Le secrétaire général de l’OTAN a précisé que l’Alliance n’avait pas l’intention d’ « arsenaliser » l’espace.
Du 11 septembre à la guerre en Ukraine il y a une relation à faire sur la militarisation de l’espace.
En 2000, les futurs conseillers de l’administration Bush II, réunis au sein du groupe de réflexion « Project for the New American Century », rendent un rapport intitulé « Reconstruire les Défenses de l’Amérique ».
Ce projet décrit la stratégie des forces armées américaines nécessaires pour la « Pax Americana ». Leur ambition est de créer une armée spatiale et de poursuivre le développement du bouclier anti-missile afin d’établir l’hégémonie des Etats-Unis.
Le traité ABM, conclu en 1972 entre Nixon et Brejnev, force les américains à stopper officiellement la militarisation de l’espace. Le 8 mars 1983, en pleine « guerre froide » Reagan qualifia l’Union soviétique d’« Empire du mal ». Sa politique en matière de défense s’articulait autour de la doctrine « Paix dans la force ». Ainsi naquit « Star War » qui désigne le programme américain de défense antimissiles nommé « Initiative de défense stratégique » (IDS)
En 2000, les néoconservateurs du PNAC (Project for a New American Century) réclament la maîtrise de l’espace et constatent que leur programme, nécessitant une forte augmentation du budget de défense du Pentagone, ne pourra se réaliser qu’à l’occasion d’un événement d’une exceptionnelle gravité, tel qu’un nouveau Pearl Harbor. Donald Rumsfeld alors qu’il était administrateur de la Rand Corporation et juste avant qu’il ne devienne secrétaire à la Défense, a théorisé l’arme spatiale. Son ambition était de créer un nouveau type d’armée et le fameux bouclier anti-missiles. Rumsfeld s’est demandé si le seul événement capable de galvaniser les énergies de la Nation et de forcer le gouvernement à agir serait une attaque destructrice contre le pays : un « Pearl Harbor spatial ».
Les attentats du 11 Septembre ont été le bon de sortie du traité ABM de 1972.
L’annonce du retrait des Etats Unis du traité ABM a été rendue publique le 13 décembre 2001. Le mardi 12 juin 2002, à Madrid, George W. Bush affirme qu’il est désormais « un vestige du passé ». Le lendemain, les Etats-Unis sont officiellement désengagés de ce traité.
Ce retrait unilatéral fait sauter le verrou qui empêchait le développement du bouclier spatial. C’est l’US Navy qui devient le pivot centrel de ce nouveau programme qui succède à l’ IDS : la « National Missile Defense » mise en œuvre par la « Missile Defense Agency » (MDA).
Selon Vladimir Poutine, le retrait des États-Unis du traité ABM en 2002 a obligé la Russie à commencer à développer des armes hypersoniques : « Nous avons dû créer ces armes hypersoniques en réponse au déploiement par les États-Unis d’un système de défense contre les missiles stratégiques qui, à l’avenir, serait capable de neutraliser virtuellement, de réduire à zéro tout notre potentiel nucléaire ». En 2007, interrogé sur les plans américains de déploiement de défenses contre les missiles balistiques en Europe, Poutine a mentionné que la Russie était en train de développer « des systèmes d’armes stratégiques d’un type complètement différent qui voleront à une vitesse hypersonique et seront capables de changer de trajectoire à la fois en termes d’altitude et de direction ».
La Chine estime que la militarisation de l’espace est regrettable, ce n’est pas une bonne initiative et ne contribue pas à maintenir la préservation d’un espace sain et stable.
Le système de Défense Anti-missile (BMDS) développé par les États-Unis, issu de l’Initiative de Défense Stratégique du président Reagan, intègre les trois armées. Jusqu’en 2002 elle intégrait l’armée de terre et l’armée de l’air. Maintenant la Navy fait partie du trio BMDS.
La défense anti-missile maritime a bénéficié du retrait du traité ABM par l’administration américaine.
C’est en juin 2002 que le traité ABM fut aboli et que l’« AEGIS Weapon System/Ballistic Missile Defense » (AWS/BMD) allait naître comme le demandait la Missile Defense Agency (créée en 2002) et par l’US Navy.
Le système AEGIS est utilisable dans des configurations qui dépassent les besoins de la Navy. Il est capable d’opérer en zone littorale pour protéger des forces projetées contre des tirs SRBM et MRBM qui les viseraient mais aussi d’assurer la défense d’infrastructures sensibles (ports, aéroports, agglomérations, installations militaires ou industrielles,…) localisés en zone côtière sur le territoire des États-Unis ou de leurs « friends and allies ».
Or il se trouve que si le conflit qui oppose l’Otan à la Russie perdure jusqu’en 2025, Toulouse sera une cible prioritaire et exposera la France à une possible catastrophe si l’OTAN entre officiellement en guerre contre Poutine.
La ministre des Armées à Toulouse : « Les Russes ont espionné notre satellite »
Pour la ministre des Armées « la guerre des étoiles n’est pas de la science-fiction ». En visite hier au Centre national d’études spatiales (Cnes) de Toulouse, Florence Parly a révélé qu’un de nos satellites militaires avait été espionné par un satellite russe ! Un véritable pavé dans la mare qu’a jeté la ministre devant un parterre d’officiers généraux et de scientifiques de haut niveau du monde spatial. Jamais un responsable de ce niveau n’avait révélé autant de détails sur une opération d’espionnage.
La scène se passe il y a tout juste un an à 36 000 kilomètres de nos têtes. Le satellite franco-italien « Athena Fidus » qui permet d’acheminer les télécommunications militaires de façon sécurisée et cryptée tourne tranquillement autour de la Terre sur son orbite.
Un plan remis à Emmanuel Macron d’ici la fin de l’année
La suite, c’est la ministre qui la raconte devant une audience médusée : « Un satellite s’est approché de lui. De près. D’un peu trop près. De tellement près qu’on aurait pu croire qu’il tentait de capter nos communications. Tenter d’écouter ses voisins, ce n’est pas seulement inamical, cela s’appelle un acte d’espionnage ».
Puis, faisant fi de toute langue de bois, Florence Parly pointe un doigt accusateur vers… Moscou. « Ce satellite aux grandes oreilles s’appelle Louch Olympe. C’est un satellite russe, bien connu mais un peu indiscret » ajoute-t-elle. D’ordinaire ce genre d’informations n’a pas vocation à être révélé sur la place publique mais la ministre a voulu créer comme un électrochoc dans les consciences.
En clair : fini la naïveté avec laquelle pendant longtemps a été abordée la question spatiale. Alors que les États-Unis ont annoncé la création d’une sixième force armée dédiée à l’espace, la France veut aussi s’armer pour rester dans la course.
La ministre a été tranchante : « Depuis quelques temps, alors que nos voisins changeaient en partie la nature de l’espace, qu’avons-nous fait ? Pas grand-chose ». Le message est clair : plus question que les satellites tricolores qui sont les yeux et les oreilles de nos forces armées fassent l’objet d’actes offensifs, de manœuvres hostiles voire d’espionnage.
Trois satellites d’écoute électromagnétiques lancés en 2020
Pour se préparer à cette guerre des étoiles, la nouvelle loi de programmation militaire (2019-2025) va flécher la bagatelle de 3,6 milliards d’euros pour renouveler la totalité de la capacité satellitaire militaire française. Il s’agit notamment d’assurer la relève des satellites Helios 2A et 2B (en service depuis 2004 et 2009). Ils seront remplacés par une nouvelle génération de satellites dans le cadre du programme CSO dont un exemplaire sera tiré depuis Kourou en décembre prochain.
Par ailleurs, en 2020, une mini constellation de trois satellites d’écoute électromagnétique sera lancée dans le cadre du programme CERES avec le soutien de deux grands industriels : Airbus Defense & Space et Thales. Ils permettront de détecter les centres de commandement et les flottes ennemies. D’ici 2022, les deux premiers satellites de télécommunication Syracuse 4 seront également opérationnels permettant à l’État-major de communiquer avec ses troupes sur les théâtres d’opérations.
Un troisième exemplaire sera commandé en 2023. Mais ce déploiement de forces spatiales ne suffit visiblement pas à la ministre. Elle a confié à un groupe de travail du ministère des Armées une mission pour lui faire des propositions sur les forces militaires spatiales. Florence Parly s’en inspirera pour formuler ses propres recommandations au président de la République d’ici la fin de l’année. « Je n’ai pas hésité à armer les drones. Je n’hésiterai pas à proposer des décisions fortes » a-t-elle prévenu.
Des lasers qui aveuglent nos satellites
Parmi les craintes des militaires : les armes à effet dirigé contre nos satellites. Les États-Unis, la Chine ou la Russie utilisent déjà des lasers à haute énergie capables d’atteindre directement le miroir d’un satellite à des centaines de kilomètres. Ces ennemis cherchent à aveugler nos capacités spatiales, les dégrader voire les détruire.
L’idée est donc de connaître avec précision les satellites espions des autres pays. L’armée s’appuie jusqu’à présent sur le système radar GRAVES développé par l’Onera. Depuis le plateau d’Albion, il surveille l’espace. Mais la ministre veut désormais que l’on observe l’espace depuis l’espace ! L’idée est d’équiper d’une charge utile secondaire certains de nos satellites. Des caméras de surveillance pourraient ainsi être rajoutées sur les satellites de télécommunications Syracuse pour observer au plus près les manœuvres des satellites hostiles.
Une autre piste pour s’offrir une bonne vision de l’espace serait de contractualiser avec des « partenaires de confiance ». En clair : utiliser une partie des 7 000 nouveaux satellites qui seront lancés par des opérateurs privés d’ici 2028 pour embarquer des dispositifs militaires sur ces satellites civils. La ministre n’écarte, par exemple, pas d’utiliser la future constellation de nano satellites OneWeb lancé par Airbus Space à Toulouse.
« C’est tout l’objet de nos réflexions d’ici la fin de l’année » a confié Florence Parly en marge de son discours au Cnes de Toulouse. Il faudra bien sûr que le partenaire offre toutes les garanties. La guerre des étoiles est bel et bien lancée.
Un satellite espion toulousain lancé en décembre
En décembre prochain sera lancé un nouveau satellite espion depuis le centre spatial guyanais de Kourou. Il s’agit du programme CSO de reconnaissance optique à très haute résolution par satellite. Le programme a été engagé en 2010 par le Cnes par délégation de la Délégation générale à l’armement (DGA). Le but est d’assurer à partir de cette année, la relève des satellites Helios 2A et 2B en service depuis 2004 et 2009.
La construction de deux exemplaires a été confiée à Airbus Defense and Space (795 M€ de contrats) avec une option pour un troisième exemplaire. Les satellites sont intégrés sur le site de Toulouse. L’autre grand industriel du spatial, Thales Alenia Space fournit l’instrument optique, le cœur du système. La charge utile de ces satellites permet l’acquisition d’images à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge (de jour et de nuit) et dans une variété de modes de prise de vue. Lors de sa visite jeudi, la ministre a confirmé que Toulouse resterait le cœur de la politique spatiale française.