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Devenir professeur avec 4/20 de moyenne, c’est possible

jeudi 22 février 2018

Face à la pénurie de candidats au concours externe de professeur des écoles, les académies de Créteil et de Versailles ont été obligées de recruter parmi les postulants les plus mauvais.

Devenir professeur tout en ayant des résultats médiocres est désormais une chose courante dans les académies de Créteil et de Versailles. En obtenant une note moyenne de 4/20, un candidat peut être admissible au concours externe pour devenir professeur des écoles. Avec une note de 4,17/20, il est même admis. L’académie de Créteil a connu une chute importante de son seuil d’admissibilité en 2013 où il est passé de 9/20 à 4,11/20. La conséquence d’une véritable pénurie de postulants par rapport à la quantité de postes à pourvoir.

Le nombre de candidats au concours de recrutement des professeurs des écoles est passé de plus de 65.500 en 2004 à 26.300 en 2013. Une chute de 57 % attribuée à la « masterisation » de la profession. Avant 2008, il suffisait d’une licence (trois ans d’études) pour passer le concours alors qu’aujourd’hui, les candidats doivent atteindre le niveau master, soit cinq ans d’études.

Le métier de professeur des écoles subit une crise des vocations notamment dans les banlieues dites difficiles. Selon le syndicat enseignant SNUDI FO, le salaire des futurs enseignants, légèrement supérieur au SMIC, rebute de nombreux postulants. Résultat, dans certaines académies, le concours importe peu. L’administration retient autant de candidats que de postes ouverts, quitte à piocher parmi les plus mauvais.
4/20 à Créteil contre 10/20 à Montpellier

Toutes les académies ne pratiquent pas les mêmes seuils, ce qui provoque l’incompréhension et parfois la colère de certains candidats. À Lille, la moyenne requise pour être reçu est de 7,1/20. À Bordeaux il faut obtenir 8,8/20. C’est à Montpellier que le concours est le plus difficile à passer, avec un seuil fixé à 10/20. Seuls 25 % des candidats sont reçus dans cette académie contre 87 % à Créteil.

Sur les forums spécialisés, les postulants expriment leur mécontentement. « J’ai passé le concours plusieurs fois. En 2009, je finis avec une moyenne générale de 11/20. Se faire recaler avec 11 de moyenne et admettre des candidats ayant obtenu 8,5/20 est scandaleux », poste Pousse-cailloux. Selon un autre internaute candidat, « cette manière de procéder est révoltante ».

Véronique Maury du syndicat SNUDI FO contactée par LeFigaro parle d’une situation qui n’a rien de « scandaleux ». « Une mauvaise note ne signifie pas que l’enseignant ne sera pas compétent ». Après le concours, le professeur en herbe bénéficie d’une année afin de continuer sa formation. Il doit faire ses preuves s’il veut être titularisé. « S’il y avait plus de postes dans les académies dont le seuil est élevé, le contraste ne serait pas aussi important », affirme-t-elle.
Un concours moins sélectif mais plus difficile

« Une note n’est pas représentative du niveau du candidat », explique Véronique Maury. « Nous remarquons que la difficulté du concours n’a cessé d’augmenter ces dernières années ce qui peut expliquer les résultats moins bons ». Selon la syndicaliste, la préparation du master en même temps que le concours pose problème. Il est beaucoup plus difficile pour les candidats de travailler sur deux fronts que de se concentrer sur un seul objectif. « Certains m’ont rapporté qu’ils étaient tombés sur des sujets qu’ils n’avaient jamais étudié. Ce n’est pas normal », constate Véronique Maury qui estime que le niveau exigé des futurs enseignants est « trop élevé ».

Candidats et syndicats dénoncent également la politique du zéro éliminatoire. Si un postulant obtient un 0, il est éliminé même si sa moyenne dépasse le seuil d’admission. Une situation « aberrante » qui participe au manque d’effectifs dans les académies les plus nécessiteuses, selon le SNUDI. « En 2013, dans la seule académie de Créteil sur les 1 055 postes mis au concours externe seulement 880 seraient pourvus à la rentrée alors que le recteur est confronté à d’énormes difficultés de gestion des ressources humaines pour assurer les conditions de la prochaine rentrée », a écrit le syndicat dans une lettre adressée au ministère de l’Éducation nationale.

Leslie Bourrelier

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