Robert Byrd est né à North Wilkesboro, en Caroline du Nord, le 20 novembre 1917, la mère de Byrd est décédée alors qu’il avait un an. Son père a remis l’enfant à sa tante et à son oncle, qui l’ont ensuite adopté.
Élevé dans une communauté de mineurs de charbon de Virginie occidentale, le futur sénateur a souvent dit que les expériences de son enfance avaient contribué à façonner ses convictions politiques.
Alors qu’il travaillait comme boucher au début des années 1940, Byrd a formé un nouveau parti du Ku Klux Klan à Sophia, en Virginie occidentale.
Dans son livre datant de 2005, Robert C. Byrd : Child of the Appalachian Coalfields, Byrd raconte que sa capacité à recruter rapidement 150 de ses amis dans le groupe, a impressionné un haut responsable du Klan qui lui a dit : « Vous avez un talent de leader, Bob ... Le pays a besoin de jeunes hommes comme vous pour diriger la nation ».
Flatté par l’observation du fonctionnaire, Byrd a continué son rôle de leader au sein du Klan et a finalement été élu Cyclope Exalté du groupe local.
Dans une lettre de 1944 au sénateur ségrégationniste du Mississippi, Theodore G. Bilbo, Byrd écrit
« Je ne me battrai jamais dans les forces armées avec un Noir à mes côtés. Je devrais plutôt mourir mille fois, et voir Old Glory piétinée dans la terre pour ne plus jamais se relever que de voir notre chère terre se faire dégrader par des bâtards de race, un retour au plus noir des spécimens sauvages. »
En 1946, Byrd écrivait au grand sorcier du Klan : "Le Klan est plus nécessaire aujourd’hui que jamais, et je suis impatient de voir sa renaissance ici en Virginie occidentale et dans chaque État de la nation.
Candidat à la Chambre des représentants des États-Unis en 1952, Byrd s’est efforcé de prendre ses distances par rapport aux activités du Klan. Il a affirmé qu’il s’en était désintéressé au bout d’un an et avait abandonné le groupe. Byrd a également déclaré qu’il avait rejoint le Klan juste pour l’excitation et parce qu’ils étaient opposés au communisme.
Dans des entretiens avec le Wall Street Journal et le magazine Slate en 2002 et 2008, Byrd a qualifié son adhésion au Klan de « la plus grande erreur que j’ai jamais faite ». Aux jeunes qui souhaitent s’engager dans la politique, Byrd a lancé un avertissement,
« Assurez-vous d’éviter le Ku Klux Klan. Ne vous y mettez pas. Une fois que vous aurez fait cette erreur, vous entraverez vos opérations dans l’arène politique. »
Dans son autobiographie, Byrd décrit comment il est devenu membre du KKK :
- « J’étais affligé d’une vision étroite - une vision jeune et immature - ne voyant que ce que je voulais voir parce que je pensais que le Klan pouvait être un exutoire pour mes talents et mes ambitions. ... Je sais maintenant que j’avais tort. L’intolérance n’avait pas sa place en Amérique. Je me suis excusé mille fois ... et ça ne me dérange pas de m’excuser encore et encore. Je ne peux pas effacer ce qui s’est passé ... cela est apparu tout au long de ma vie pour me hanter et m’embarrasser et m’a appris de façon très claire ce qu’une erreur majeure peut faire à la vie, à la carrière et à la réputation d’une personne ».
À l’origine du parti démocrate : un parti esclavagiste
La course à l’investiture démocrate est au cœur de la politique américaine pour plusieurs mois. Si aujourd’hui, le parti démocrate américain se veut progressiste, à sa création les fondateurs, favorables à l’esclavage, étaient très différents des principes actuels. Retour historique avec Nicole Bacharan sur ce parti politique.
« Les ancêtres des démocrates faisaient partis de l’élite des planteurs sudistes, des gens dont le mode de vie, la fortune reposaient entièrement sur le système esclavagiste », décrit Nicole Bacharan, historienne.
Un parti à la fois républicain et démocrate
Au XIXe siècle les partis politiques américains étaient radicalement opposés à ceux d’aujourd’hui, le parti démocrate était esclavagiste alors que le parti républicain était abolitionniste. En 1792, le parti démocrate est le descendant du parti républicain-démocrate fondé par Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d’indépendance. L’homme politique était favorable à l’esclavage puisqu’il possédait une plantation en Virginie avec de nombreux esclaves.
Plus vieux parti politique américain, il se définit comme “anti-fédéraliste” : représentant les citoyens ordinaires et contre l’élite urbaine. « Le terme “démocrate” semble davantage attaché à la participation populaire, à la démocratie représentative. Le terme “républicain” est quant à lui centré sur une forme de gouvernement où il n’y a pas de monarques. Mais ce n’est pas très clair pour définir un parti politique… », explicite Nicole Bacharan.
Convention des démocrates • Crédits : Getty
Le parti républicain-démocrate vole en éclats au moment de désigner un candidat à la présidence. À cette époque, l’esclavage commence à être aboli au Nord, contrairement au Sud. Andrew Jackson décide de faire sa campagne auprès des fermiers du Sud, esclavagistes. Il se présente comme un candidat démocrate, anti-fédéraliste et populiste. Mais les élites puritaines ne le soutiennent pas et présentent un autre candidat, abolitionniste, qui gagne l’élection sous l’étiquette “national républicain”. Andrew Jackson gagnera l’élection suivante, en 1828.
En tant qu’ancien général, une de ses premières actions est de confisquer les terres des Amérindiens. Il envoie des troupes fédérales pour expulser les autochtones et revendre les terres à des fermiers blancs. Ils seront déportés vers l’Ouest, en empruntant la “piste des larmes”, le nom donné au parcours de cette marche forcée où beaucoup vont mourir de faim et de froid.
Le Nord et le Sud en désaccord
« Les intérêts du Nord industriel et du Sud agricole étaient vraiment très opposés et incompatibles. On sentait qu’on allait vers le conflit. Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le cas de le dire, ce fût l’élection d’Abraham Lincoln, républicain, le parti républicain était alors un jeune parti esclavagiste. En 1860, Lincoln est élu et c’est ce qui déclenche la sécession du Sud », raconte Nicole Barachan.
Jefferson Davis, démocrate, créateur du premier parti politique et fervent défenseur de l’esclavagisme, prend la tête de ce conglomérat d’États du Sud.
En 1865, la guerre de Sécession prend fin et Abraham Lincoln, avant d’être assassiné, milite pour un amendement interdisant l’esclavage. Le 13e amendement est signé dans l’année 1865.
C’est à la même époque que se forme le Ku Klux Klan, pour terroriser les citoyens noirs du Sud. À la tête du KKK à ses débuts, on retrouve un ancien délégué démocrate. Un lien étroit qui continuera puisque le président démocrate Woodrow Wilson soutiendra publiquement le KKK et la politique ségrégationniste plusieurs siècles plus tard.
« À la fin de la guerre de Sécession, les planteurs sudistes n’ont pas changé de vision du monde, ils ont juste perdu la guerre. Assez rapidement, dans les décennies qui ont suivi la guerre, l’esclavage a été officiellement aboli mais le Sud, par étapes, est revenu à un système ultra-ségrégationniste, ultra-raciste. Les électeurs sudistes, les électeurs blancs ont continué à voter démocrate dans un système ségrégationniste extrêmement dur, extrêmement violent et cela a duré pendant presque un siècle », explique Nicole Barachan.
1932 est l’année du tournant du parti démocrate, il se fera grâce à l’élection de Franklin Roosevelt pendant la crise économique. Le parti décide alors de s’emparer des questions autour du social, de l’emploi et de l’économie. Franklin Roosevelt devient le premier président démocrate à rompre avec la tradition des États du Sud et à négocier le fameux “New Deal” qui met fin à la mentalité démocrate anti-fédéraliste.