arrestation de Ghislaine Maxwell, sa complice présumée.

L’Alsace

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